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Toth, champion olympique de marche, disculpé de dopage

Le Slovaque Matej Toth, champion olympique du 50 km marche à Rio, a finalement été disculpé des soupçons de dopage provenant de l’analyse de son passeport biologique. L’IAAF a renoncé à faire appel de la relaxe prononcée par la Fédération Slovaque d’Athlétisme. Ces accusations avaient interdit à Matej Toth d’être présent au Championnat du Monde de Londres à l’été 2017.

TOTH MARCHEUR

L’année 2017 s’est achevée sur une fausse note pour l’IAAF, et l’Athletics Integrity Unit, avec l’annulation de toute procédure à l’encontre de Matej Toth. Pourtant le marcheur avait été accusé en juillet de pratiques dopantes, à partir de l’analyse de ses valeurs biologiques inclus dans son passeport. Les experts de l’IAAF avaient conclu à une dérive dopante avec une conséquence forte, celle d’une suspension provisoire qui allait lui interdire toute participation au Championnat du Monde de Londres en août 2017, alors même qu’il escomptait défendre son titre conquis à Pékin en 2015.

Immédiatement le champion olympique de Rio avait protesté de son innocence, comme le font la quasi-totalité des sportifs mis en cause pour les mêmes raisons. Mais le Slovaque a, lui, finalement obtenu gain de cause, en obtenant une relaxe de la Fédération d’athlétisme de Slovaquie début octobre, et surtout l’absence d’appel sur cette décision auprès du Tribunal Arbitral du Sport de la part de l’IAAF, comme l’avait révélé le journaliste Michael Cerveny sur le site dennikn.sk, annonçant le 21 décembre que le marcheur avait été totalement disculpé.

Pour aboutir à ce résultat très favorable, Matej Toth n’a pas lésiné sur les moyens, comme l’explique Andy Brown, le journaliste référent de «sportsintegrityinitiative.com », qui souligne qu’il aurait produit un rapport de 250 pages incluant 25 pages d’annexes rédigées par sept experts en hématologie et métabolomique, originaires de six pays différents, pour infléchir la fédération slovaque.

Avec un argument fort à son actif, le fait que cette mise en cause sur son passeport biologique ne se serait appuyée que sur un seul échantillon litigieux, qui aurait révélé un faible taux d’hémoglobine sur un total de 24 échantillons collectés entre 2009 et 2016.

Cet échantillon aurait révélé une chute forte de son taux d’hémoglobine entre mars et mai 2016, et c’est ce qui aurait conduit les experts de l’IAAF à conclure à une manipulation sanguine ou dopante. Mais Matej Totgh a argumenté sur le fait que le prélèvement du 4 mai 2016 avait été collecté tard dans la journée, alors que la majorité des autres prélèvements avait été effectuée tôt le matin tôt. Cette dérogation aux horaires a été bien exploitée par la défense du sportif, soutenant que la nourriture et les boissons absorbées durant la journée pouvaient influer sur le taux d’hémoglobine.

1 échantillon douteux sur 24 collectés en 7 ans

Le rapport produit par le marcheur avait aussi avancé le fait qu’il avait été sollicité ce jour-là pour produire aussi un échantillon d’urine, et avait ainsi ingéré un litre d’eau, avançant que cette surhydratation avait pu affecter les valeurs sanguines. Autre élément à sa décharge, le traitement pour une inflammation du tendon subi en mars et avril 2016, qui aurait pu impacter les éléments sanguins.

Et enfin, dernier point mis en avant par le marcheur, l’augmentation des valeurs sanguines pourrait résulter d’un séjour dans un environnement hypoxique. Or justement, Majet Toth utilisait une tente à hypoxie et s’entraînait en altitude.

L’ensemble de ces éléments a convaincu la Fédération Slovaque de la bonne foi de Majet Toth, mais aussi l’IAAF. Près de trois mois après la relaxe prononcée par la Fédération Slovaque, l’Athletics Integrity Unit a admis renoncer à tout appel devant le TAS. Une décision s’inscrivant en contre-pied aux habitudes, puisque jusqu’alors, l’AIU avait fait appel des relaxes ou mesures de clémences des différentes fédérations, avec une vraie réussite, comme en témoigne le nombre de 96 suspensions prononcées pour de tels motifs.

Encore récemment, l’AIU avait obtenu gain de cause auprès du TAS pour Bethlem Desalegh, non sanctionnée par son pays pour un problème de biologique. Le cas de Toth marquera-t-il une rupture dans un contexte où les critiques ne manquent pas sur des carences du passeport biologique. Au point que plusieurs équipes de chercheurs travaillent à améliorer les paramètres pris en compte pour détecter sans aucune équivoque l’usage de produits dopants. Avec par exemple, l’expérience menée à Lyon par le Professeur Gaetano Cairo, Paul Robach et Pierre Sallet, visant à intégrer un nouveau critère, celui de la mesure de l’érythroferrone.

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.

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