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Un officiel du Kenya mis en cause pour corruption dans le dopage

Le Kenya se retrouve à nouveau au cœur d’une polémique autour du dopage après la diffusion par The Sunday Times et ARD, la télévision allemande, d’un sujet qui accuse de corruption Michael Rotich, un officiel de la Fédération, nommé Chef de la délégation de l’athlétisme pour Rio. Il a été évincé des JO de Rio, mais l’affaire suscite au Kenya une grande animosité contre Hajo Seppelt, son auteur.

 

photo drapeau kenya a

La jalousie. Selon les Kenyans, ce serait le ressort d’Hajo Seppelt dans ses enquêtes menées au Kenya, et y démontrant un usage très répandu du dopage et une grande corruption de divers acteurs de l’athlétisme. Dernier épisode en date, celui du sujet diffusé ce dimanche 7 août sur ARD en parallèle de la presse britannique, et qui révèle la corruption de Michael Rotich, un officiel de la Fédération du Kenya.

Celui-ci se fait fort de pouvoir informer environ 12 heures en amont d’un contrôle inopiné sur un athlète du Kenya, comme de Grande Bretagne, en échange d’une somme de 10.000 livres pour une durée de trois mois. Une accusation grave confirmant des informations déjà révélées dans le passé, et mettant à mal la notion même de contrôle « inopiné » au Kenya…

Mais ce nouveau documentaire met en cause une personne très particulière, Michael Rotich, un ancien militaire, responsable de l’athlétisme pour la North Rift Valley, et désigné par sa Fédération comme Chef de la délégation de l’athlétisme pour les JO de Rio 2016…L’embarras au Kenya ne pouvait qu’être énorme, et à peine avait-il eu le temps de défiler pour la cérémonie d’ouverture des JO que Michael Rotich se voyait renvoyé vers son pays, dans l’attente d’investigations complémentaires.

Une mesure quasi-obligatoire sur le plan international, mais que le Kenya a pris à contre-cœur. Car tout le pays apparaît uni, et hostile, face à ce nouvel épisode peu glorieux à son actif, mais autour duquel de nombreuses questions sont posées par la presse du Kenya, à l’image du fameux tweeter, Shadique Shabban: quel poids donner aux propos d’un homme visiblement saoul ? Quel crédit accorder à des images réalisées en caméra cachée et grâce à des personnes payées ? Et pourquoi cette diffusion juste le lendemain de l’ouverture des JO alors que les images ont été réalisées durant le printemps 2016 ?

La Présidence du Kenya proteste

La Présidence du Kenya s’est fendue d’un communiqué de presse très offensif pour protester sur ces nouvelles allégations, et insister sur le travail effectué dans le pays pour la lutte anti-dopage avec le vote d’une loi, la création de l’agence, les tests systématiques sur les athlètes olympiques. Et de souligner que les motivations des équipes ARD-Sunday Times lui apparaissent « suspectes »…

De quelles suspicions s’agit-il à l’encontre d’Hajo Seppelt ? Le journaliste d’investigation s’appuie sur les méthodes propres à ce domaine, reposant à la fois sur l’usage de caméras cachées, de fausses identités, voire du paiement de certaines personnes, comme ceci est probable pour les Kenyans amenant ses équipes dans les antres de médecins peu scrupuleux.

Mais de là à imaginer comme l’affirme maintenant Michael Rotich, auprès d’Evelyn Watta, dans « SportNewsArena.com », qu’il a en réalité joué un double jeu devant la caméra cachée des soi-disant entraîneurs britanniques pour essayer d’obtenir de leur part des informations sur le dopage pour en faire part à sa Fédération, il faut une bonne dose d’imagination. Mais visiblement au Kenya, la théorie du complot bat son plein…

Texte : Odile Baudrier

Photo : D.R.