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Les injections de fer, le secret des marathoniens japonais ?

Cette saison, les marathoniens japonais ont brillé au plus haut niveau. On retrouve ainsi trois Japonais dans le TOP 50 mondial, avec la justification d’un plan de développement spécial marathon mis en œuvre dans l’optique des JO de Tokyo 2020. Mais une information récente de la fédération d’athlétisme du Japon sème le trouble, en pointant du doigt l’usage trop répandu des injections de fer. Est-ce là le véritable secret de cette réussite ?

 

japon marathon

Le sujet est très iconoclaste, et ne ravira pas les aficionados des marathoniens japonais. C’est pourtant bien la Fédération d’Athlétisme du Japon, la JAAF, qui a lancé cette bombe sur l’abus des injections de fer par les jeunes coureurs japonais.

Un vrai cri d’alarme pour inciter à l’arrêt de telles pratiques. Et ce sont carrément les jeunes athlètes qui sont présentés comme les victimes de leurs entraîneurs, peu scrupuleux, et tellement avides de réussite dans les compétitions scolaires et universitaires qu’ils sont prêts à leur effectuer des injections de fer pour booster leur niveau.

La JAAF veut que de telles pratiques cessent, en avançant les risques majeurs présentés par de telles piqûres, à court terme les dommages du foie, et à moyen terme, les risques de cancer, et en reconnaissant aussi leur caractère non éthique sur le plan sportif.

Ce n’est pas la première fois que la JAAF admet ces dérives, mais les simples avertissements donnés aux coachs n’ont pas suffi à les éradiquer, et elle a décidé maintenant de leur interdire de les utiliser, et de les réserver à une utilisation uniquement sur avis médical. Elle a tenu également à annoncer que des tests sanguins seraient mis en place en 2019 lors du Championnat National Universitaire d’Ekiden. Et dès ce mois de décembre, ce sont les autorités médicales de Kyoto qui ont demandé aux hôpitaux de ne pas injecter de fer aux étudiants avant le championnat national d’Ekiden.

Le record du Japon battu deux fois en 2018

Une situation lourde de signification, à un moment où les marathoniens japonais ont fait irruption au plus haut niveau mondial avec des performances chronométriques exceptionnelles. On retrouve ainsi trois Japonais dans le top 50 mondial 2018, tous les trois sous les 2h07’. Suguro Osako (2h05’50’’), Yuta Shitara (2h06’11’’) et Hiroto Inoue (2h06’54’’) sont les seuls non Africains à y figurer, (avec l’exception de l’Américain Galen Rupp). Le marathon japonais marquait ainsi une progression forte, avec un record du Japon amélioré à deux reprises en quelques mois, d’abord amélioré par Shitara en février, puis par Osako en octobre, balayant ainsi une marque qui datait de 2002.Avec en justifications à ces gros progrès, plus de moyens dédiés pour drainer de jeunes talents japonais, avec en ligne de mire, les JO de  Tokyo 2020, et l’objectif qu’ils brillent devant leur public, connu pour son extrême nationalisme.

kawauchi

Mais au-delà de ces gros chronos, la discipline s’était aussi illustrée à travers Yuki Kawauchi, avec sa victoire au marathon de Boston ce printemps, certes dans un chrono de 2h15’57’’. Celui-ci s’est mué au rang d’icône dans son pays surtout par sa capacité à enchaîner les épreuves au point d’avoir couru cette saison 12 marathons, comme en 2017 et 2015 (et 9 en 2016). Ce stakhanoviste s’est fait une spécialité de cette accumulation de compétitions à travers le monde entier, démontrant une capacité de récupération hors normes, qui ne peut évidemment qu’interpeller même si les chronos réalisés en 2018, variant entre 2h11’29’’ et 2h27’43’’ se situent très en deçà de son record personnel de 2h08’14’’ datant de 2013.

Il reste que face à cette explosion de performances exceptionnelles, demeurera l’interrogation sur cette mauvaise habitude des coachs scolaires. S’étend-elle jusqu’à l’élite nationale ??

> Texte : Odile Baudrier

> Photo : D.R.

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