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Le mental en or des relayeuses françaises

prague select day 3 7Un beau final pour ce Championnat d’Europe avec la victoire du relais féminin 4 fois 400 mètres. La France achève ce championnat au 2ème rang européen avec 5 médailles.

 

Les images tournent en boucle dans les mémoires. Celles du championnat du monde de Moscou en 2013. Les relayeuses françaises du 4 fois 100 mètres destituées alors qu’elles étaient déjà montées sur le podium pour recevoir leur médaille d’argent.

Dans le sous-sol glauque de l’arène O2, l’ambiance est tendue. Ghani Yalouz, Mehdi Baala, Souad Rochdi, Adrian Verdugo, de la FFA patientent aux côtés de Julien Mauriat de l’AEA.

Télés et radios françaises sont en stand by. Les belles images des relayeuses radieuses après leur médaille et leurs mots de joie sont déjà en boîte. Elles ont juste eu le temps de sortir de la zone mixte que tombe la nouvelle d’une réclamation déposée par l’Ukraine à l’encontre de la France.

Les médailles remises au banquet de clôture

Chacun y va de son explication. Le Président Bernard Amsalem arrive en catastrophe, il a bien vu la scène, elle s’est déroulée sous ses yeux, le bâton tenu par Flora Guei aurait touché une Ukrainienne qui se serait retournée, inquiète d’avoir été heurtée. C’est ce geste qui aurait provoqué la réclamation de l’Ukraine, pourtant seulement 5ème.

Ghani Yalouz transpire de plus en plus. Son visage est crispé. Il répète : « Cela me rappelle Moscou ! » Néanmoins même si l’issue était  négative, l’histoire ne serait pas tout à fait la même à Prague. La cérémonie de remise des médailles des relais est programmée à 22 heures à l’hôtel des athlètes durant le banquet de clôture. Une manière d’éviter le traumatisme de recevoir une médaille dans un stade comble pour la restituer ensuite…

Le DTN a trouvé une raison de plus pour espérer que la médaille reste aux filles : « C’est un beau symbole pour la journée de la femme ! » Un joli alibi pour gommer que le bilan féminin de ce championnat est terne, sans une seule médaille individuelle.

Le fair play de Marie Gayot

Avec une équipe praguoise plus que réduite, les errements des unes et des autres ont été payées cash, Eloyse Lesueur en transition de technique dans la douleur à la longueur, Antoinette Nana Djimou balayée par l’ouragan Katarina Johnson-Thompson au pentathlon. Et Renelle Lamotte en souffrance sur le 800 mètres, éliminée avant la finale qui sera remportée par une coureuse de son niveau, la Suissesse Selina Buchel…

Autant de déceptions souvent traduites en termes amers  à leur sortie de la piste. Pourtant après sa 5ème place dans sa finale de 400 mètres, Marie Gayot s’était située en contre-point de tels états d’âme. Cette charmante blonde avait pourtant toutes les raisons de s’apitoyer sur son sort, bousculée dans les derniers mètres alors qu’elle pouvait encore espérer un podium après une course très volontaire. Mais la jeune athlète ne s’offusquait pas plus, soulignant : « On m’a marché dessus. Ce sont les aléas de la salle, point barre. »

Immédiatement après son arrivée victorieuse, avec ses coéquipières, Marie Gayot revenait à nouveau sur la particularité de l’indoor : « Nous avons toutes été poussées au moins une fois ! » Comme une prémonition de ce qui allait se produire avec cette réclamation de l’Ukraine…

Mais cette fois, l’examen de cette requête ne sera pas interminable. Tout à coup, un téléphone  sonne. La demande ukrainienne a été rejetée. La médaille d’or demeure française, et amène ainsi la France au 2ème rang européen. Le staff fédéral n’a plus qu’à se réjouir pour analyser que ce résultat est atteint par une équipe réduite, de seulement 27 athlètes.

Agnès Raharolahy, une battante au 3ème relais

Les quatre relayeuses peuvent se relâcher et se réjouir pleinement. L’engagement du quatuor a été total. Floria Guei avait dû surmonter son extrême anxiété engendrée par son changement de position, passant du dernier relais au premier. Elea Mariama Diarra s’avouait satisfaite d’avoir réussi de cette manière son arrivée dans cette équipe, et le jour même de ses 25 ans !

Dans ce quatuor, Agnes Raharolahy s’est particulièrement illustrée, remontant de la 4ème à la 1ère place, mais la timide athlète a une toute explication toute simple pour expliquer la victoire de ce jour : « On se connaît bien maintenant. C’est plus fluide entre nous ! »

Marie Gayot , elle aussi, s’est  distinguée, conservant cette place de leader, avec une meute vindicative aux fesses. Elle ressort de ce relais convaincue par une seule chose : « Il n’y a que le mental qui joue ! »

Et ce soir, à Prague, le mental était en or…

    Texte : Odile Baudrier

    Photos : Gilles Bertrand

Du grand art que ce relais sans faute et une médaille en or qui fait plaisir