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Une sanction anti-dopage très surprenante

L’AFLD prononce parfois des sanctions anti-dopage très surprenantes. Illustration avec une décision prise début juillet 2015 concernant une athlète suspendue pour 9 mois suite à l’utilisation d’un produit contre la rhino pharyngite.

 

RHINOFLUIMUCIL

L’anti-dopage est un très beau combat. A condition de ne pas se fourvoyer dans des dérives incompréhensibles. Et certaines décisions rendues par l’AFLD paraissent s’inscrire dans cet axe….

Prenez la décision rendue à l’encontre de S.P. L’athlète est bien nommée dans la décision prise par l’AFLD le 2 juillet 2015, mais un peu de secret autour de son identité paraît adapté à ce cas.

Cette jeune femme se retrouve suspendue pour 9 mois pour avoir utilisé du « Rhinofluimucil » pour soigner une rhino pharyngite. Elle avait pourtant pris soin lors de son contrôle anti-dopage de mentionner cette prise de ce médicament et de produire une ordonnance médiale lui prescrivant 5 jours de pulvérisations nasales.

Mais cette ordonnance datait du 8 décembre, et le contrôle a été effectué le 21 décembre au cross des Isles dans l’Allier. Le calcul a été vite fait : « S.P. a absorbé de son propre chef, postérieurement au 13 décembre 2014 le reliquat du médicament prescrit le 8 décembre pour une durée de cinq jours ».

Une sanction de la FFA, et une intervention de l’AFLD

A la suite du contrôle positif détectant du « tuaminoheptane », la FFA avait infligé début mars une suspension de 9 mois à la coureuse. Mais l’AFLD a jugé bon début avril de se saisir de sa propre initiative des faits relevés à son encontre…. Et début juillet, sa sanction tombe, avec à nouveau 9 mois d’interdiction de compétitions.

Pourquoi une telle intervention de l’Instance de l’anti-dopage dans un cas aussi bénin que celui d’un médicament pour le rhume pris trop longtemps ? Pour faire du chiffre et augmenter les statistiques des contrôles positifs ?

En tout cas, l’AFLD n’a pas lésiné sur les moyens déployés pour ce dossier, avec ce jour-là à la tête de cette commission, Bruno Genevois, le président de l’instance, sous le feu des critiques de la Cour des Comptes ce printemps pour le coût excessif des contrôles anti-dopage menés par l’Agence. Avec la recommandation de mieux cibler les contrôles. Mais Bruno Genevois avait alors manifesté son opposition à toute restriction de la cible aux seuls sportifs de haut niveau et professionnels, réaffirmant à de nombreuses reprises sa volonté de conserver des contrôles également à l’encontre des sportifs amateurs.

Une orientation ferme qui a probablement pesé dans cette démarche dans le cas S.P.

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.