En 1994, à leur création, les championnats d’Europe de cross, organisés à Almwick en Angleterre, ne font pas l’unanimité. Flash back sur une première édition remportée par Catherina McKiernan et Paulo Guerra alors que la France défend bien sa place au pays d’Harry Potter.
1994, championnats d’Europe d’athlétisme disputés dans l’enceinte olympique du stade d’Helsinki.
Chez les hommes, en demi-fond et sur marathon, Italiens et Espagnols se partagent le gâteau. Non sans polémiques larvées noircissant les performances des marathoniens ibériques réalisant le triplé alors que l’allemand Dieter Baumann s’impose sur 5000 deux ans après sa médaille d’or olympique.
Chez les femmes, la Russie vit encore des heures glorieuses dans les lambeaux de l’ex empire soviétique. Ecran total, la « vieille » Gurina, âgée de 37 ans s’impose sur 800 mètres alors que sur le long, l’école portugaise marque de son empreinte ces Europe, Fernanda Ribeiro s’imposant sur 10 000 alors que le marathon consacre Manuela Machado.
A quelques exceptions près, tout ce petit monde se retrouve le 10 décembre 1994 pour la première édition des Europe de cross. Une grande première que l’on accueille pourtant avec scepticisme car ce championnat arrivant tôt dans la saison hivernale bouleverse les habitudes d’un calendrier immuable. Seules 21 équipes répondent présent chez les hommes contre 17 chez les femmes, sans les juniors, ils ne sont intégrés qu’en 1997, sans les espoirs, ils étoffent ce championnat à partir de 2006 pour lui donner la densité et le succès que nous lui connaissons désormais.
Et pour ce premier rendez-vous européen du cross, l’Angleterre est choisi en toute légitimité, cette bonne vieille terre de cross à qui l’on attribue la paternité de cette discipline hivernale. En soit, le choix d’Almwick, une petite cité du Nord de l’Angleterre, est judicieux avec son parcours somptueux tracé dans les vertes prairies ceinturant le château moyenâgeux qui fut choisi pour le tournage des films Harry Potter.
La France, barrée par la Roumanie, prend la seconde place emmenée par Maria Rebelo
Sur 4,5 km, elles ne sont 77 femmes à se présenter sur la ligne de départ tracé en contrebas du château dominant la colline de ses remparts préservés et de ses tours massives. L’équipe de France est homogène avec comme ossature Maria Rebelo, Blandine Bitzner et Farida Fates. 3ème l’année précédente en Espagne pour le Mondial d’Amorebieta, les ambitions sont légitimes. Mais sur une distance si courte et un temps de course ne dépassant pas les 15 minutes, les secondes perdues valent chères, la France, barrée par la Roumanie, prend la seconde place emmenée par Maria Rebelo, cinquième, à seulement 2 secondes du podium remporté par l’Irlandais Catherina McKiernan.
Chez les hommes, c’est également un crossman qui l’emporte, le portugais Paulo Guerra. 13ème au Mondial de cross en début d’année et premier européen, on le présente comme favori. De sa foulée élégante, il l’emporte en gentleman, devant son compatriote Domingo Castro et l’Espagnol Antonio Serrano alors que le français Abdellah Behar termine cinquième pour accompagner la France sur la troisième marche du podium en compagnie de Mustapha Essaid, Mohamed Ezzher et Bertrand Fréchard.
Non seulement, Almwick fut le théâtre de ce premier championnat d’Europe, mais l’année suivante, cette compétition retrouve à nouveau le même cadre majestueux où Paulo Guerra l’emporte une nouvelle fois alors que chez les femmes, la blonde finlandaise Annemari Sandell se fait un petit nom au soleil du cross. Des médailles qui ne valent pas certes l’or des Mondiaux mais qui 20 ans plus tard, servent à se construire un palmarès international.
> Texte et photos : Gilles Bertrand