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Le report des JO 2020 avantage les ex-dopés

Le report des JO à 2021 aura une conséquence surprenante, celle de permettre à de très nombreux ex-dopés de pouvoir être présents à Tokyo. Ce sont en effet plus de 150 athlètes qui ont une suspension qui s’achève entre juillet 2020 date d’ouverture prévue pour les JO, et juillet 2021, nouvelle date programmée.

Les conséquences du report des Jeux Olympiques de Tokyo seront évidemment multi-formes. Le volet anti-dopage n’échappe pas à quelques soubresauts. Avec d’abord la difficulté à poursuivre les contrôles en pleine pandémie. L’Athletics Integrity Unit n’a pu que prendre acte de l’allègement, voire l’arrêt complet des programmes dans les différents pays soumis au confinement.

Face à cette situation qu’on peut résumer par la formule « Open Bar » au dopage, l’AIU a montré les dents, en lançant un avertissement aux athlètes. En cas de contrôle positif d’ici les JO de Tokyo 2021, les sanctions seront exceptionnellement allongées. Pour leur interdire à la fois les JO de Tokyo, et les JO de Paris en 2024.

Une mesure radicale prise alors qu’est apparu un point très particulier, celui du retour massif devenu possible pour les ex-dopés suite au report d’un an des JO de Tokyo. Une compilation des listes des athlètes sanctionnés pour dopage fait en effet apparaître qu’ils sont 154 à voir leur suspension s’achever entre juillet 2020 et juillet 2021. Le report les avantage de manière radicale, en leur ouvrant la porte à une participation olympique, qu’ils n’auraient pu connaître dans la situation normale. Il s’y ajoute aussi les 87 athlètes dont la sanction se terminait dans les premiers mois de l’année 2020, et qui auraient pu, eux, disputer les JO de Tokyo.

Un nombre qui apparaît très important. Mais comme l’a expliqué l’AIU à Liam Morgan, journaliste pour le site « Inside The Games » : « Ce point est hors de notre contrôle. Les sanctions sont fixées en durée, et ne sont pas liées à un évènement particulier. »

Beaucoup d’ex-dopés sont trop vieux, ou de niveau trop faible

Pour autant, faut-il craindre une déferlante d’anciens dopés dans les start lists des JO 2021 ? Une analyse rapide des noms et âges des athlètes concernés ne s’avère guère concluante. Il y figure en effet des athlètes qui n’ont jamais eu et qui n’auront jamais le moindre espoir olympique.

Ainsi pour la France, voici quelques personnes concernées par cette « possibilité » : Mounir ACHERKI – Saïd BELHARIZI – Nicolas FERNANDEZ – Abdelhadi FETTAH – Amandine GUYOT. Elles atteignaient en réalité à peine le niveau national au moment de leur suspension !

Une situation commune à de très nombreux athlètes figurant dans cette liste des suspendus, qui recensent aussi bien les sanctions prises par les différentes agences anti-dopage, que celles décidées par l’AIU pour des athlètes d’élite.

L’Inde, qui comptabilise 48 suspensions, apparaît ainsi très bien représentée dans cette liste des fins de suspension en 2021, ce qui témoigne de l’offensive forte menée par le pays en 2017, pour torpiller le dopage mais là encore, il s’agit d’athlètes de très petit niveau, et qu’on aurait eu du mal à retrouver aux JO.

Dans d’autres cas, la retraite a bel et bien sonné pour ces athlètes suspendus, qui affichent un âge plus qu’avancé, laissant improbable un come-back au top niveau. Ainsi pour la Marocaine Mariem SELSOULI, 37 ans en 2021, et suspendue au total huit ans. La sauteuse en hauteur russe SLESARENKO, 39 ans ou encore la sprinteuse GUSCHINA, 38 ans. La liste comporte aussi quelques noms qui prêtent à rire, comme celui de l’Américain MCPHERSON, qui affiche tout simplement 65 ans, contrôlé positif lors d’un Championnat National indoor Masters !

La Russie, beaucoup d’athlètes, mais suspendue par l’IAAF

Il s’y ajoute aussi qu’un gros contingent de ces athlètes est issu de la Russie, leader mondial avec 91 Russes sur la liste des athlètes suspendus. Mais la Russie demeure actuellement interdite par l’IAAF, et sa réintégration apparaît peu vraisemblable d’ici l’année prochaine, même si les autorités russes essaient de profiter de la pandémie pour voir leur sanction levée. Parmi les 29 athlètes russes «en fin de droits » susceptibles de se qualifier, quelques références, comme le marcheur BORCHIN, le champion olympique 2008, et champion du monde 2011, mais cette possibilité ne pourra qu’être « virtuelle » pour celui qui n’a plus disputé de compétition depuis 2013 du fait de ses deux suspensions successives.

Malgré tout, quelques come-back seront à suivre, ceux d’athlètes au top niveau mondial avant leur sanction et encore jeunes. Comme pour le Qatari Mohamed El GARNI, 29 ans, ou l’Algérien Ali MESSAOUDI, 26 ans, et de retour à l’entraînement sur les stades depuis plus d’un an. Les deux sprinteuses sud-africains, Simone VAN DER NEST et Veruschka WOERST, à peine 20 ans lors de leurs contrôles, seront-elles à nouveau présentes ?

Quelle sera aussi la situation du côté du Kenya ? Les futures compétitions le dévoileront. Car le pays compte 57 sanctionnés, et ils sont 21 qui verront leur période de suspension s’achever avant les JO. Parmi eux, des athlètes de tous niveaux, d’âges variés, et donc des pronostics difficiles à faire. Une chose est certaine, Jemima SUMGONG, la championne olympique de marathon 2016, ne pourra profiter du report. Une deuxième suspension de quatre ans lui a été infligée après son contrôle positif survenu en février 2017. A défaut, elle aurait pu prétendre à se qualifier pour ces JO du report !

  • Texte : Odile BAUDRIER
  • Photo : DR
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