Le sujet est délicat. Mais il semble que les sanctions prononcées pour des faits de dopage en Algérie font l’objet de fréquentes « magouilles », avec des sanctions raccourcies, à l’insu de l’IAAF, ou des suspensions non transmises à l’IAAF. Les cas de Samira Messad, Ali Messaoudi, Abdelaziz Guerziz laissent apparaître des anomalies troublantes.
Par Odile Baudrier
L’anti-dopage en Algérie connaît quelques cahots, et en particulier en athlétisme. Trois cas font apparaître des « magouilles » visant à avantager les athlètes par des sanctions raccourcies, en bafouant les règles IAAF, et en donnant l’impression d’un secteur anti-dopage peu rigoureux.
La situation est à ce point dégradée que Samira Messad, spécialiste de haies, a pu disputer l’été dernier une compétition à Bordj El Kiffen, ville côtière, alors même qu’elle était l’objet d’une sanction de quatre années validée par l’IAAF, suite à son contrôle positif aux stéroïdes anabolisants le 1er août 2015, et s’achevant en juillet 2019.
Mais Samira Messad n’a jamais accepté cette suspension, clamant à tout va son innocence. Elle m’avait ainsi contacté à l’été 2017, en m’avançant plusieurs justifications à son contrôle positif, que ses bouteilles d’eau avaient été souillées, qu’elle avait en réalité mangé de la viande de cheval. Dans la presse locale, elle avait prétexté avoir voulu soigner son anémie, pour justifier la découverte de trois produits (norandrosterone, stanozolol, metandienone) dans son échantillon prélevé le jour du championnat national qu’elle avait remporté.
Autant de récriminations qui ont finalement abouti à l’examen de son dossier par le TAS, comprenez le Tribunal Arbitral du Sport, Algérien, qui a conclu en novembre 2017, à une peine raccourcie, 2 ans seulement au lieu de 4. Par ricochet, Samira Messad s’est sentie autorisée à revenir sur un stade, c’était l’été dernier, à l’occasion du Championnat National Open, où elle a évolué avec son équipe de MAC.
Pourtant si l’on s’en réfère au site de l’Athletics Integrity unit, Samira Messad apparaît toujours suspendue jusqu’à l’été 2019, et elle a donc enfreint sa suspension par cette compétition. Avec le risque d’une nouvelle sanction pour infraction à sa suspension ? Ce sera à voir, l’athlète pouvant toujours arguer qu’en Algérie, elle avait été informée que sa sanction était réduite à deux ans. Visiblement sans que l’IAAF ait eu connaissance de cette mansuétude…
Ali Messaoudi, suspendu 2 ans au lieu de 4 ans
Un bel imbroglio en vue, et ce ne sera peut-être par le seul. Car un autre athlète se retrouve dans un contexte douteux. Ali Messaoudi, bien connu en France, pour avoir été licencié à Lyon, a reçu une suspension de 2 ans. Pourtant la notification qui lui avait été transmise par l’Agence Anti-Dopage d’Algérie à la suite de son contrôle positif l’avertissait d’une suspension de 4 ans, en accord avec l’utilisation de stanozolol, anabolisant détecté lors des Jeux de la solidarité islamique à Baku en mai 2017. Les premières informations dévoilées dans la presse algérienne, en novembre 2017, mentionnaient bien une sanction de 4 ans.
Alors, pourquoi ces 4 ans ont-ils été divisés par deux ??? La rumeur parle de pressions qui seraient montées au plus haut niveau du Ministère des Sports pour obtenir une sanction réduite.
A l’Athletics Integrity Unit, cette situation n’est pas connue. Le dossier Messaoudi n’est toujours pas parvenu à l’instance mondiale et l’athlète ne figure pas sur les listes de dopés. Mais il est acquis pour un expert de l’AIU que ce raccourcissement apparaît comme un avantage indu pour le jeune spécialiste de steeple, qui a d’ailleurs disparu des stades depuis l’été 2017. Là encore, le futur confirmera peut-être que l’Algérie se voit désavouée par l’AIU, pour ces méthodes fallacieuses.
Avec, dernier exemple en date, le cas d’Abdelaziz (Anouar) Guerziz, semi-marathonien suspendu quatre ans en Algérie en octobre 2018 après un contrôle positif en février 2018, et qui n’a toujours pas vu son dossier arriver jusqu’à l’IAAF.
Autant de dérives qui interpellent en témoignant d’une vraie dégradation de l’anti-dopage en Algérie, visiblement très susceptible de subir des pressions pour avantager l’un ou l’autre, et capable aussi de bloquer les dossiers pour qu’ils n’acceptent pas à l’instance mondiale de l’AIU.
- Texte : Odile Baudrier
- Photos : D.R.
La Commission Anti Dopage d’Algérie n’a pas répondu à mes messages.
L’Algérien Ali Messadoui, licencié à Lyon, suspendu deux ans pour dopage