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Maeva Danois et Emma Oudiou, comme de l’eau de source

Maeva Danois et Emma Oudiou s’illustrent sur le 3000 mètres steeple, en remportant la médaille d’argent et de bronze. La confirmation de leurs potentiels, et la réussite de deux groupes de référence, celui de l’INSEP de Bruno Gajer et Adrien Taouji et de Fontainebleau avec Thierry Choffin.

 

3000 m steeple drapeau a

Les larmes coulent sans retenue dans la zone mixte. La joie, la fatigue, la déception. Toutes les émotions se mêlent après ce steeple mené tambour battant par la Turque Tugba Guvenc. On la savait au-dessus du lot, avec ses 9’33’’, mais sa démonstration se révèle impressionnante, l’amenant à la victoire en 9’36’’, nouveau record du championnat malgré une chute à 300 mètres de l’arrivée.

Maeva Danois et Emma Oudiou ont su profiter de ce rythme soutenu. Pour preuve, les deux Françaises descendent sous le record de France espoir, de 9’47 »87, avec respectivement 9’40 »89 et 9’44 »74. Elles ont su, l’une et l’autre, se sublimer pour aller chercher les médailles d’argent et de bronze.

A l’arrivée, leur bonheur fait plaisir à voir. Avec à peine une petite once de déception pour Emma Oudiou, celle de se voir reprendre son propre record de France tout en faisant beaucoup mieux que sa marque précédente. Mais la protégée de Thierry Choffin se ressaisit vite en expliquant : « Les deux premières sont plus fortes que moi aujourd’hui. Je reviendrai dans deux ans pour la victoire. »

Une jolie manière de rappeler qu’elle a tout juste 20 ans et qu’elle pourra encore briller sur ce championnat. Et la satisfaction est encore plus forte, à considérer qu’elle a souffert d’une vilaine gastro à son retour de la Coupe d’Europe, l’amenant à l’hôpital et à une perte de poids de 3 kilos. C’est ce que révèle son entraîneur, Emma se veut discrète, et n’a surtout pas envie de se trouver la moindre excuse.

Emma Oudiou, combative jusqu’au bout

Pour Thierry Choffin, le soulagement est de mise après cet épisode qui l’avait inquiété sur la capacité d’Emma à courir le steeple ici, et il a aussi apprécié sa démonstration dans les derniers 300 mètres, où la Finlandaise Richarsson revient sur Emma. Elle répond par une grosse accélération, que le coach a appréciée : « C’est bien. Car avant, quand le physique flanchait un peu, le mental flanchait aussi. » Emma, elle, souligne avec vigueur : « C’était hors de question qu’elle me dépasse. Je n’avais pas fait 2850 mètres pour me faire manger ! »

Cette course apporte au coach la confirmation que sa protégée a franchi un cap cette année : « Elle aborde mieux la compétition. Au mondial junior l’année dernière, elle se liquéfie. Elle stressait trop. Depuis cadette, elle a d’énormes qualités mais elle était trop stressée. On a travaillé ça ensemble, c’est une fille très intelligente. » Et aussi une étudiante brillante, menant en parallèle une licence d’histoire après avoir assumé précédemment une double licence : « Elle a allégé ses cours. C’est pour cela qu’elle a progressé cette année ! »

Maeva Danois, nouvelle venue à l’INSEP

Pour Maeva Danois, cette année a aussi été celle des changements. Avec un virage radical. Celui de quitter l’entraîneur de ses débuts, Thierry Leroux, et de l’installation à l’INSEP pour y suivre ses études de podologie et intégrer le groupe d’entraînement de Bruno Gajer. Où elle évolue directement sous la houlette d’Adrien Taouji, l’assistant de Bruno Gajer depuis sept ans.

Maeva Danois

Maeva Danois

Adrien Taouji, qu’elle connaît très bien. Il est issu du même club qu’elle, celui de Mondeville-Hérouville, où il a évolué d’abord comme athlète, coureur modeste de 800 mètres jusqu’en 2008, et maintenant comme entraîneur d’un groupe demi-fond qu’il retrouve tous les week-ends. Le reste de la semaine, c’est à l’INSEP qu’il officie, devenu assistant de Bruno Gajer après avoir effectué à ses côtés son stage de Master 1 sur l’entraînement de haut niveau, enrichi ensuite par un Master 2.

Maeva l’admet, son arrivée à l’INSEP n’a pas été facile : « J’ai eu pas mal de pépins physiques. Il y a eu un temps d’adaptation. J’avais quitté ma famille. J’ai changé d’environnement. Mais j’ai pris le dessus. Je me plais beaucoup dans le groupe. On est solidaire. Ma saison estivale s’est très bien passée. J’ai compris les exigences du haut niveau. Je veux essayer de poursuivre l’ascension jusqu’au bout, tout en gardant une part de plaisir. »

Moins de stress, plus de plaisir

Et justement, du plaisir, elle avoue en avoir beaucoup pris ce soir durant cette course. Là aussi, le travail a payé : « J’ai franchi un cap de ce côté-là. J’ai beaucoup travaillé avec Christine Hanon, la femme de mon autre entraîneur, Bruno Gajer. Elle m’a aidée à avoir confiance en moi. Je ne ressentais pas de stress, j’étais bien relâchée. Le stress, oui, j’en ai toujours un peu mais pour l’adrénaline, pas un stress qui va me ronger, me bouffer mon énergie. »

Toute la course, sa sérénité s’est affichée. Elle a suivi à la lettre les consignes du coach : « Courir devant pour ne pas être gênée par son gabarit. Les autres ont une tête de plus ! Elle s’est mise aux avant postes, elle était très relâchée, très confiante. A mi course, j’ai vu qu’elle est dans un grand jour. Elle s’est mise à doubler, à suivre la Turque. C’était parti ! »

Maeva Danois valide ainsi les prévisions du coach qui explique : « Elle n’avait pas encore réussi le temps qu’elle devait cette année. Quand elle a couru en 9’15’’ sur 3000 m le 18 juin à Herouville, je lui avais dit que ça valait 9’40’’. Et elle le réussit aujourd’hui, le jour J ! » Autre satisfaction : elle supplante la Russe Ivoniva et la Slovène Mismas, qui valaient 9’33’’ et 9’35’’. Confirmant ainsi une autre affirmation de l’entraîneur : « Je lui avais dit que les 6 premières ont leur chance en finale, que le plus dur était la série. Maeva a très bien enchaîné les 2 courses. Elle est à son top niveau.»

Maeva l’a bien ressenti : « J’ai trouvé ma place de suite contrairement à la demi-finale. J’étais vraiment heureuse, aux avant postes tout en étant derrière la tête. C’est un grand souvenir. »

 Texte : Odile Baudrier
 Photos : Gilles Bertrand

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3000 m steeple oudiou danois a

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Maeva Danois et Adrien Taouji

Maeva Danois et Adrien Taouji