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Le Festival des Templiers, actif dans l’anti-dopage

La question du dopage n’épargne pas le trail. Cela tient à sa médiatisation et à l’intérêt que l’on porte désormais à cette discipline, à certaines performances réalisées sur lesquelles des doutes se font sentir, le tout enrichi bien entendu par les quelques cas positifs recensés même s’ils sont rares. Gilles Bertrand, créateur, avec Odile Baudrier, du Festival des Templiers, qui fête sa 25ème édition cette année, a livré le point de vue de l’organisation sur cette problématique, à travers quelques questions-réponses.

. Des contrôles ont-il lieu chaque année sur les Templiers ? 
– Les premiers ont eu lieu en 1997 avec cette année-là l’organisation d’un mini colloque sur le dopage en marge de l’épreuve, animé en particulier par Christophe Bassons (qui a disputé par la suite plusieurs fois le Grand Trail des Templiers). Chaque année, l’organisation s’est battue pour que l’AFLD délègue des contrôles en intervenant même auprès du directeur des contrôles pour avoir la certitude que des prélèvements auraient bien lieu.
Depuis plus de 10 ans, des contrôles sont mis en place le dimanche pour le Grand Trail des Templiers, et parfois le vendredi (pour l’Endurance Trail). Jusqu’à 16 contrôles en 2017. Les contrôles effectués en 2018 ont comporté à la fois des prélèvements sanguins et urinaires.

. Les contrôles réalisés en compétition sont-ils suffisants ?
– Bien sûr que non car les protocoles de dopage actuels permettent de déjouer les contrôles réalisés en compétition.

. Les trailers de haut-niveau sont-ils contrôlés en inopiné à domicile ou lors de stage ?
– En principe, ils peuvent l’être selon les nouvelles lois sur la lutte anti dopage mais en réalité, de tels contrôles sont pratiquement inexistants. Notons toutefois que lors du dernier stage Equipe de France organisé dans le Cantal, les hommes ont été contrôlés en inopiné. Aujourd’hui un trailer s’entraînant à l’étranger n’a aucun risque d’être contrôlé lors de ce stage. 
Précisons que les coureurs d’élite trail ne sont pas inscrits sur les listes de haut niveau de l’IAAF. Ils ne font donc l’objet d’aucun suivi, d’aucune localisation.
De même en France, à ce jour, aucun trailer n’est référencé dans le groupe cible AFLD entraînant notamment l’obligation de se localiser au quotidien. En date de mars 2019, seuls 53 athlètes sont inscrits mais ils appartiennent tous à l’univers route et piste.

. Cette situation est-elle la même à l’étranger ?
– D’une façon générale, le trail échappe encore totalement à l’anti dopage et évolue pratiquement en toute impunité. Les quelques cas positifs cachent un vaste océan d’hypocrisie. Et ne parlons pas des Etats Unis où les contrôles en compétition (pour ne parler que de ceux-là) sont quasiment inexistants. De même pour des nations telles que l’Erythrée et l’Ouganda dominant aujourd’hui la course de montagne, aucun contrôle, ni suivi biologique ne sont organisés dans ces pays où les agences anti dopage ne fonctionnent pas.

. Que penser des AUT ? 
– Les autorisations à usage thérapeutique sont une nécessité pour les personnes souffrant d’une pathologie qui les oblige à se soigner avec des médicaments figurant sur la liste des produits interdits. Comme c’est le cas pour les diabétiques, utilisant l’insuline, présente dans la catégorie des Modulateurs hormonaux et métaboliques. Mais les AUT sont aussi largement détournées de leur vocation première, par des sportifs peu scrupuleux, et ils sont aussi la porte ouverte à un usage abusif de produits interdits avec en tête de liste les corticoïdes. Ainsi la prise de corticoïdes prescrits pour le traitement de problèmes d’allergie peut en réalité couvrir celle du Kenacort, aux effets boostant sur la performance.

. Accorder des primes en trail est-ce une incitation au dopage ? 
– La réponse est partagée. Sur le Grand Trail des Templiers, les primes ont été introduites en 2011, et cette année, il sera distribué 30.000 euros. Sur les premiers Templiers, sans primes accordées, un cas de dopage a été enregistré (coramine glucose). Idem pour l’UTMB avec un cas positif, cette fois à l’EPO, alors que cet ultra ne versait pas de primes en 2016.
Le dopage prend racine pour maintes raisons. Citons les principales, l’argent des primes de course, les contrats financiers des marques, les primes de victoires, podiums, médailles accordées par les partenaires, le simple fait d’intégrer un team, le facteur personnel (existé et être reconnu dans une communauté, parmi ses proches), une sélection internationale, vivre une seconde carrière sportive après une première dans un autre sport…

. Les Templiers sont adhérents du programme Quartz, est-ce également un moyen de lutter contre le dopage ?
. L’épreuve est adhérente au programme Quartz, plus dans un souci de santé des athlètes que dans une logique anti dopage, même si cette veille peut apporter des indicateurs sur l’auto-médicamentation ou pire sur la prise de produits dopants. C’est plus un instrument de prévention qu’un système répressif mais qui va dans le sens d’une démarche pour tenter de garantir et préserver au mieux une pratique saine et respectueuse.

. Au final, le trail est-il vraiment perverti par le dopage ? 
– Pour répondre à une telle question, il faut des preuves tangibles et quantifiables. En s’appuyant soit sur un nombre de cas positifs en forte progression, soit sur un nombre d’affaires de trafic lui aussi en forte progression, ce qui pour l’instant n’est pas le cas. 
Donc aujourd’hui, on peut juste pointer du doigt l’absence de contrôles inopinés à domicile et lors des stages, l’absence de suivis biologiques, l’absence de localisation des élites, l’absence des élites sur les groupes cible, le désintérêt pour le trail (voire la méconnaissance totale) d’un très grand nombre de fédérations nationales. C’est donc la porte ouverte à tous les abus et à toutes les suspicions qui peuvent empoisonner et ternir cette discipline.