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Une fédération calamiteuse pour le Kenya, leader mondial du demi-fond

Le Championnat du Monde de cross a démontré une fois de plus la domination du Kenya sur cette discipline. Quelle richesse pour ce pays que ses athlètes si talentueux et maîtres également dans l’art de la stratégie. Cette nouvelle réussite survient alors que la Fédération d’athlétisme du Kenya se trouve pointée du doigt par sa gestion calamiteuse de ses partenariats.

 

Les athlètes du Kenya n’ont pas une Fédération à la hauteur de leur niveau d’excellence. Le Mondial de cross a fourni une nouvelle occasion d’assister au magnifique spectacle qu’offrent ces spécialistes, leur foulée aérienne déployée pour aller très vite sur ce parcours chinois, les stratégies bien construites pour amener leurs leaders à la victoire, avec Agnès Tiprop et Geoffroy Kamworor, deux jeunes talents très prometteurs confirmant que la relève est encore et toujours là au Kenya.

Les officiels de la Fédération du Kenya n’ont pas manqué de laisser exploser leur joie de ce doublé supplantant l’Ethiopie sur les courses majeures. On ne peut s’empêcher de penser que de telles démonstrations paraissent un tantinet déplacées de la part de représentants d’une Fédération particulièrement sujette aux critiques.

Quelques jours avant ce Mondial, la presse kenyane a encore déterré une « sale » affaire à l’actif d’Isaiah Kiplagat, le président de la Fédération. C’est Kiprotich Chepkoit, le journaliste du Standard Media, qui dévoile la négociation plus que douteuse menée avec la marque Li Ning.

 

Li Ning verse 200.000 dollars, la Fédération casse le contrat

Selon les informations obtenues par le Standard, Isaiah Kiplagat aurait donné un accord pour un partenariat avec le géant du sport chinois, pour une durée de 6 ans, et un premier versement de 200.000 dollars aurait été effectué par Li Ning pour valider ce contrat.

Mais en parallèle, Kiplagat poursuivait des négociations avec Nike, pour une éventuelle reconduction du contrat précédent, et les deux parties s’accordaient avec un premier paiement de 500.000 dollars.

Un bel imbroglio peu orthodoxe ! Même si Li Ning a été remboursé de son acompte, le contrat signé a été cassé unilatéralement par la Fédération du Kenya.

Au cœur de la négociation, on retrouve la société Pamodzi Sports Consulting, appartenant à Papa Massata Diack, le fils de Lamine Diack, chargé officiellement par la Fédération du Kenya depuis avril 2010 de démarcher pour leur compte d’éventuels partenariats, en particulier du côté de l’Asie, le champ d’action privilégié de Pamodzi. Avec cette rupture abusive, la société s’est retrouvée mise à l’index et aurait perdu de gros contrats, Papa Diack parle de 10 millions de dollars.

Mais Isaiah Kiplagat n’est pas resté 22 ans à la tête de la Fédération du Kenya tout à fait par hasard. Le gaillard allait démontrer son grand sens tactique lors de la soirée officielle organisée pour le départ de l’Equipe du Kenya pour la Chine, en évoquant de manière indirecte le contrat Nike.

Les équipements ne seraient pas livrés aux athlètes par Nike ?

Il profitait de ce moment particulier pour relayer les plaintes des athlètes kenyans, soulignant le manque de chaussures et équipements distribués par Nike pour ce Mondial. Isaiah Kiplagat allait sortir le grand jeu pour s’indigner de ces manquements, et il n’hésitait pas à vitupérer contre la marque qui ne respecterait pas son contrat…

Une phrase en particulier recueillie par Mutwiri Mutuota, le journaliste de « Capitalfm », sonnait d’une manière particulière « Je ne dis pas que nous allons annuler le contrat, nous pensons qu’une solution peut être trouvée. »

On ose espérer qu’il ne pense à retourner voir du côté du contrat Li Ning ???

Texte : Odile Baudrier

  • Photo : Getty Images by IAAF