Une vraie politique anti-dopage a enfin débuté au Kenya, et après une année d’action, environ 550 tests ont été effectués en athlétisme, la majorité hors compétition. Mais le premier rapport de l’Agence Anti Dopage du Kenya ne révèle aucun chiffre sur le nombre de contrôles positifs constatés ??
Enfin, l’anti-dopage a vraiment droit de cité au Kenya ! Certes, environ 80 athlètes du Kenya sont présents dans le groupe cible défini par l’IAAF, et donc soumis à des contrôles diligentés par l’IAAF, mais il n’y a guère que 18 mois que l’Agence anti-dopage du Kenya existe et travaille à bâtir des contrôles sur les sportifs de son pays. La pression avait été très forte, allant jusqu’à la menace d’une interdiction de participer aux JO de Rio, pour qu’une véritable politique anti-dopage soit bâtie.
Le premier rapport d’activité publié par l’ADAK (Agence Anti-Dopage du Kenya) lève le voile sur le nombre de contrôles mis en place entre juillet 2016 et juin 2017, avec l’annonce d’un total global de 857, tous sports confondus, avec 592 contrôles hors compétitions. Concernant l’athlétisme, ce sont environ 550 contrôles qu’on peut dénombrer dans la liste fournie, avec 146 en compétition et 406 hors compétition. Pour avoir un ordre de grandeur, rappelons qu’en France, l’AFLD a effectué au total 7445 contrôles, et 1554 en athlétisme, durant l’année 2016.
L’analyse des données fournies permet de constater l’engagement fort effectué dans l’optique du Championnat du Monde 2017, avec une action orchestrée autour des « probables », les athlètes susceptibles d’être sélectionnés pour Londres. Ce sont en effet 3 vagues d’environ 80 contrôles inopinés qui ont été diligentées, plus 30 contrôles durant les Trials, soit un total de 270 tests pour pouvoir distinguer une équipe « propre », forte de 50 athlètes, qui sont revenus par la suite avec 11 médailles, soit la 2ème nation derrière les Etats-Unis.
L’ensemble des compétitions nationales ont été soumises à des contrôles, comme le Championnat national de cross (15 tests), celui de la Police, corps où évolue la plupart des athlètes d’élite du pays (15 tests), mais aussi les marathons et semi-marathons les plus importants, comme celui de Mombasa (8 contrôles).
Le rapport révèle l’importance donné aux contrôles hors compétition, avec par exemple 31 tests effectués durant le camp d’entraînement précédant le Mondial de Cross. Mais peut-on parler d’un contrôle inopiné s’agissant d’athlètes sélectionnés en Equipe nationale et regroupés dans un même lieu ??? La presse kenyane s’était aussi faite l’écho de la « disparition » de certaines marathoniennes du stage précédant le Mondial…
4 contrôles pour passeport biologique, 1163 en France..
Ce premier rapport a le mérite de lever le voile sur les pratiques en cours au Kenya, mais un volet y manque cruellement : celui du nombre de contrôles positifs constatés à l’issue de tous ces prélèvements. Pourquoi un tel élément est-il omis ? Parce qu’aucun cas positif n’a été détecté ?? Ou parce que les cas positifs ont été trop nombreux, et que la réalité a été dissimulée ??? En France, ce sont environ 1% des contrôles effectués qui détectent des produits dopants.
En athlétisme, en tout cas, les listes des athlètes suspendus après un contrôle positif diffusées par l’IAAF ne font pas apparaître le nom de Kenyans sanctionnés après des contrôles effectués sur place au Kenya. Dans la dernière liste diffusée en décembre 2017, on retrouve 11 Kenyans actuellement suspendus, après des contrôles subis lors de compétitions à l’étranger. Et un seul cas de passeport biologique, celui de Rita Jeptoo, la championne olympique de marathon. C’est bien peu, à considérer que par exemple, le Maroc a enregistré 100 suspensions en 4 ans, et plus d’une dizaine de passeports biologiques…
Un chiffre fait d’ailleurs sursauter dans les données diffusées dans le rapport de l’ADAK : celui de 4 contrôles effectués tous sports confondus, en vue de la constitution d’un passeport biologique. En France, en 2016, l’AFLD avait collecté 1163 échantillons à des fins de passeport biologique…
Certes, l’anti-dopage est en marche au Kenya, mais à un rythme peu en relation avec le niveau de son élite athlétique…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand