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Sofiane Selmouni, les no shows sanctionnés

Sofiane Selmouni a plaidé la négligence pour justifier ses trois no shows constatés entre mars 2017 et janvier 2018. L’athlète de Mulhouse, double champion de France en 2017, entraîné par Alain Lignier, a ainsi obtenu une suspension réduite à 1 an. Sur un plan général, l’AFLD a récemment pointé du doigt ce problème de no shows des athlètes d’élite auprès de la FFA, qui estime, elle, que ces oublis de localisation correspondent à de l’inattention.

SELMOUNI

Sofiane Selmouni et Tony Yoka ont connu le même sort : une suspension sportive de douze mois. Pour des raisons semblables : le non respect des règles de localisation imposées par l’AFLD avec 3 no shows dans un délai de 12 mois. L’athlète et le boxeur ont utilisé le même argument pour se défendre : la négligence.

L’affaire Tony Yoka a évidemment eu une portée médiatique énorme s’agissant du champion olympique de Rio, devenu professionnel. Mais aussi parce que sa fédération, elle de boxe, l’avait d’abord « dédouané » d’une véritable faute, en le sanctionnant de 12 mois avec sursis. Une suspension contraire aux règles anti-dopage mondiales et l’AFLD n’a pas manqué de réagir pour reprendre la main, et imposer leur respect.

L’enjeu n’était pas petit. Il en allait des décisions dans les différentes fédérations sportives dans le cas très particulier des no shows. Et il est certain qu’un non alignement de la suspension Yoka sur les règles fixées par le code mondial anti-dopage aurait eu fatalement des conséquences dans le futur. Ainsi la FFA n’avait pas hésité à se déclarer attentive à la décision prise car soucieuse d’éviter le « deux poids – deux mesures ».

D’autant plus que l’organe disciplinaire anti-dopage avait à arbitrer pratiquement en même temps sur le cas de Sofiane Selmouni, qui se voyait lui aussi jugé pour trois no shows.

Trois trimestres déclarés en retard en 2017 puis une absence pour un contrôle

Toutefois, alors que le boxeur a été absent à trois reprises lors de l’arrivée de contrôleurs anti-dopage au lieu qu’il avait indiqué dans sa localisation quotidienne, l’athlète n’a été absent qu’à une seule reprise pour un contrôle anti-dopage. C’était le 22 janvier 2018 (selon les informations données par Sofiane Selmouni) ou le 23 janvier 2018 (selon le compte rendu de la commission disciplinaire de la FFA). Et ce serait à cause d’une mauvaise grippe survenue alors qu’il était en stage national au Portugal qu’il aurait commis ce loupé en se localisant à Strasbourg alors qu’il était encore au Portugal.

Cette erreur allait se révéler explosive puisqu’elle s’ajoutait à deux manquements aux règles de localisation. Et là, il n’est plus question d’un raté sur un jour ou d’une faiblesse par une maladie. Les deux premiers « trous » correspondent à l’oubli de transmettre à l’AFLD les informations sur sa localisation, pour le 1er trimestre 2017, puis pour le 2ème trimestre 2017 et le 3ème trimestre 2017.

Rappelons que les règles applicables à tous les athlètes intégrés dans le groupe « cible » de l’AFLD leur imposent de déclarer le lieu où ils pourront être trouvés chaque jour, pour les trois mois à venir, à un horaire qu’ils fixent eux-mêmes, avec la possibilité par la suite de modifier lieu et horaire jusqu’à la veille.

Or Sofiane Selmouni a d’abord omis de donner ses lieux pour le 1er trimestre, avec un simple rappel à l’ordre effectué par l’AFLD le 24 janvier 2017. La situation s’est répétée pour le 2ème trimestre, avec un premier avertissement de l’AFLD le 4 avril 2017. Et à nouveau, pour le 3ème trimestre, avec un deuxième avertissement de l’AFLD le 3 juillet 2017.

Ainsi dès le mois de juillet 2017, Sofiane Selmouni était-il taxé de 2 no shows, sans qu’il n’ait saisi la possibilité qui lui était proposée de contester chaque avertissement auprès des experts de l’AFLD. Dès lors, il se savait en difficulté, un 3ème raté ne pouvant que déboucher sur une suspension.

La négligence, principale cause des no shows ?

Elle aurait pu être de deux ans, mais la FFA a tenu compte des explications données par Sofiane Selmouni, qui a plaidé sa bonne foi et la négligence. Arguments retenus par l’organe disciplinaire, avec à la clef, une sanction réduite à 1 an seulement.

L’affaire s’inscrit ainsi dans la logique qui prévaut à la FFA, celle de no shows consécutifs à l’inattention d’athlètes, qui oublieraient le respect des contraintes imposées par le groupe cible. La FFA s’est pourtant vue pointer du doigt par l’AFLD, comme en témoigne le PV du bureau fédéral du 17 mai 2018, qui souligne que l’agence anti-dopage française a demandé à rencontrer la FFA pour évoquer le problème des « no shows » trop nombreux dans l’athlétisme.

Mais comme le rappelle Michel Marle, Monsieur anti-dopage à la FFA, l’athlétisme compte un nombre important d’athlètes dans les groupes cibles IAAF et AFLD, que d’autres sports, avec par ricochet plus de risques de manquements. C’est cette théorie qui a été défendue auprès de l’AFLD, avec aussi la mise en avant du rôle de Mehdi Baala dans ce dossier. L’ancien demi-fondeur, nommé responsable de la performance olympique par André Giraud, est spécifiquement chargé de rappeler aux uns et aux autres leurs obligations sur leurs localisations. Un garde fou pour éviter les oublis fâcheux ou arrangeants…

 Texte : Odile Baudrier
 Photo : D.R.

 

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