Le Britannique Robert Young, qui a remporté la Trans America en 2015, s’est attaqué fin mai au record de la traversée en solo des Etats-Unis. Mais sa tentative est mise en cause par des coureurs américains, qui le suspectent de tricherie. A 33 ans, Robert Young est une icône en Angleterre, par son histoire incroyable. Enfant battu dans son enfance, ancien triathlète de haut niveau, il découvre le marathon en 2014, il courra 370 marathons et ultras en 1 année, expérience relatée dans un livre, et largement relayée par les médias britanniques.
Robert Young s’est attaqué le 14 mai au défi d’établir un nouveau record de la Traversée des Etats Unis, pour gommer les 46 jours 8 heures et 36 minutes, datant de 1980. L’homme sait de quoi il parle, il a remporté l’édition 2015 de la mythique « Trans America », longue de 3100 miles.
Impossible de le trouver en pleine nuit à Lebo ?
Mais Robert Young se voit mis en cause pour tricherie aux Etats-Unis sur le forum du site « Let’s Run » avec une grande virulence. L’histoire débute le 1er juin lorsqu’Asher Delmott, un coureur de Lebo dans le Kansas, décide de le rejoindre pour effectuer quelques foulées à ses côtés. Selon Asher Delmott, au cœur de Lebo, à 1 heure du matin, il découvre bien le véhicule de Robert Young, roulant à la vitesse d’un coureur à pied, mais pas de coureur à pied…
Asher Delmott étaye ses affirmations par des vidéos, où le coureur n’est pas visible, et lance le débat sur le forum de « Let’s Run » le 6 juin. Le site américain, connu pour avoir déjà dévoilé plusieurs tricheries aux Etats-Unis, s’enflamme de suite pour cette histoire, et en une semaine, ce sont plus de 100 pages qui seront publiées, avec environ 2300 posts…
MarathonManUK, un héros en Grande Bretagne
Le parcours de Robert Young y est passé à la moulinette. Et les incohérences pointées du doigt dans l’histoire de cet homme, une icône en Grande Bretagne. « Marathon Man UK » comme il y est appelé, a débuté sa vie de manière tragique, martyrisé toute son enfance par son père, et confié à un orphelinat à l’âge de 6 ans. Il intègre l’armée britannique où il se consacre au triathlon, accumulant des performances et podiums. Mais c’est en 2014 que sa vie s’incurve, il découvre le marathon de Londres à la télé, et décide de se lancer dans la course à pied. Ce sera le début d’une véritable addiction qu’il a dévoilée dans son livre « Marathon Man: One Man, One Year, 370 Marathons. », il affirme avoir couru un marathon chaque matin dans Richmond Park avant de partir au travail, il y a ajouté diverses compétitions pour totaliser 370 marathons et ultras courus en un an, et le compteur monte ensuite à 420 marathons et ultras courus en 420 jours. Un projet orchestré autour d’un engagement fort auprès d’actions humanitaires soutenant les enfants victimes de violences, comme il l’a été, et largement relayé dans la presse britannique, où Robert Young est élevé au rang de héros.
L’équipe de Robert Young conteste
Autant dire que la polémique autour des performances de Robert Young apparue aux Etats-Unis est accueillie avec une certaine hostilité en Grande Bretagne, et les témoignages de soutien se multiplient sur le compte Facebook dédié à ce projet. Robert Young et son équipe de suiveurs y ont réagi pour contester ces supputations, soulignant que plusieurs personnes les ont facilement trouvés à partir du tracker mis en place sur le site, et produisant des photos de ses montres Tom Tom ou encore les images captées par une Go Pro accrochée sur le van.
Selon le tracker, Robert Young est sur la voie de la réussite dans son projet, il a avalé 67 miles par jour en moyenne depuis le début de son périple, montant certains jours à plus de 80 miles. Et ses détracteurs de pointer du doigt que sa moyenne s’est brutalement effondrée après le début de la polémique sur « Let’s Run » ainsi que les incohérences sur son allure, il évoluerait fréquemment à une vitesse égale ou supérieure à celle de son meilleur chrono sur marathon (3h07’ à Londres 2015).
Un crowfunding lancé pour tenter d’y voir plus clair
Toutefois à noter qu’avant même ce problème, Robert Young a connu des journées plus « light » en kilométrages, comme les 22 mai (22 miles) et 24 mai (25 miles).
Pour tenter d’y voir plus clair dans cette troublante affaire, sur laquelle une page nommée « Robert Young Investigation » a été créée, un crowdfunding a été lancé à l’initiative de Gary Cantrell, le créateur de la mythique « Barkley », pour constituer une équipe de coureurs susceptibles d’accompagner Robert Young durant une semaine complète. Ce serait ainsi un excellent moyen pour couper court à cette polémique très perturbante, puisqu’elle a amené en parallèle à une remise en cause de nombreux aspects de la vie de Robert Young.
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.