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« Où est Clémence ? », le jeu concours de Martigues devient réel

L’affaire du contrôle anti-dopage de Clémence Calvin et de Samir Dahmani irradie sur la ville de Martigues, qui avait mis très en avant Clémence Calvin dans sa communication. Avec en particulier, cet hiver, un jeu concours intitulé « Où est Clémence ». Un titre plus que prémonitoire… Martigues avait déjà connu dans le passé deux affaires de dopage, celle de Laila Traby et de Nourredine Gezzar.

« Où est Clémence ? » La question tourne en boucle, tant l’incertitude règne sur le lieu où se trouvent actuellement Clémence Calvin et son compagnon Samir Dahmani. Après la révélation d’un contrôle anti-dopage tumultueux le 27 mars, le couple s’est réfugié dans le silence le plus total. Et le mutisme est aussi de mise avec leurs très proches, qui avouent que leurs appels demeurent sans réponse. A une condition : que leur nom ne soit pas cité !

« Où est Clémence ? » Malencontreusement, c’était le titre choisi cet hiver par la ville de Martigues pour une grosse opération de communication orchestrée autour de Clémence Calvin, auréolée de son titre de vice-championne d’Europe de marathon. La jeune femme s’affichait ainsi à travers toute la ville sur 70 grands panneaux 4×3 clamant en grandes lettres « BRAVO ». Et ce jeu concours invitait les habitants de Martigues à retrouver les panneaux, avec à la clef, une dotation avec Tee Shirt officiel de l’Equipe de France et Tee shirt Nike.

Clémence et Samir invités avec Madame Buffet à Martigues

« Où est Clémence ? » L’opération prend maintenant l’allure d’une véritable prémonition… Et démontrait l’importance accordée à la marathonienne par la ville. Madame Eliane Isidore, l’ajointe aux sports, met d’abord les points sur les I en déclarant : « Je ne peux pas réagir à cette information. Nous ne savons rien. J’attends une annonce de l’AFLD.» Et elle confirme ensuite « Oui, on l’utilisait beaucoup en communication. C’était une jeune femme très douée et très sympathique.»

C’est ainsi que Clémence eut le privilège d’être mise à l’honneur pour le palmarès sportif de la ville début décembre, avec un tableau réalisé spécialement par un magicien. Ou encore d’être invitée le 23 mars par le Maire à rencontrer Madame Buffet, l’ancienne ministre des sports, et Monsieur Dharreville, le député des Bouches du Rhône, pour des échanges autour de l’avenir du sport et des sportifs.

80 à 100.000 euros pour le couple ?

Le coup est dur pour la ville, qui a fait de l’athlétisme l’une de ses priorités sportives, dotant le club de Martigues d’un budget annuel de 300.000 à 330.000 euros. Avec quels montants revenant à Samir Dahmani et Clémence Calvin ? Les chiffres ont du mal à sortir. On parle de 20.000 euros par an pour Samir Dahmani (le club avait été contraint à doubler son contrat pour le conserver alors qu’il envisageait de partir au CA Montreuil), et de 40.000 euros pour Clémence Calvin, plus les frais de déplacements, pour atteindre un montant entre 80.000 et 100.000 euros. Chacun d’eux bénéficiait également d’un emploi (sans fonction réelle) avec la Mairie sous la forme d’un CIP, Contrat d’Insertion Professionnelle signé avec la Fédération, la Région et la Jeunesse et Sport.

Autant d’avantages négociés par Clémence Calvin lors de son retour à Martigues à l’automne dernier. Elle avait déjà porté les couleurs du club de Martigues entre 2011 et 2012, à son arrivée dans le sud après son départ de Clermont Ferrand, elle recevait alors 5000 euros par an. Elle avait ensuite opté pour le SCO Ste Marguerite, qui lui proposait alors 7000 euros.

Mais en septembre 2017 elle retrouvait le club que Samir Dahmani n’avait jamais quitté, lui le natif de Martigues. Elle revenait auréolée de son titre de vice-championne d’Europe du 10000 mètres en 2014 .

Laila Traby, le bronze aux Europe, puis le dopage

A Zürich, en 2014, sur le podium du 1000 mètres, Martigues était déjà représentée au plus haut niveau avec Laila Traby, licenciée au club entre 2008 et 2014, et qui avait obtenu la médaille de bronze derrière Clémence.

Mais à peine trois mois plus tard, Laila Traby basculait du côté glauque du sport. Celui du dopage, positive à l’EPO, interpellée avec des produits dopants, elle était suspendue pour quatre ans. La ville appréciait alors très mal l’épisode, d’autant plus que Laila Traby ne l’avait jamais mise en avant dans les divers sujets réalisés après sa médaille aux Europe, en particulier celui de France Télévisions diffusé début novembre 2014. Laila Traby mettait un point d’honneur à ne remercier que son ex-mari, Jacky Traby, oubliant Ville, Club, Entraîneur, et elle s’affichait même auprès de Madame la Maire d’Avignon, sa ville de résidence… Car Laila n’avait finalement aucun lien avec Martigues, excepté que son mari avait été athlète au club, de même que son entraîneur, Nordine Ghezielle.

L’épisode Traby avait marqué une cassure dans le relationnel entre le club d’athlétisme et la Mairie, et par la suite, le choix avait été imposé au club de stopper les recrutements de haut niveau, et le recours à des « mercenaires » du sport. Avec une priorité absolue donnée au couple Dahmani-Calvin, offrant tant de facettes positives, entre sa réussite d’un gamin issu des quartiers, son image d’icône féminine et maternelle. La petite famille Dahmani avait pris ses quartiers dans une belle maison du centre ville, à proximité de la mairie, d’une valeur d’environ 300.000 euros.

Une vidéo montre Clémence à Martigues, elle est au Maroc !

A la Mairie, on ne le cache, on appréciait que Clémence soit souvent présente sur le stade pour ses entraînements. Celle-ci ne lésinait pas pour mettre en avant Martigues à travers les réseaux sociaux qu’elle maniait avec une grande efficacité pour dévoiler ses photos, mêlant vie privée et sportive. Son fils Zaccharie, qu’elle protégeait au début sur ses photos, était plus fréquemment présent depuis l’Europe de Berlin, petit garçon attendrissant les cœurs, et positivant son image.

Les plus initiés n’avaient pas manqué d’observer que les photos et vidéos diffusés sur son compte Facebook ou Instagram ne reflétaient pas toujours la réalité, et réutilisaient d’anciennes situations. Ainsi le 30 mars, Clémence poste la vidéo de sa sortie longue, la dernière avant le marathon de Paris, affirme-t-elle. Elle y apparaît le long de la mer, à Martigues.

Cette séquence me surprend. Ce samedi 30 mars, les premières informations sur un problème de contrôle anti-dopage survenu au Maroc commencent à me parvenir. On ne sait pas encore qu’il s’agit d’un refus, et l’endroit où il a eu lieu. Officiellement, Clémence est toujours au Maroc. Cette vidéo brouille les cartes, en accréditant l’idée qu’elle est revenue en France. Dix jours plus tard, on ignore encore où le couple et son enfant se terrent. Avec toujours le même leitmotiv « Où est Clémence ? »…

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : Gilles Bertrand et FB de Clémence Calvin