La victoire de Dafne Schippers au Championnat d’Europe offre un goût particulier, la sprinteuse l’a conquise devant son public hollandais. Mais derrière cette nouvelle réussite, se dissimulent un coach américain, Rana Reider, et une machine suédoise, la « 1080 Sprint ».
1080 SPRINT. C’est le nom de l’engin qui se cache derrière le succès de Dafne Schippers. Une machine conçue en Suède et qu’elle utilise sous la houlette de Rana Reider, son entraîneur américain, qui collabore avec Bart Bennema, son coach hollandais.
Rana Reider fait partie de cette cohorte d’entraîneurs qui essaime à travers le monde, au gré des contrats obtenus. C’est d’abord au Royaume Uni qu’il s’est installé juste après les Jeux Olympiques de Londres, avec l’objectif de revivifier le sprint anglais. Pour de très beaux résultats, puisqu’il amène les relayeuses britanniques en or aux Europe de Zurich.
Fin 2014, Rana Reider choisit pourtant de quitter le navire anglais pour mettre le cap sur les Pays Bas. Il se justifie en invoquant le manque d’enthousiasme des athlètes anglais. Il arrive aux Pays Bas pour y rejoindre Charles Van Commenee, qui travaille pour le Comité Olympique Hollandais après avoir œuvré plusieurs années pour l’athlétisme britannique pour les JO.
Rana Reider, coach de l’année 2011 aux USA
Le back ground de Rana Reider attire les convoitises. Fin 2011, il se voit récompensé par la Fédération US par le titre de « Nike Coach de l’année ». Une distinction qui lui revient après que trois de ses athlètes aient brillé au Mondial 2011 de Daegu, avec l’or pour Dwight Phillips à la longueur et pour Christian Taylor au triple saut, l’argent pour Danielle Carruthers sur les haies. Il compte plus de 20 ans de coaching à son actif, il a brillé en Floride, dans le Kansas, en Californie, il a épaulé le décathlonien Bryan Clay, et déjà en 2000, il avait été nommé « NAIA Entraîneur National ».
Il débarque aux Pays Bas avec dans ses valises, Christian Taylor, qui n’hésite pas à suivre cet entraîneur qu’il vénère et qui l’a amené à l’or olympique et à trois titres mondiaux. Cette nouvelle destination le propulse aux côtés de Dafne Shippers, elle vient juste d’amorcer le virage vers le sprint en oubliant l’heptathlon, sa discipline d’origine.
L’été 2014 l’a révélée au grand jour, avec le doublé 100-200 au Championnat d’Europe de Zürich, et une performance tonitruante sur le 200 mètres en 22’’03. Avec Rana Reider, elle poursuit sur cette spirale, se propulsant à l’été 2015 en 21’’63, record d’Europe, gommant Irina Privilavova et Marie José Pérec.
La 1080 Sprint, un robot pour progresser
Avec Rana Reider, la jeune Hollandaise bénéficie d’un orfèvre, constamment à la recherche de nouvelles méthodes. La fameuse « 1080 Sprint » fait désormais partie intégrante de son entraînement dans les stages qu’elle effectue à l’IMG Academy en Floride ou au centre national d’entraînement de Papendal, situé à 1 heure d’Amsterdam.
L’engin est désormais un must dans nombre d’équipes sportives, qu’il s’agisse d’athlétisme, de natation, de tennis, ou de foot américain, avides de bénéficier de ses avantages. Comme l’explique Dafne Schippers : « Il peut être utilisé de deux manières. Il peut vous tirer pour vous amener à une vitesse plus élevées que celle que vous pouvez atteindre par vous-même. Ou bien il peut créer une résistance, et vous retenir quand vous voulez vous en éloigner. »
Rana Reider est devenu fan, et tous ses athlètes utilisent ce robot qui les propulse à grande vitesse sur la piste. Le tout sous les hurlements de joie de leur coach, qui dévoile un enthousiasme exubérant à chacune de leur performance….
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : IAAF