Aller au contenu

Corruption à l’IAAF : Sebastien Coe sera confronté à Lamine Diack

Sebastien Coe a accepté la demande de confrontation faite par Lamine Diack, placé en examen pour corruption par la justice française. L’ancien président de l’IAAF veut-il ainsi mettre en cause son successeur à la tête de l’IAAF ???

Lamine Diack, et Sebastien Coe, lors de son élection à la présidence de l'IAAF
Lamine Diack, et Sebastien Coe, lors de son élection à la présidence de l’IAAF

Que savait Sebastien Coe de la corruption régnant au sein de l’IAAF à l’époque où il en était le vice-président ? Rien, a toujours soutenu le président actuel de l’IAAF, niant constamment toute connaissance, en argumentant sur le rôle uniquement protocolaire qu’il jouait en tant que vice-président.

Lamine Diack veut-il l’inciter à reconnaître une autre version des faits, voire à l’impliquer dans cette sale affaire de corruption qu’il a reconnue devant les juges français ?

L’ancien président a marqué un premier point, celui d’obtenir une confrontation face à son successeur. L’IAAF a confirmé ce jeudi 15 février à l’AFP que Sebastien Coe avait accepté cette demande formulée par la justice française.

Les échanges pourraient être explosifs entre un Lamine Diack, qui a admis son rôle dans les dérives de corruption, et un Sebastien Coe, qui a toujours conservé la ligne de conduite de l’ignorance totale de tels faits, avant qu’ils n’explosent au grand jour à la fin 2015.

Le Britannique vient alors d’être élu en août 2015 à la présidence de l’IAAF, succédant à Lamine Diack, qu’il a toujours présenté comme son mentor. Les rumeurs de corruption qui ont commencé à circuler durant l’été 2015, lancées par un premier documentaire de l’ARD, la télévision allemande, explosent au grand jour en novembre 2015, et aboutissent à la mise en examen de Lamine Diack, qui reconnaît les faits, et admet le paiement de pots de vin par la Russie en vue de financements politiques dans son pays, le Sénégal.

Dans la foulée, sont mis en cause, son fils, Papa Massata Diack, son ancien conseiller, Habib Cissé, le docteur Dolle, patron de l’anti-dopage à l’IAAF, accusés d’avoir couvert des cas de dopage chez des athlètes russes et turcs, en échange d’argent.

Nick Davies et David Bedford, les maillons faibles

Sebastien Coe pouvait-il vraiment ignorer toutes ces dérives alors qu’il était vice-président de l’IAAF depuis 2011 ? Oui, affirme-t-il. Jusqu’ici, le Britannique a toujours maintenu cette version, et même lorsque son bras droit, Nick Davies, est, lui aussi, inquiété par la justice française.

Nick Davies, secrétaire général adjoint de l’IAAF à l’époque Diack, avait pris une part active à la campagne pour l’élection de Sebastien Coe, et était devenu son Directeur de Cabinet. Mais fin 2015, Nick Davies se voit, lui aussi, mis en cause par l’enquête, accusé d’avoir reçu de l’argent (30.000 dollars) de Papa Massata Diack. Il est alors contraint à la démission de son poste de bras droit de Coe. Il sera mis un temps sur la touche à l’IAAF, avant d’y revenir pour d’autres fonctions.

DAVIES R

Sebastien Coe s’était vu aussi mis en cause par David Bedford, l’ancien patron du marathon de Londres, qui soutient l’avoir averti dès août 2014, du problème des pots de vin versés par la marathonienne russe Lilya Shobukhova, en échange de la dissimulation de contrôle positif. Mais Sebastien Coe a toujours affirmé avoir transmis ce message directement à la commission d’éthique de l’IAAF, sans prendre la peine de lire ces infos sulfureuses. Un manque de curiosité très étonnant, mais une excellente méthode pour se protéger…

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : IAAF