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Thomas Bach, au garde à vous devant Vladimir Poutine

La décision du CIO d’autoriser la Russie à disputer les JO de Rio a suscité des réactions hostiles à travers le monde entier. Thomas Bach, le Président du CIO, s’est vu fustiger par la presse de tous les pays, avec des titres très offensifs. A la mesure de l’immense déception ressentie face à cette attitude très frileuse qui confirme les liens privilégiés entre Vladimir Poutine, et le boss du mouvement sportif mondial…

Thomas Bach et Vladimir Poutine

Thomas Bach et Vladimir Poutine

Le service de presse du CIO a fort à faire ces derniers jours pour produire une revue de presse qui ne ressemble pas à une litanie d’injures à l’encontre de Thomas Bach… Du monde entier, les titres tombent en rafales pour conspuer ce Président qui a préféré jouer la carte du Patron de la Russie plutôt que celle de l’honnêteté.

« Bach, le petit toutou de Poutine ». C’est le titre très offensif choisi par le « Bild », le quotidien allemand. Et pour enfoncer le clou, l’article est illustré par plusieurs photos où Thomas Bach et Vladimir Poutine sont côte à côte, durant diverses occasions, mais toujours dans des attitudes assez étonnantes par leur suggestion d’une extrême proximité entre les deux hommes.  On les retrouve ainsi en train de se parler à l’oreille, de lever leur verre de champagne les yeux dans les yeux, de se donner des accolades chaleureuses, ou d’éclater de rire comme deux vieux larrons…

Thomas Bach et Vladimir Poutine, une grande proximité

Thomas Bach et Vladimir Poutine, une grande proximité

Ces clichés étonnants reviennent régulièrement dans les articles, facebook, tweeters, qui se sont propagés de manière fulgurante après cette décision, que finalement, personne ne semble accepter et comprendre. Excepté bien sûr les Russes, qui la saluent avec emphase et en particulier Vitaly Mutko, le Ministre des Sports, qui avait annoncé qu’il démissionnerait de son poste en cas de suspension du pays.

Pourquoi ces photos du duo Bach-Poutine sont-elles tellement publiées ?  Pour le symbole de cette entente qu’elle représente entre les deux hommes, et qui apparaît être la seule explication pour justifier que le CIO n’ait pas sanctionné la Russie, après tous les éléments apparus sur l’étendue de son dopage d’Etat.

Vladimir Poutine, toujours menacé, jamais puni

Cette non-décision a fait la une de la presse du monde entier, et les éditorialistes les plus réputés de la presse anglo-saxonne y ont ainsi consacré leurs publications. Et c’est peut-être l’article du « Telegraph » paru dans la rubrique « Opinion », qui donne le meilleur éclairage. Avec deux points très intéressants.

D’abord, le fait que l’implication d’une telle décision va bien au-delà du sport, en confirmant une nouvelle fois que cela renforce simplement Vladimir Poutine dans son dédain à l’égard du manque de courage des institutions de l’Ouest dans leur essai d’affaiblir la Russie. Comme l’explique l’ex-ambassadeur du Royaume Uni à Moscou, qu’il s’agisse d’envahir la Géorgie, d’annexer la Crimée, de menacer l’Ukraine, d’assassiner des dissidents à l’étranger, ou maintenant de faire exploser les règles du sport, le dirigeant russe est sans cesse menacé d’être puni, et finalement il assiste à une reculade…

Ensuite sous un angle plus strictement sportif, en rapprochant la situation de la Russie et de l’Afrique du Sud pendant l’apartheid. Le CIO défend l’idée qu’une sanction globale aurait été injuste pour les athlètes « propres ». Mais comme le rappelle le « Telegraph », au moment de l’apartheid, beaucoup de sportifs sud-africains se sont vus interdire de participer à des épreuves internationales alors même qu’eux-mêmes n’adhéraient pas aux théories racistes. Mais ils se voyaient sanctionnés au nom de la responsabilité collective.

Sur ce point, on pourrait aussi ajouter l’opinion de Dick Pound, qui évoquant cette idée d’injustice à l’encontre des athlètes « propres », n’a pas manqué d’ajouter : « Mais y en a-t-il en Russie ??? »

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.