Le Mondial de cross sera organisé cette année à Kampala, la capitale de l’Ouganda. Pour la cinquième fois, un championnat du monde de cross sera ainsi organisé en terre africaine, ce continent archi dominateur en cross. Flash Back sur l’édition 1996 disputée cette année là à Stellenbosch en Afrique du Sud sous le regard de Nelson Mandela. Tout un symbole !
Archives photos Gilles Bertrand
1996, l’époque bénie du cross ? Allez savoir ? L’époque où la FFA ne se souciait guère de savoir si oui ou non, il était opportun d’envoyer une équipe de France pour disputer le Mondial. On se moquait bien de savoir si oui ou non un crossman français était capable de rentrer dans le top 30. C’était acquis, presque immuable, le couronnement ultime d’une saison de cross. Un rendez-vous planétaire qui donnait du sens à la discipline sur le plan mondial mais aussi sur le plan national. L’élite française se battait pour conquérir une place en équipe de France dans des championnats nationaux épiques. Et pourtant, les Africains étaient là, bien là, à dominer la discipline comme en cette année 1996 où le Mondial, pour la seconde fois de son histoire, migre en terre africaine après Rabat en 1975.
En cette année olympique, côté français, la sélection se déroule à Carhaix sur l’emblématique champ de cross breton. Après Castres et ce National d’anthologie, un an plus tard, les favoris se cherchent. La porte est ainsi ouverte pour que Mustapha Essaid côte à côte avec Smaïl Sghyr (pas encore naturalisé français), s’impose pour le titre et que Farida Fates, six ans après Aix les Bains, l’emporte devant Odile Ohier et Annette Sergent toujours sur le front pour un 10ème podium. 25 000 spectateurs sont présents pour s’enrichir d’un tel spectacle vivant où l’on découvre Charlotte Audier et Sandra Levenez chez les cadettes, les frères Burrier chez les cadets (la course est remportée par S. Gambier), alors que chez les juniors, Vincent Rollier s’extrait du peloton devant Gael Pencréach et Fouad Chouki. Chez les juniors filles, Hanan Najih déjà titrée chez les cadettes en 1995, est imbattable face à Tifenne Lepage et Clotilde Gelin.
Une équipe de France est donc sélectionnée. Force est de reconnaître que chez les hommes, elle n’a pas les moyens de se battre. A Stellenbosch, la cité connue pour être la capitale des Boers, premiers colonisateurs en Afrique du Sud, sur un terrain de sport noyé d’un beau soleil austral, les tricolores sont à la peine, les juniors se font pas mieux que 13ème par équipe, Adil Rahibi est le meilleur mais seulement 66ème. Chez les seniors, le résultat est quasiment identique, 11ème sur les 29 nations présentes. Seul Mustapha Essaid sauve ses pointes, 20ème et 3ème européen.
Ce sont finalement les féminines de l’Equipe de France qui font bonne figure malgré une concurrence rude, les squads éthiopiennes et kenyanes aux avant postes avec Gete Wami médaillée d’or.
Le trio du France de cross très soudé sort le grand jeu avec Farida Fates 14ème, Odile Ohier 20ème et Annette Sergent 24ème, soit une belle 6ème place.
Chez les juniors, la France termine 8ème avec une Charlotte Audier étincelante, 19ème au cœur d’un combat homérique entre Kenyanes, Ethiopiennes et Japonaises, le tout arbitré par la jeune Finlandaise Annemari Sandell médaillée d’or l’année d’avant à Durham puis médaillée de bronze en 1999 sur le cross court à Belfast. Elle s’incruste à la seconde place entre Kutre Delucha et Jepkorir Aiyabei. .
Ce Mondial confirme une évidence, Kenya conduit par Paul Tergat le vainqueur et Ethiopie emmenée par Haile Gebrselassie (cinquième) sont désormais les deux nations pilotes de cette discipline qui est loin de penser que sa tête est déjà mise à prix. Sur le podium, au son des tambours, l’instant est historique lorsque Nelson Mandela élu président de la République en 1994 s’avance pour féliciter les vainqueurs et certaines délégations. Tout un symbole !
Texte et photos Gilles Bertrand