Hassan Chahdi et Laurane Picoche remportent la quatrième édition de la Course Eiffage du Viaduc de Millau. Disputée par vent violent, cette épreuve atypique, organisée seulement tous les deux ans, offre aux coureurs la magie de traverser par deux fois le plus haut viaduc du monde.
Menace de tempête, grand vent du sud, hurlant méchant, un ciel qui se remplit d’encre, les milliers de participants à cette quatrième édition pouvaient craindre le pire en ce petit matin grisonnant.
Mais sur la ligne de départ, l’ambiance était à son comble, danseurs, zumba, chorégraphes et DJ pour chauffer à blanc cet immense cordon humain massé Boulevard de l’Ayrolle pour partir à l’assaut du plus haut Viaduc du monde. Monsieur, Madame tout le monde aux côtés d’anciens champions telle Chantal Langlacé, d’acteurs, d’anciens sportifs eux aussi anonymes, jeunes bloggers barbus, élus en short, en communion, en fusion.
Un à un les 10 champions de France sous les acclamations du public se sont rangés épaule contre épaule sur le devant de la scène. Le Viaduc pouvait livrer sa magie, Muriel Hurtis la marraine de la course pouvait libérer l’énergie folle de cette Course Eiffage du Viaduc de Millau.
Très vite, les « élites » se portaient aux avant postes de la course le long de cette vallée du Tarn, verdoyante, enchanteresse avec en toile de fond le Viaduc laissant émerger ses flèches au-dessus des falaises. Au kilomètre 5, aux portes de la fameuse Piste Nord, un peloton compact abordait cette difficulté longue de 2,3 km permettant d’accéder à l’espace autoroutier. Déjà les équipes techniques étaient en place pour sécuriser le Viaduc et permettre ce double passage magique sur cet immense tablier tendu entre les deux causses. Au demi tour du Viaduc, les agents Eiffage avaient déjà démonté les glissières pour permettre ce demi tour et les orchestres étaient déjà positionnés pour mettre l’ambiance.
Et les coureurs en avaient bien besoin de ce coup de fouet car la traversée du Viaduc fut terrible avec un vent violent sciant les coureurs en deux, les élites avec Romain Courcières et Osnesphore Nkunzimana aux avant postes guère capables de courir à plus de 15 km/heure, Hassan Chahdi à quelques secondes derrière, le sourire aux lèvres, laissant deviner une parfaite aisance.
Et ce fut le cas, un scénario bien écrit pour le meilleur coureur français actuel, heureux de cette confrontation tricolore, une première dans l’univers du running. Hassan Chahdi attendait tranquillement son heure, Romain Courcières très généreux dans l’effort tentait bien de suivre le champion de France de cross mais au 18ème kilomètre, à l’amorce d’une grande piste en terre (un peut de cross et de trail au passage…!!!), Hassan s’envolait vers une magnifique victoire en 1h 18’53’’, inscrivant cette grande classique à son palmarès.
Derrière, le podium était complété par Romain Courcières en 1h 19’20’’ et Freddy Guimard en 1h 20’16’’. Un podium rêvé.
Chez les féminines, la course était elle aussi presque écrite à l’avance, Laurane Picoche meilleure française aux récents championnats du monde de semi accrochait le train d’un petit groupe, des régionaux heureux de courir avec la vosgienne très surprise du « caractère » de cette course. Mais habituée aux profils vallonnés, celle-ci s’envolait tranquillement vers la victoire, accrochant même un top 20, 19ème en 1h 28’27’’ suivie de Aline Camboulives, 23ème au scratch en 1h 29’48’’ et de Corinne Herbreteau en 1h 31’18’’.
Entre deux averses, sous un ciel très menaçant, la course joyeuse et espiègle s’écoulait entre « ciel et terre », des milliers de coureurs les jambes lourdes et le cœur chargé de cette grande émotion d’avoir traversé le plus haut viaduc du monde.