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Le code génétique, l’outil anti-dopage du futur ?

Dans l’avenir, les athlètes sélectionnés aux Jeux Olympiques devront-ils déposer leur code génétique ? L’agence Mondiale Anti-Dopage explore cette piste pour améliorer la lutte anti-dopage, et permettre la détection du dopage génétique, l’une des grandes inquiétudes des experts pour le futur.

 

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Quelques centaines de dollars seulement pour dresser le génome complet d’une personne. L’opération n’est plus un luxe, et les responsables de l’anti-dopage escomptent bien en tirer partie. C’est ainsi que début février, selon le site « wired.com » la direction de l’Agence Mondiale Anti-Dopage a évoqué pour la première fois cette méthode, en vue de son intégration dans la lutte anti-dopage.

Comme le souligne le journaliste Eric Niller, l’établissement d’une séquence génétique complète s’inscrirait dans la continuité du passeport biologique, créé en 2008, pour faire apparaître les variations de divers indicateurs, sanguins et hormonaux, et permettre ainsi de détecter les tricheries éventuelles, même en l’absence d’un contrôle anti-dopage positif.

Depuis cette date, ce sont près d’une centaine athlètes que l’IAAF a ainsi suspendus pour des irrégularités, dévoilant l’utilisation de produits interdits et/ou de méthodes interdites. Avec deux Français dans cette liste, Riad Guerfi, sanctionné à l’automne 2017, et Anouar Assila, suspendu fin 2017.

Avec la séquence génétique, l’AMA s’inscrit à nouveau dans une démarche novatrice, en vue d’anticiper le dopage génétique, le cauchemar de tous les experts de la lutte anti-dopage. Les progrès effectués par les laboratoires pharmaceutiques dans le domaine de la manipulation génétique en vue du traitement de maladies orphelines, avec l’injection d’un gène dans un muscle humain, visant à les soigner, sont fulgurants.

Or il est acquis que toute recherche médicale innovante se voit plus ou moins rapidement récupérée par les adeptes du dopage, prêts à les utiliser ou faire utiliser par des sportifs peu regardants, y compris si ces nouveaux traitements n’ont pas fait l’objet de tests sur les humains…

L’Allemand Springstein utilise le Repoxygen, pourtant jamais produit !

Diverses recherches laissent à ce jour apparaître une seule affaire, celle du « Repoxygen », qui modifie le gène qui contrôle la production des niveaux d’oxygène sanguin. Selon le site allemand « dw.com« , l’entraîneur Thomas Springstein aurait été suspecté en 2005 d’avoir tenté de l’utiliser, mais les preuves n’ont pas formellement été constituées à l’encontre de cet ex-Allemand, coach de Katrin Krabbe et Grit Breuer, toutes les deux suspendues en 1992 pour l’usage de stéroïdes.

springstein

Le « Repoxygen » avait été conçu par « Biomedica », une firme britannique pharmaceutique, mais n’avait jamais été produit. Pourtant, l’Allemand Springstein avait, apparemment, réussi à se procurer ce prototype…

Même si ce cas est apparu très isolé, les experts anti-dopage ne veulent pas perdre de temps pour détecter très rapidement les adeptes de cette technique de l’extrême. Les conseillers scientifiques de l’Agence Mondiale Anti-Dopage estiment qu’une bonne parade serait d’obtenir que les sportifs déposent leur code génétique complet, ou a minima, les segments contenant des gènes associés à la performance sportive.

Justement, quels gènes sont vraiment concernés ? Cela reste à déterminer, avec déjà quelques pistes. Une manipulation du gène régulant la myostatine, qui bloque le développement du muscle. Ou de celui qui régule les niveaux d’oxygène sanguin, ou la diminution de l’acide lactique après un effort difficile. Les champs d’action sont larges…

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R. et DPA