Eliud Kipchoge remporte à nouveau le marathon de Londres, en échouant à seulement 8 secondes du record du monde. Les chronos londoniens tordent le cou à l’idée que le temps des grosses performances serait révolu…. Les Kenyans et les Ethiopiens demeurent les boss du marathon mondial. Mais les deux pays ont du mal à respecter les normes de l’anti-dopage.
A-t-on encore envie de voir les cristaux des chronos d’arrivée se figer sur des performances stratosphériques ??? Oui et non. Les temps londoniens, avec un vainqueur à un souffle du record du monde, et 5 coureurs sous les 2h08’, suscitent un mélange d’émerveillement et de rejet. Le chroniqueur canadien Frédéric Plante transcrit bien ses sentiments après les épreuves de Boston et Londres, dans son éditorial publié sur le site « RDS.CA » Avec ce titre édifiant « Les podiums du doute ».
200 athlètes à tester en Ethiopie
La situation de la lutte anti-dopage au Kenya et en Ethiopie ne peut que générer de telles réactions de défiance. L’Agence Mondiale Anti Dopage a mis la pression sur l’Ethiopie en exigeant que d’ici le mois de novembre, 200 athlètes soient soumis à des tests anti-dopage. Une demande révélant l’incurie totale actuelle dans ce pays…
Côté Kenya, la loi anti-dopage vient tout juste d’être adoptée par le parlement, mettant enfin le pays en conformité avec les exigences de l’Agence Mondiale Anti-dopage. Mais un tel retard dans cette démarche ne peut qu’interpeller alors que dans le même temps, diverses informations font état de débordements certains.
En particulier de l’annonce à l’avance des contrôles anti-dopages, censés être inopinés, mais où finalement les athlètes sont prévenus la veille, comme le révélait Frimin Kiplagat Kipchoge dans le documentaire de l’ARD de l’été dernier, et comme l’a confirmé plus récemment le Canadien Reid Coolsaet. Sans oublier aussi quelques témoignages mentionnant des pots de vin exigés par des officiels kenyans en échange de la dissimulation de cas positifs.
Six contrôles hors compétition pour les moins de 2h10 et 2h27
Autant d’éléments nuisibles aux meilleurs marathoniens mondiaux, et à la veille du marathon de Londres, on a pu assister à une opération de communication bien construite pour désamorcer les critiques. Hugh Brasher, le patron de la course, a insisté sur les contrôles élargis mis en place par le circuit des « Major Marathons » pour s’assurer de la fiabilité des performances. Les top runners seraient ainsi soumis au minimum à six tests hors compétition par an, avec le nouveau système bâti depuis juillet dernier, l’intégration dans le pool de contrôle de tout marathonien sous les 2h10’ et de toute marathonienne sous les 2h27’.
Les marathoniens kenyans y sont également allés de leurs témoignages sur les tests supportés et de leur demande que tous les coureurs ne soient pas soumis à une suspicion généralisée par la faute de quelques brebis galeuses. Wilson Kipsang, l’ancien recordman du monde, a ainsi lancé un appel, en rappelant que comme dans la société « normale », la présence de criminels ne signifie pas que toute la société est criminelle.
Le site « Runner’s World » s’est ainsi inscrit dans cette opération de communication bien menée, en dévoilant le quotidien d’Eliud Kipchoge qui prépare ses marathons dans le camp de Kaptagat, en acceptant des conditions de vie plus que spartiates peu en relation avec sa grande fortune.
Eliud Kipchoge brille sur marathon après la piste
A 31 ans, Eliud Kipchoge affiche un palmarès exceptionnel depuis son titre mondial sur 5000 mètres conquis à Paris en 2003, au nez et à la barbe des deux favoris, Hicham El Guerrouj, et Kenenisa Bekele. Il a complété par le bronze à Athènes et l’argent à Pékin, avec des records amenés en 2004 à 3’33’ sur 1500 m et 12’46’’ sur 5000 m.
Mais la carrière d’Eliud Kipchoge a enregistré un creux pendant plusieurs années, entre 2008 et 2013, confié au rang de 5ème au Mondial 2009, puis 7ème en 2011, avant qu’il ne se relance complètement en optant pour le marathon. Sa démonstration de force sur le bitume avait été impressionnante dès ses débuts sur la distance au printemps 2013 avec un chrono de 2h05’30’’. Il enchaînait ensuite les performances et victoires, vainqueur à Rotterdam et Chicago en 2014, Londres et Berlin en 2015, et à nouveau Londres ce printemps. Et déjà, il a annoncé attendre Rio 2016 pour conquérir l’or olympique qui lui manque…
> Texte : Odile Baudrier
> Photo : D.R.