2h05’20’’. C’est le chrono réalisé au marathon de Buenos Aires par Emmanuel Saina, un Kenyan complètement inconnu, qui effectuait ses débuts sur la distance, avec une seule référence sur semi-marathon, de 1h02’03. Une performance étonnante pour un néophyte, sur un parcours difficile.
50ème marathonien de tous les temps. Emmanuel Kipkemboi Saina fait une entrée tonitruante dans le bilan mondial du marathon. Son chrono de 2h05’20 le propulse au pinacle, 10ème rang de l’année 2018, et 89ème chrono tous temps.
Et pourtant, son passé ne laissait en rien augurer d’une telle performance. Sa biographie IAAF, comme celle du site spécialisé «Tilastopaja » sont pour le moins sibyllines, avec seulement 4 performances recensées, deux chronos sur 5000 m, 14’11’’8 en 2015 et 14’37’’4 en 2016 (à chaque fois en altitude), un chrono de 3’49’’8 sur 1500 m en 2016 (également en altitude), et une marque de 1h02’03’’ au semi-marathon de Berkane au Maroc en ce mois d’avril 2018.
Pas vraiment de quoi expliquer cette énorme performance de 2h05’20’’, d’autant que les conditions de course à Buenos Aires s’avéraient très peu favorables, avec une température de 21 degrés, un gros pourcentage d’humidité, un fort vent et un parcours rendu difficile par ses bosses.
A peine Emmanuel Saina avait-il franchi la ligne d’arrivée que les interrogations commençaient, avec cette question simple posée sur tweeter par Jonathan Gault, journaliste pour le site américain « Let’s Run » : « Mais qui est ce mec ? »
Quelques recherches plus tard, Emmanuel Saina se voyait pointé du doigt, avec son back ground très pauvre, ne justifiant pas les temps réalisés durant ce marathon. Avec le premier semi-marathon atteint en 1h02’52’’, le second couru en negative split, en 1h02’29’’, et surtout un chrono de 28’21’’ entre le 25ème et le 35ème kilomètres…
Puis tombait aussi l’information le Docteur Federico Rosa était le manager d’Emmanuel Saina, comme le dévoilait la presse argentine, affirmant que le jeune coureur avait été engagé en tant que lièvre par l’Italien, qui l’avait aussi autorisé à terminer la course s’il le souhaitait une fois le 30ème kilomètre atteint.
Un élément immédiatement interprété à charge contre le Kenyan, compte tenu de la réputation de Federico Rosa, avec plusieurs athlètes de son groupe épinglés comme dopage. Avec dernier avatar, une énorme figure de l’athlétisme, en la personne d’Asbel Kiprop, positif à l’EPO en février 2018, et encore dans l’attente de sa sanction définitive.
Malgré tout, Asbel Kiprop demeure bien mis en évidence sur la home page du site « Rosa Associati », qui recense les athlètes du groupe, fort d’environ 70 noms, parmi lesquels on retrouve d’ailleurs ceux de Samir Dahmani et Clémence Calvin.
Texte : Odile Baudrier
Photo : D.R.