L’Américaine Emma Coburn s’oppose publiquement à l’Agence Mondiale Anti-Dopage qu’elle met en cause pour son inertie à protéger les athlètes propres, suite à sa décision de lever les sanctions contre la Russie. La championne du monde du steeple en 2017 est la première athlète de niveau mondial à s’impliquer aux côtés d’autres sportifs, ulcérés du manque de considération à leur égard de la structure anti-dopage.
Emma Coburn est en colère, et n’y va pas par quatre chemins pour expliquer son indignation sur l’attitude de l’Agence Mondiale Anti-Dopage. A l’origine de son exaspération, le quitus donné par l’agence à la Russie pour que les sanctions prise à l’encontre du pays soient levées sans plus attendre.
Pourquoi un tel laxisme ? Pour l’argent. C’est ce que clame la championne du monde en titre du steeple, qui n’hésite pas à écrire noir sur blanc dans une lettre ouverte à l’AMA : « Les leaders du sport voulaient que la Russie soit réintroduite à cause de l’argent. Le pays est connu pour payer d’énormes sommes pour accueillir des évènements sportifs majeurs. »
Et Emma Coburn de vitupérer contre les choix faits par l’instance internationale qui place l’intérêt de quelques acteurs du sport au-dessus de l’intérêt des millions de sportifs et des milliards de spectateurs. Sans oublier de pointer du doigt les confusions dans les fonctions, avec des leaders de l’agence mondiale également membres du comité olympique, et en particulier Sir Craig Reedie lui-même, le président de l’AMA, et aussi membre du CIO.
Une réunion à la Maison Blanche qui fâche Craig Reedie
Cette lettre ouverte très étayée d’Emma Coburn fait suite à sa présence à la réunion organisée à la Maison Blanche début novembre, qui a rassemblé des athlètes, des experts, des représentants de divers gouvernements, avec l’ambition de discuter d’une réforme de l’Agence Mondiale Anti-Dopage.
A l’origine de cette réunion, Travis Tygart, le patron de l’anti-dopage américain, qui avait convié quelques figures phares, comme Yuliya Stepanova, lanceuse d’alerte sur le dopage en Russie, qui a témoigné avoir dû se battre contre le système du dopage étatique dans son pays, mais également contre le CIO et l’Agence Mondiale Anti-Dopage.
L’initiative américaine n’a pas fait l’unanimité, en particulier pour son manque de contre-propositions face aux problèmes rencontrés par l’anti-dopage mondial. Surtout l’AMA s’est largement fait l’écho de son indignation d’une telle rencontre. Craig Reedie n’a pas hésité à vitupérer la vice-présidente Linda Helleland, pour y avoir assisté. En toute logique puisque Linda Helleland sera sa grand opposante pour l’élection à la présidence de l’agence…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand et D.R.