Le dopage serait très répandu en Algérie, affirme le patron du Comité Olympique Algérien, qui pointe du doigt les athlètes prêts à se doper pour obtenir leur qualification pour des championnats internationaux. Et ce point de vue offensif est repris par Sid Ali Sakhri, entraîneur national, qui confirme les ravages du dopage dans l’athlétisme. Tout récemment, les contrôles positifs de deux athlètes ont été annoncés, en particulier celui du jeune steepler, Ali Messaoudi , qui était licencié à Lyon Métropole.
« Les athlètes algériens ne travaillent pas, mais ils se dopent pour réaliser des résultats au niveau national pour se qualifier et participer aux compétitions internationales ». La déclaration est pour le moins tapageuse. Elle émane pourtant d’une personne plus qu’avisée, le président du Comité Olympique Algérien…
Mais Mustapha Berraf a rompu avec la langue de bois et a saisi l’occasion d’une interview auprès de la chaîne algérienne Ennahar-TV, pour livrer son sentiment sur l’absence de résultats des sportifs algériens lors des grands rendez-vous internationaux. Les qualifications seraient obtenues grâce à des méthodes douteuses, et les athlètes se révèleraient par la suite incapables de répéter ces performances dans les championnats. Avec en ligne de mire, comme l’expliquent de nombreux observateurs algériens, les entraîneurs, très intéressés de pouvoir voyager à l’étranger et profiter ainsi de quelques avantages….
Un autre observateur avisé a accepté, lui aussi, de lever le voile sur les dérives dopantes dans l’athlétisme en Algérie. Et Sid Ali Sakhri sait de quoi il parle. Cet ancien marathonien devenu entraîneur national des longues distances évoque le sujet dans le journal « El Watan » de ce jeudi 22 novembre, avec des propos très forts : « Depuis plus de dix ans, le dopage dans l’athlétisme algérien ne cesse de croître». Et selon lui, le fléau ne touche pas que les seniors, mais concerne aussi les cadets et juniors…
Ali Messaoudi, 3ème espoir au France de cross 2017 et positif en mai 2017
Des déclarations qui tranchent avec le culte du secret qui entoure le problème du dopage en Algérie, où les informations ont beaucoup de mal à émerger. Exemple très récent avec le contrôle positif d’Ali Messaoudi. C’est en mai 2017 que le jeune steepler est contrôlé positif, lors des Jeux Islamiques de Baku. Mais l’information ne va apparaître que début juin 2018, lorsque le journal « El Watan » révèle qu’un spécialiste de steeple a été contrôlé positif, sans toutefois dévoiler son nom dans son article. Et c’est seulement en octobre 2018 que tombe dans « El Watan » la confirmation de la sanction infligée à Ali Messaoudi, soit deux années de suspension, ainsi que celle donnée à Abdelaziz Guerziz, qui reçoit quatre ans, pour un contrôle positif subi durant le stage national effectué en préparation du Championnat du Monde de semi-marathon 2018.
Le cas d’Ali Messaoudi n’est pas anodin. Le jeune athlète s’était singularisé en claquant un chrono de 8’27’’99 à Alger fin juin 2016, soit un record amélioré de 9 secondes ( !) pour obtenir sa qualification pour les JO de Rio (il sera disqualifié dans les séries). Il avait alors été murmuré que cette course d’Alger n’était peut-être pas tout à fait régulière. En 2017, il obtiendra sa seule référence internationale, une 3ème place aux Championnats du Monde universitaire, à Taïpei, qui va finalement être balayée par sa sanction.
Ali Messaoudi n’est nullement un inconnu en France, il a évolué deux années durant sous les couleurs de Lyon Athlétisme. En 2016, il représente le club lyonnais aux interclubs, mais c’est surtout au Championnat de France de cross de St Galmier 2017, qu’il brille, avec la 3ème place en espoir du cross court.
Les produits dopants arrivent de France et de Russie
Ali Massaoudi devient ainsi l’un des nouveaux leaders de l’athlétisme algérien à être sanctionné pour dopage. Comme l’ont été dans le passé quelques athlètes de renom, le spécialiste du 5000 mètres, Ali Saïdi Sief, (positif le jour de son titre de vice-champion du monde 2001), le décathlonien Larbi Bouraada, (7ème aux JO 2016 après sa suspension), la coureuse de 800 mètres, Zehra Bouras (licenciée à l’époque au SCO Ste Marguerite), ou encore le sauteur en longueur, Rehda Megdoud.
D’autres cas seraient encore dans les « tuyaux », et la Commission Nationale Anti-Dopage Algérienne est pointée du doigt par de nombreuses personnes averties. Sid Ali Sakhri souligne que le black out est de circonstance avec des affaires enregistrées mais non dévoilées. Avant de livrer le fond de sa pensée : les produits dopants proviennent de France ou de Russie, et ce serait d’anciens athlètes algériens qui effectueraient ce business très douteux….
- Texte : Odile Baudrier
- Photos : D.R.