Pour la première fois, un athlète de Chine est sanctionné pour des anomalies sur son passeport biologique. Il s’agit de Ruihan Liu, une marathonienne de 24 ans, qui avait réalisé 2h26’ l’année dernière, dévoilant ainsi un progrès de 2 minutes en un an. Pour autant, elle n’avait pas disputé les JO de Rio, marqués par de piètres performances des marathoniennes chinoises, en dépit du recrutement de l’Italien Renato Canova comme entraîneur national.
La Chine connaît son premier cas de passeport biologique anormal, et c’est une marathonienne de 24 ans qui ouvre le bal d’une telle sanction, comme le révèle la nouvelle liste publiée par l’IAAF en date du 28 février 2017.
Riuhan Liu n’a que 24 ans, elle reçoit une suspension de 4 ans, qui s’achèvera le 24 juin 2019. Cela indique un début d’anomalie sur les mesures de son passeport biologique, qui remonterait à 2015 (mais la date précise ne figure pas sur la liste de l’IAAF, ce qui est très rare).
Ruihan Liu avait connu ces deux dernières années de gros progrès sur marathon. Elle avait couru cette distance pour la 1ère fois en 2012, à 20 ans seulement, avec un chrono de 2h36’, en relation avec son chrono de 1h19’ sur semi réalisé à 18 ans. Durant l’année 2013, elle s’était limitée au semi, amenant son record à 1h12’, et en 2014, elle n’avait couru que des 5000 m et 10000 m.
Et elle réapparaissait sur le marathon en 2015, avec deux épreuves, en mars, qu’elle court en 2h29’ et en septembre, en 2h28. Puis dès le début 2016, elle dévoilait une forte progression pour descendre à 2h26’ en mars, au marathon de Chongquing, qu’elle remportait.
Pour autant, elle n’était pas retenue pour disputer les Jeux Olympiques, même si lors de ce marathon de Chongquing, elle avait supplanté les deux athlètes choisies pour représenter la Chine à Rio. Peut-être le signe que certains doutes étaient apparus, amenant à l’évincer d’une sélection officielle ?
Les Chinoises ne progressent pas malgré Renato Canova
L’équipe chinoise retenue pour ces JO dévoilait un niveau modeste, avec Chao Yue, et Shaoqing Hua, valant toutes les deux autour de 2h29’, et qui avaient terminé 59ème et 79ème.
Très loin des espoirs qu’avait fait naître l’arrivée de Renato Canova comme entraîneur national du marathon féminin chinois. L’Italien, qui a été l’entraîneur des meilleurs coureurs du Kenya, avait créé une belle surprise au début 2014 lorsqu’il annonçait qu’il s’était lancé dans le défi de conseiller les coureuses chinoises avec l’ambition d’atteindre de beaux résultats pour le Mondial de cross et de Marathon 2015, et surtout pour les JO de Rio 2016.
Renato Canova amenait ces coureuses sur son terrain de jeu de prédilection, celui d’Iten au Kenya, où on l’on y retrouve une groupe d’une quinzaine pour des stages longue durée. Et il clamait à tout va sa certitude que même si les conditions ne sont pas optimales, des talents existent en Chine sur le marathon, et en particulier chez les femmes.
D’une certaine façon, le passé l’avait démontré avec la victoire surprise de Xue BAI au Mondial de Berlin. Mais cette médaille d’or avait été accueillie avec scepticisme par la communauté du running, échaudée au début des années 90 par la domination des athlètes du fameux entraîneur Ma Junren, adepte en réalité des produits interdits pour amener ses protégées au plus haut niveau.
Mais sous ses nouvelles couleurs Renato Canova se faisait le chantre d’un athlétisme chinois propre, soulignant les efforts faits par la Chine pour la lutte anti-dopage. Même si en réalité, force est de constater que les cas de contrôles positifs d’athlètes chinois sont très peu nombreux au point que la liste actuelle de l’IAAF comporte un seul autre nom, celui de Jun Yin, spécialiste du 1500 m, sanctionné pour des stéroïdes anabolisants, alors qu’il n’était encore que junior. A titre de comparaison, ce sont environ 40 athlètes du Maroc et près d’une vingtaine d’Inde qu’on peut recenser sur la liste IAAF…
L’opération Canova n’aura finalement été qu’un feu de paille. Dès le Mondial 2015, le ton est donné, avec des performances moyennes, la meilleure, Changqin Ding, terminant 16ème, puis Xueqin Wang, 28ème, Yinli He 37ème,, devant leur propre public. Les JO de Rio vont parachever la démonstration de cet échec, confirmant que la compétence d’un coach ne peut modifier radicalement les aptitudes physiques. N’est-ce pas finalement rassurant ?
- Texte : Odile Baudrier
- Photos : D.R.