A quelques heures du début du Championnat du Monde de Londres, Hajo Seppelt a diffusé sur la télévision allemande le sujet réalisé en Ethiopie, qui lève le voile sur les pratiques dopantes qui existeraient dans ce pays. Haïle Gebrselassie, président de la Fédération d’athlétisme, et le manager Jos Hermens se voient éclaboussés.
La Russie. Le Kenya. L’Ethiopie. Hajo Seppelt a déplacé sa caméra plus à l’est de l’Afrique pour lever le voile sur les pratiques douteuses existantes dans ce pays, autre leader mondial du demi-fond et du marathon.
Un sujet réalisé par le pugnace Allemand et son équipe, pour ARD, la chaîne de télévision allemande, en collaboration avec Martha Kelner, journaliste pour le britannique « The Guardian », et une autre équipe hollandaise.
Et quelques heures seulement avant le début du Championnat du Monde de Londres, ces acteurs majeurs de l’anti-dopage assènent une démonstration peu à l’avantage de l’Ethiopie, et du président de sa fédération, Haïle Gebrselassie.
Celui-ci a exigé en effet l’interdiction de l’interview qu’il avait accordée à Hajo Seppelt, et dans laquelle celui-ci avait, entre autres, évoqué ses liens supposés avec le Docteur Lothar Heinrich, un médecin allemand mis en cause dans l’affaire de l’équipe cycliste Telekomm, et pour des pratiques douteuses à la Clinique des Sports de Freiburg.
Hajo Seppelt relie également le Dr Lothar Heinirch à Jos Hermens, manager de longue date de Haïle Gebrselassie, et de la plupart des plus grandes stars de l’athlétisme éthiopien.
Ceci à partir des propos d’un témoin s’expliquant de manière anonyme, et qui révèle que durant sa carrière, dans les années 2005-2006, les athlètes d’Ethiopie étaient dirigés par Jos Hermens vers le Docteur Lothar Heinrich, pour des tests sur leur forme et fatigue, avec à la clef, la recommandation de recourir à de l’EPO.
Un programme dopant de 45 jours pour gagner Berlin
Il s’y ajoute aussi un autre témoignage très troublant, celui d’une athlète qui se livre en toute naïveté à un « ami » qui enregistre en réalité à son insu ses propos évoquant un programme de 45 jours de dopage à l’EPO et hormone de croissance pour sa préparation pour un marathon effectué en Europe. Son identité n’est pas dévoilée, mais est mentionnée sa victoire au marathon de Berlin, désignant ainsi soit Aberu Kebede, victorieuse en 2016 et 2012, Tirifi Tsegaye, en 2014, ou Atsede Habtamu, en 2009.
De plus le sujet télévisé, comme l’article rédigé pour « The Guardian », révèle également une grande facilité à acquérir de l’EPO dans les pharmacies d’Addis Abeba, comme vont réussir à le faire les journalistes de l’équipe, ainsi que de vraies carences dans l’organisation des contrôles anti-dopage en compétition, démontrant que les règles exigées au plan international ne sont pas respectées.
Des accusations graves qui ne manqueront pas de provoquer de forts remous à Londres et en Ethiopie.
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.