Les journées passent et l’annonce des forfaits se succèdent à quelques mois des Championnats du monde cadets programmés en juillet à Nairobi. Dernière équipe en date à s’annuler, celle des Etats-Unis, qui s’ajoute au Canada, Grande Bretagne, Australie…. Une très grosse désillusion pour le Kenya, premier pays africain à accueillir cet évènement.
L’ultime championnat du monde cadets programmé pour cet été à Nairobi au Kenya se déroulera certainement dans une ambiance très morose. Les pays les plus dominateurs de l’athlétisme en seront absents. Au point qu’Evelyne Watta, journaliste référente dans le sport au Kenya, s’est fendue d’un tweet légèrement désabusé : «Alors, nous allons conserver les équipes d’Asie et des Caraïbes ??? Pourquoi ne pas annuler l’évènement ??? »
La Russie est bien sûr out, avec ce boycott renouvelé par l’IAAF, probablement jusqu’en novembre 2017. Mais la surprise est plus grande du côté des autres pays qui ont annoncé que leurs équipes nationales ne feraient pas le voyage jusqu’à Nairobi.
La Grande Bretagne avait ouvert la marche dès le mois de décembre, suivie assez rapidement par le Canada, l’Australie, la Suisse, la Nouvelle Zélande. Mais l’ultime coup dur est venu des Etats-Unis, qui ont décidé en ce début février de suivre cette tendance.
Le championnat deux semaines avant les élections
Raison invoquée par les Américains : l’insécurité forte qui règne au Kenya, et en particulier à Nairobi. Surtout que le championnat se déroulera à peine deux semaines avant des élections nationales, qui sont toujours un moment de tension particulière pour le pays.
Alors, dans ces conditions, pas question de prendre le moindre risque avec les jeunes athlètes, surtout dans un contexte où les lois contre l’immigration prises par Donald Trump suscitent des hostilités fortes, avec des conséquences très difficiles à réellement appréhender tant sur le plan politique que sur celui de l’hostilité éventuelle de mouvements extrémistes musulmans.
Or justement le Kenya a été la cible répétée d’attentats menés par les membres de Al Quaida, avec l’attaque de l’Ambassade Américaine à Nairobi, qui remonte déjà à 1998, qui a été suivie plus récemment, en 2013, par une prise d’otages dramatique dans un centre commercial de la capitale, et en 2015, par des agressions meurtrières dans une université de Nairobi.
Le communiqué de la Fédération US ne laisse planer aucun doute, le département d’Etat américain estime maximal le risque d’insécurité du pays. D’autant que vols et agressions à main armée sont fréquents à Nairobi, où l’on vous conseille par exemple de ne jamais vous arrêter à un feu rouge le soir…
Les talents précoces, Bolt, Campbell Brown, Hill
La décision d’annuler le voyage de leurs cadets apparaît d’autant plus facile à prendre pour ces divers pays qu’il s’agira de la dernière édition de ce Mondial. A peine arrivé à la tête de l’IAAF, Sebastian Coe avait pris la décision d’annuler ce championnat organisé depuis 1999, et qui avait fait étape à Lille en 2011. Ceci en raison de critiques fortes sur le fait que la sélection d’athlètes aussi jeunes dans des équipes nationales faisait peser le risque d’une pression trop précoce sur leurs jeunes épaules.
Lors de l’édition 2015 du Mondial en Colombie, les Etats Unis avaient été les leaders, avec 19 médailles conquises, et l’émergence de nouveaux talents, comme Candace Hill, en or sur le 100 m et 200 m, et qui allait être sacrée Championne du Monde junior deux ans plus tard à Eugene. En neuf éditions, de grands athlètes s’étaient mis en évidence dans ce championnat, comme Usain Bolt, Veronica Campbell Brown, Kirani James…
Mais le coût de tels évènements devenait problématique pour trouver des villes d’accueil. Nairobi avait ainsi investi une jolie somme pour rénover les résidences étudiantes de l’Université Kenyatta en hôtels de luxe pour accueillir les 155 pays prévus. Et la désillusion face aux forfaits successifs ne peut que décevoir le Kenya, premier hôte en Afrique à avoir obtenu une telle organisation…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.