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Un contrôle positif aux corticoïdes dans le trail

templiers corticoide

 

Depuis 15 ans déjà, des contrôles anti dopage sont réalisés dans le cadre du Grand Trail des Templiers. En 2016, l’un d’un test se révèle positif, il concerne Nicolas Bouvier Gaz, qui avait terminé 5ème de l’épreuve. Contacté, celui-ci affirme qu’il utilisait ces corticoïdes en raison d’une allergie récurrente. La FFA débute, avec beaucoup de retard, la procédure en vue de statuer sur ce dossier, s’agissant d’un produit interdit seulement en compétition.

  Par Odile Baudrier et Gilles Bertrand

Le cas des corticoïdes est complexe au niveau de l’anti-dopage. En effet, conformément à la liste des substances interdites entrée en vigueur le 1er janvier 2017 et définie par le Ministère de la Santé, ces produits sont interdits en compétition, mais pas à l’entraînement.

Une situation qui ne satisfait pas du tout Pierre Sallet. Le spécialiste de l’anti-dopage, créateur de Athletes for Transparency, explicite sa position : « Je le dis depuis des années. Pour moi, les corticoïdes devraient être interdits en permanence. Ma position est que si tu prends des corticoïdes, c’est que tu es malade, et donc que tu te soignes. »

Pour pallier à la problématique de l’utilisation des corticoïdes, chez un compétiteur, Pierre Sallet a défini une règle de conduite : « Moi, je milite pour une période de 7 jours hors compétition en cas de prise de corticoïdes. Bien sûr, il y a des cas où les gens ont un asthme sévère, qu’il faut traiter par corticoïdes. Mais pour moi, avec un asthme sévère, il ne faut pas faire de compétition. Cela ne va pas t’arranger médicalement si tu fais une compétition ski de fond ou trail en pleine crise d’asthme traitée par corticoïdes. »

Et Pierre Sallet de souligner avec force : « Il faut que le règlement change ».

Un cas positif aux Templiers

Justement un cas positif aux corticoïdes vient d’apparaître dans le trail avec un contrôle positif qui vient d’être dévoilé. Il a été effectué fin octobre 2016 dans le cadre du Grand Trail des Templiers. Il concerne Nicolas Bouvier Gaz, qui avait terminé 5ème de l’épreuve. A son arrivée, comme cinq autres coureurs, il allait faire l’objet d’un prélèvement pour contrôle. Le laboratoire anti-dopage de Chatenay Malabry allait y découvrir la présence de corticoïdes. Selon nos informations, il s’agit de triamcinolone acétonide, sous la forme d’une suspension nasale Nasacort.

L’affaire a traîné en longueur, en raison des changements à la tête de la présidence de la FFA, obligeant à revoir la composition des commissions, et en particulier celle de l’anti-dopage. C’est donc seulement en ce début de février, que la FFA a lancé la procédure pour que l’organe disciplinaire statue sur ce cas.

La substance découverte n’est en réalité interdite que dans le cadre de la compétition, comme le confirme le site de l’AFLD. L’agence y indique également qu’une AUT n’est pas nécessaire pour un tel produit, mais qu’il peut provoquer un test positif. Avec dans un tel cas, la charge pour le sportif de constituer un dossier médical complet pour justifier de cette utilisation.

Nicolas Bouvier Gaz a envoyé son dossier médical

Depuis le 14 décembre date de notification de son contrôle positif, Nicolas Bouvier Gaz est très anxieux. Dès réception de cette lettre recommandée, il a expédié au plus vite un dossier médical et ordonnances de son médecin traitant pour justifier la prise de ce médicament : «Je suis suivi depuis que je suis gamin pour des rhinites allergiques. Ce sont des justificatifs qui expliquent que je me soignais. Je prends du Nasacort depuis tout petit, dès que les rhinites commencent  ».

Depuis l’envoi de ces documents, l’athlète est dans l’attente de sa convocation devant la commission chargée de statuer sur ce cas. Sans nouvelles sur cette procédure, l’athlète a relancé plusieurs fois la FFA par téléphone et par mail pour avoir plus de précisions. Sans réponse. Mais pour lui, au-delà d’un temps d’attente qu’il juge désespérément long, il est certain de prouver sa bonne foi devant les membres réunis de la commission. Qu’en sera-y-il vraiment ?

En effet quelle sera la position de la FFA face à ce cas ? La décision tombera dans les semaines à venir. La commission disciplinaire devrait se réunir très rapidement, à défaut, ce cas reviendrait à l’AFLD, la FFA disposant d’un délai de 3 mois pour statuer sur les affaires. Il apparaît d’ailleurs incompréhensible que l’affaire traîne tant en longueur. L’argument selon lequel le retard résulte de l’obligation de composer une nouvelle commission disciplinaire suite à l’élection du nouveau Président de la FFA semble tout de même un peu léger…

 Pourquoi utiliser des corticoïdes ?

Les prescriptions sont effectuées pour soigner des pathologies respiratoires type asthmes, et inflammatoires, types tendinopathies. Comme le souligne Pierre Sallet : « Le gros problème est que ces produits présentent un véritable effet ergogénique, c’est-à-dire une amélioration de la performance. C’est très efficace. »

Mais pour appréhender la situation exacte, il est indispensable de disposer d’informations précises et Pierre Sallet d’énumérer : « est-ce une dose initiale ou dose cumulée ? – quel est le type de substance ? et il faut aussi ajouter le facteur de l’élimination individuelle. » En conclusion, plusieurs paramètres susceptibles d’impacter sur les taux de corticoïdes constatés lors du contrôle, et de mieux comprendre le contexte d’utilisation.

Le programme Quartz, pour suivre la santé des trailers

L’annonce d’un cas positif dans le trail a beaucoup affecté Pierre Sallet, impliqué de manière forte dans ce sport, à travers l’Ultra World Tour et qui était encore présent cet automne au Championnat du Monde de trail pour informer les membres de l’Equipe de France sur ces problématiques.

Pierre Sallet et son agence « AFT » ont mis sur pied en collaboration avec l’ITRA, l’étude « Quartz » qui vise à collecter les informations santé des trailers d’élite, définis à partir de leur index de performance ITRA. Ce programme devrait être prochainement élargi de manière plus vaste aux meilleurs trailers mondiaux, et également à tous ceux qui souhaitent y adhérer.

Pour Pierre Sallet, cet outil s’inscrit parfaitement dans la lutte anti-dopage, incitant les athlètes à déclarer leurs prises de médicaments, et cette transparence ne peut qu’être un atout dans de tels cas : « On veut que les gens déclarent avant leurs médicaments. Ainsi s’ils sont contrôlés, et qu’ils n’ont pas inscrit le produit dans « Quartz », cela apparaîtra comme une volonté de dissimuler. Dans le cas contraire, justement, ce sera un argument en leur faveur. Aussi dans le système Quartz, ils doivent aussi cocher qu’ils connaissent les règles.

Et surtout pour Pierre Sallet, une telle initiative s’inscrit parfaitement dans la lignée de la politique santé qu’il défend à tout va auprès des athlètes, comme des fédérations sportives : « Revenez à la santé. C’est ce que nous conseillons. Pour que la santé de l’athlète soit prise en compte ».

Ø  Texte : Odile Baudrier – Interview de Nicolas Bouvier Gaz par Gilles Bertrand – Interview de Pierre Sallet par Odile Baudrier

Ø  Photo : Gilles Bertrand