Une étude danoise révèle qu’une très petite transfusion sanguine s’avère efficace pour booster les performances. Une demi-poche de sang, soit seulement 135 ml, augmenterait les performances de près de 5%. Tout en demeurant indétectable aux contrôles anti-dopage. Michael Rasmussen, ancien cycliste dopé et rôdé à ces méthodes, s’est esclaffé : « Je vous l’avais bien dit ! »
Une demi-poche de sang, soit seulement 135 ml. Ce serait suffisant pour voir les performances augmenter de près de 5%. Les chercheurs danois de l’Université de Copenhague livrent une étude effrayante pour la lutte anti-dopage. Et les dopés s’amusent certainement beaucoup à la lire…
Car pour eux, rien de nouveau. Le Danois Michael Rasmussen, qui fait partie des rares cyclistes à avoir admis s’être dopé, et qui commente au quotidien l’actualité du dopage sur son compte twitter, a immédiatement souligné : « Je vous l’avais bien dit ! ». Le chercheur à l’origine de cette étude, Baastrup Nordsborg, a d’ailleurs souligné au journaliste de « CyclingNews » qu’il avait décidé d’entreprendre ce travail à la suite des rumeurs qui circulaient dans le milieu de l’anti-dopage depuis environ cinq ans : à savoir que les médecins conseillaient aux sportifs de ne pas utiliser des dosages trop élevés de sang, qui augmentaient le risque d’être attrapés.
Car comme le chercheur le rappelle, les études antérieures portaient sur des injections d’une, deux, ou même trois poches de sang, et la méthode de la transfusion sanguine avait même débuté dans les années 80 avec 4, 5 ou 6 poches.
Cette fois, son équipe a travaillé sur une demi-poche, soit 135 ml, et les conclusions sont plus qu’inquiétantes, avec une augmentation des performances de 4.7% ! Les analyses ont été effectuées sur neuf cyclistes, sur une période de trois mois, avec deux tests en double aveugle.
Ce chiffre de près de 5% donne le tournis, à considérer, comme le rappelle Baastrup Nordsborg, que les résultats du très haut niveau se jouent à moins de 1% de différence. Et parfois tellement moins, comme sur marathon par exemple, où les arrivées au sprint se multiplient avec souvent 5 à 10 secondes entre le premier et le second…
Le passeport biologique ne peut détecter une telle micro-dose
Comment détecter une si petite transfusion, ou plutôt auto-transfusion ? Par le passeport biologique du sportif, créé justement pour déceler les manipulations sanguines ? Rien n’est moins sûr, les spécialistes de l’anti-dopage l’avouent à demi-mots. Comme le souligne par tweet le Sud Africain Ross Tucker : « Lors du récent colloque sur le passeport biologique organisé à Rome par l’Agence Mondiale Anti-Dopage, une crainte très répandue était qu’il existait de nouvelles méthodes dopantes sophistiquées, basées sur de plus petites doses, pour éviter la détection. Beaucoup de spécialistes trouvaient un réconfort dans l’idée que de plus petites doses n’améliorent pas de manière significative la performance. Cette étude balaie cette théorie… »
Le chercheur danois admet, lui aussi, très probable que le passeport biologique soit beaucoup moins sensible avec des transfusions de petit volume, et qu’il convient maintenant que les spécialistes s’attaquent à de nouvelles méthodes pour détecter aussi ces micro-doses de sang auto-transfusé.
Ce n’est pas Michael Rasmussen qui va rassurer tout ce petit monde. L’ancien dopé de rappeler qu’il avait expliqué à la chaîne TV2 durant le Tour de France, qu’il était facilement possible de faire dans le peloton actuel ce qu’il avait réalisé à son époque : se doper avec son propre sang sans être détecté…
Et de conclure : « Jusqu’à ce qu’il existe un test anti-dopage sanguin fiable à 100%, il n’y a pas besoin de maintenir l’illusion d’un sport propre »….
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.