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Le groupe d’entraînement Rosa testera ses athlètes au Kenya

Aux grands maux, les grands remèdes. C’est ainsi que le docteur Rosa a réagi après l’annonce de plusieurs cas de dopage au Kenya, avec surtout celui de Rita Jeptoo, marathonienne entraînée dans son groupe. Le docteur Rosa a choisi de réagir d’une manière inédite, en important au Kenya une machine pour tester le sang des athlètes de son groupe.

Claudio Berardelli, entraîneur du groupe Rosa au Kenya, sous les critiques après le contrôle positif de Rita Jeptoo

Claudio Berardelli, entraîneur du groupe Rosa au Kenya, sous les critiques après le contrôle positif de Rita Jeptoo

A 73 ans, Gabriele Rosa n’a rien perdu de son mordant, et de son attrait pour le Kenya, qui lui a souvent fait répéter : « C’est mon deuxième pays ! » Le coach italien compte une relation de près de 50 ans avec ce pays, où il a été le précurseur, installant le premier camp d’entraînement, et conseillant quelques-uns des plus grands athlètes kenyans. Avec des noms tels que Moses Tanui, Paul Tergat…

La réputation du Docteur Rosa a souvent été questionnée, autour du point crucial du dopage, vu son origine italienne, où plusieurs scandales ont été révélés. Mais aucun fait officiel n’est jamais venu étayer ces rumeurs. Jusqu’au contrôle récent de Rita Jeptoo, l’une des plus grandes marathoniennes mondiales, avec ses victoires à Chicago et Boston, et qui faisait partie du groupe coaché à Eldoret par Claudio Berardelli.

Claudio Berardelli est l’homme de terrain du Docteur Rosa, présent dans la Rift Valley depuis près de 10 ans, supervisant les entraînements et accumulant les succès avec Martin Lel, Duncan Kibet, Margaret Okayo, ou encore Robert Cheruiyot. C’est tout jeune, à 25 ans seulement, que cet ancien cycliste et universitaire a mis le cap sur le Kenya, pour y poursuivre l’œuvre de son « mentor », comme il appelle Gabriele Rosa.

Très vite, sous son impulsion, les performances s’emballent, en particulier au printemps 2009, où en seulement une semaine, treize Kenyans courent entre 2h 04’ et 2h09’. C’est juste après cette explosion, que nous l’avions rencontré à Eldoret, et bien sûr questionné sur les rumeurs de dopage. Mais Claudio Berardelli avait totalement réfuté de tels soupçons, répétant à l’envie : « Les Kenyans n’ont pas besoin de dopage ! »

Le jeune entraîneur avait préféré insisté sur sa méthode innovante, allégeant les kilométrages, et l’impact très positif de l’entraînement en groupe, générant une dynamique de performance. Mais il avait tout de même attiré notre attention sur le fait que : « Peut-être dans les 5-6 ans à venir, ils auront besoin de dopage. »

Claudio Berardelli, entendu dans le cas de Rita Jeptoo

Et neuf ans plus tard, les donnes ont changé, avec les contrôles positifs se succédant, et Claudio Berardelli se retrouve dans l’œil du cyclone, avec celui de Rita Jeptoo, qu’il conseillait. Immédiatement, le coach a pris ses distances avec elle et son mari, mais a dû tout de même être entendu par la commission de la Fédération du Kenya chargée de statuer sur ce cas, de même que Federico Rosa, le fils du Docteur, en charge lui, de la fonction de manager des athlètes.

Dans l’attente de la décision de cette commission, le Docteur Rosa a repris l’initiative de manière forte en annonçant l’introduction de tests sanguins parmi les athlètes de leur groupe, afin de valider leur «propreté ». Et pour cela, l’acquisition d’une machine destinée à ces analyses.

Un acte symbolique pour tenter de laver une réputation grandement altérée. Pour un tout petit investissement financier. A peine 10.000 euros, ce n’est pas grand-chose pour un groupe comptant une trentaine de coureurs, capables de remporter de grands ou moins grands marathons internationaux pour des primes pouvant atteindre 200.000 euros.

Ce geste sera-t-il suffisant pour restaurer la confiance à l’égard de « Rosa Associati » ? L’avenir le dira. Surtout au vu des décisions qui seront prises par la Fédération du Kenya suite à l’instruction du cas Jeptoo.

Ou bien l’image de marque du groupe et de tous les Kenyans sera-t-elle durablement entachée ? Déjà en 2009, Claudio Berardelli s’offusquait avec exubérance de ce qu’il appelait « La cultura del Suspecto ». Or maintenant, on peut parler de « Cultura del Dopage »…

> Texte : Odile Baudrier

> Photo : Gilles Bertrand