Les prédictions arrivent bien sûr des Etats-Unis, et plusieurs indicateurs laissent à penser que le boom du running est maintenant terminé et que la course à pied ne sera plus dans les années à venir le sport à la mode.
Le très sérieux Wall Street Journal s’est intéressé aux chiffres représentatifs du running et son verdict est sans appel. Le boom du running est terminé après deux décades de croissance. Pour preuve le nombre de coureurs finishers sur une compétition aux Etats Unis. Il était de 19 millions en 2013, et les prédictions allaient alors bon train pour pronostiquer un nombre de 20 millions. Mais au contraire, dès 2014, il se produisait une légère baisse, qui allait s’amplifier en 2015, pour atteindre 17 millions, élément communiqué par le groupe de recherche Running USA.
Pour quelle raison ? Pour le Wall Street Journal, ce revirement serait consécutif à une baisse de la compétition dans la tranche des 18-34 ans, cette génération qu’on surnomme les « Minnennials » (enfants du Millénaire), et qui est maintenant plus nombreuse aux Etats-Unis que les « baby boomers ». Ce sont justement les 18-34 qui alimentaient la croissance du running ces dernières années. Mais en 2015, ils n’ont plus représenté que 33% des finishers contre 35% l’année précédente.
Moins de compétiteurs et moins de pratiquants
Autre élément mis en évidence par le Wall Street Journal : la désaffection de la pratique au quotidien. Les chiffres délivrés par « Sport and Fitness Industry Association» recensent les personnes courant plus de 50 fois par an. Ils étaient 7 millions chez les 25-34 ans en 2013, et ils sont maintenant moins de 6 millions, une baisse de 19% en deux ans. Même tendance pour les 18-24 ans, où l’on enregistre une diminution de 22% en passant de 5.5 millions à 4.5 millions. Pour les 35-44 ans, le déclin n’est que de 4%, et pour les plus de 44 ans, la pratique demeure sur des bases quasi identiques.
Pourquoi un tel revirement chez les coureurs les plus jeunes ? Ils seraient maintenant plus intéressés par le sport en salle « new look », avec des studios proposant une palette très variée, du vélo à la boxe en passant par le CrossFit ou le tae kwon do, un engouement dont témoignent les adhésions en studios.
Ces dernières années, le développement des courses non traditionnelles, où l’on court dans la boue, dans la mousse, avec des lumières, ou encore Color Run, avait drainé de nouveaux pratiquants, et on y avait retrouvé sur ce nouveau terrain de jeu 4 millions de pratiquants en 2013, soit plus que de finishers sur semi et marathon aux Etats-Unis.
Mais même ces évènements fun connaissent un tassement, avec par exemple pour les « Color Run », 780.000 personnes contre 975.000 en 2014, selon les éléments communiqués par leur créateur John Connors.
Une évolution temporaire ?
Pour Rich Harshbarger, le président de Running USA, qui était présent à Paris fin mars pour le Sommet de la Course à pied, cette évolution ne serait que temporaire, la croissance marquerait logiquement le pas après deux décades de progression, et le revirement serait largement du à une augmentation forte des taxes d’inscription, en raison de l’explosion des charges de sécurité et du tarif des permis imposés aux organisateurs. Et ces prix élevés seraient l’une des causes de la désaffection des jeunes.
Il est certain que la course à pied demeure le sport numéro 1 aux Etats-Unis, avec 48 millions de personnes courant 1 fois par semaine, et l’avenir dira si la tendance 2015 se confirme. Outre Atlantique d’abord, et en France ensuite…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand