La sélection sur marathon pour le Championnat d’Europe de Berlin comporte une grande surprise, avec l’intégration de Clémence Calvin, qui n’a jamais couru sur cette distance. Une situation très inédite rendue possible par une évolution des règles européennes de sélection.
La nouvelle circulait déjà depuis le début juin, et c’est ce jeudi 15 juin que la FFA a officialisé la sélection sur marathon pour le Championnat d’Europe de Berlin, avec l’intégration surprise de Clémence Calvin, qui n’a jamais couru sur cette distance, où elle programmait ses débuts pour l’automne.
Une situation très inédite, qui avait créé une surprise certaine lorsque Clémence Calvin l’avait dévoilée en avant-première dans la presse locale, il y a deux semaines. Jean François Pontier, le référent marathon pour la FFA, n’avait pas alors souhaité confirmer cette information, en soulignant que la décision officielle revenait au comité de sélection.
Tout au plus, avait-il estimé que le choix de Clémence Calvin respectait les règles fixées par la FFA, en prenant en compte le principe de son « potentiel marathon ». Et il expliquait également que la vice-championne d’Europe du 10.000 m en 2014 ne serait pas la seule pour laquelle cet aspect « potentiel marathon » serait pris en compte.
Pas de minima fixé
Deux semaines plus tard, les appels téléphoniques demeurent sans suite pour expliciter cette sélection, et pourtant, quelques questions apparaissent sur ce choix inédit d‘intégrer une néophyte d’une discipline dans un grand championnat. Car la FFA avait fixé un cadre très précis pour ses sélections 2018, avec pour le marathon féminin, l’obligation de réaliser un chrono inférieur à 2h32’ entre le 1er janvier 2017 et le 30 avril 2018, la contrainte d’informer le référent marathon 20 jours avant le marathon de sélection, et en corollaire la réalisation d’un suivi biologique spécifique.
La sélection à titre individuel de Clémence Calvin bafoue sans conteste tous ces critères… Certes son potentiel marathon est indéniable au vu de ses performances sur semi-marathon, avec un record à 1h11’17’’, et un chrono 2018 de 1h11’51’’, très costaud après un long arrêt pour sa maternité. Mais selon les règles de sélection rédigées par la FFA, ce concept de « potentiel marathon » visait à former une équipe en vue de la Coupe d’Europe qui se dispute sur trois personnes. Dans ce cas précis, cette idée dérive vers une sélection individuelle.
Autre point d’achoppement par rapport aux didactiques fédéraux, les aspects liés au suivi biologique spécifique. Pour Jean-François Pontier, les règles sont parfaitement respectées, Clémence Calvin ayant effectué ce suivi dans l’optique du Championnat du Monde de semi-marathon qu’elle a disputé le 24 mars, 15 jours après sa 7ème place au France de cross. Avec toutefois, un petit point plus délicat, le fait que la jeune femme ne fasse plus partie du groupe cible de l’AFLD, qui réunit les meilleurs athlètes français soumis à une localisation quotidienne pour d’éventuels contrôles anti-dopage. Elle en avait été officiellement sortie en novembre 2016 en raison de sa grossesse, et n’y a pas été réintégrée depuis sa reprise du haut niveau.
Clémence Calvin connaîtra ainsi une expérience inédite, d’effectuer son premier marathon dans un grand championnat. Une nouveauté rendue possible par la décision de l’Association Européenne d’athlétisme de ne pas imposer de minima de sélection pour le marathon du Championnat d’Europe de Berlin. Cette discipline sera la seule des 44 épreuves inscrites au programme de Berlin 2018 a être dispensée de cette formalité.
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand