Les JO de Rio fourniront une belle occasion à l’Arabie Saoudite d’affirmer son prétendu souci de voir les femmes de son pays pratiquer le sport. Après Londres, où deux femmes saoudiennes étaient engagées, elles seront quatre à partir pour Rio, avec en particulier Sarah Attar sur le marathon. Mais tout ceci ressemble bien surtout à une vaste hypocrisie du royaume saoudien, orchestrant médiatiquement cette présence au féminin sur l’évènement le plus suivi de la planète.
Le destin de Sarah Attar est pour le moins peu banal. Il y a quatre ans, à Londres, la jeune femme, elle n’avait alors que 19 ans, s’était retrouvée à disputer le 800 mètres, sous le maillot de l’Arabie Saoudite, elle bénéficie de la double nationalité américaine et saoudienne. Et cette année, à Rio, Sarah Attar sera présente sur le marathon…
Elle avait été choisie spécialement par l’Arabie Saoudite, pays de son père, qui avait repérée cette jeune fille, étudiante alors à l’Université de Pepperdine après avoir établi une liste des jeunes filles susceptibles de porter les couleurs de l’Arabie Saoudite pour les JO … Elle s’était présentée aux JO sans référence chronométrique, pour terminer sa série de 800 mètres en 2’44’’, sous les applaudissements de tout le stade olympique.
A Rio, elle prétend à disputer le marathon, avec une seule référence à son actif, elle annonce tantôt un chrono de 3h11, tantôt de 3h30, mais les bases IAAF ne recensent pas cette performance. Mais Sarah Attar bénéficie d’une wild card, dans un but évidemment très politique. Celui de démontrer que le Royaume d’Arabie Saoudite se soucie de la pratique sportive des femmes.
Quatre athlètes au lieu de deux, est-ce vraiment une victoire ?
Et l’orchestration médiatique est une nouvelle fois rondement menée. A Londres, un enthousiasme général avait explosé à l’annonce de la sélection de deux femmes dans la délégation saoudienne. A Rio, les médias s’emballent à l’idée que ce nombre a été multiplié par deux. Ainsi Michelle Hamilton, journaliste de « RunnersWorld.com », y voit-elle le signe d’une « ouverture pour les sports féminins dans cette nation conservative islamique ». Et de servir une très belle romance autour de Sarah Attar, désignée comme une icône pour les femmes en Arabie Saoudite après sa participation aux JO de Londres.
Son pays n’a visiblement pas lésiné sur les moyens, elle affirme être maintenant athlète à temps plein, installée depuis 2015, à Mammoth Lake, dans le centre de haut niveau géré par Deena Kastor. En retour, l’Arabie Saoudite pourra compter sur elle pour aborder cette longue distance, couverte de la tête aux pieds, dans une « abaya » spécialement créée pour elle par la marque américaine Oiselle.
Pour une démonstration de force à la saoudienne…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand