Aller au contenu

La justice espagnole surveille Jama Aden

Après les gardes à vue de Jama Aden, du kiné Mounir Ouadir, et de l’athlète Musaeb Balla, la justice espagnole a décidé de retirer leur passeport au trio, et de les astreindre à une visite mensuelle à la police. L’enquête se poursuit avec l’analyse des éléments saisis durant les perquisitions menées à l’hôtel Arraohna de Sabadell.

 

JAMA ADEN

Jama Aden libre et innocent ? C’est bien le message que véhicule le clan Aden, avec en chef de file, Aleyman Souleiman, qui utilise son profil Instagram pour affirmer que le coach, ainsi que Musaeb Balla, ont été libérés sans charge à leur encontre.

Une jolie manière de réécrire l’histoire… Jama Aden, comme Musaeb Balla, et Mounir Ouadir, ont bien été libérés par le juge d’instruction de Sabadell chargé de statuer à l’issue de leur garde à vue auprès de la police catalane, « Los Mossos d’Esquadra ». Selon les informations de El Pais, le Procureur avait sollicité leur maintien en détention provisoire, en raison de son inquiétude sur la possibilité qu’ils fuient l’Espagne. Mais le juge d’instruction a préféré opter pour la solution du retrait de leur passeport et de l’obligation d’une une visite mensuelle auprès de la police catalane, pendant que l’enquête se poursuit. Une mesure somme toute équitable pour des personnes mises en cause pour des trafics de produits dopants, mais en aucun cas, de délits de droit commun…

Libérés, mais pas innocentés

Est-ce pour autant synonyme d’innocence pour le trio ? Pas le moins du monde. Les informations de la police catalane confirment que l’enquête se poursuit, avec l’analyse des téléphones, ordinateurs, documents saisis durant les perquisitions menées à l’hôtel Arraohna de Sabadell. La Police Catalane a également communiqué sur les quantités de produits saisis, avec 62 seringues déjà utilisées, 23 seringues pré-remplies d’EPO, 6 flacons de différentes EPO, contenant de l’Eprex, Aranesp, Naorecormon, Eporin, ainsi que 320 bouteilles et flacons de médicaments injectables, non dopants, mais interdits en Espagne.

Selon certaines informations, la quasi-totalité de ces produits auraient été saisis dans la chambre du kiné, Mounir Ouadir,  et une petite quantité d’EPO dans celle de Musaeb Balla. Autant d’éléments à manier avec précaution, mais qui apportent évidemment du crédit aux défenseurs de Jama Aden, qui argumentent sur le fait qu’il ignorait les agissements du kiné de son équipe…

Jama Aden jette des seringues dans les poubelles

Une défense toute trouvée que celle de désigner un bouc émissaire, mais la police espagnole a dévoilé un élément d’information très important qui incrimine directement Jama Aden. La surveillance policière exercée durant 4 semaines avant la descente du 20 juin a permis de le voir quitter l’hôtel le 31 mai pour jeter dans un conteneur et plusieurs poubelles une seringue utilisée et tachée de sang, et une bouteille vide d’un médicament illégal en Espagne. Et il répétait cette même opération les deux jours suivants, mais en optant pour des poubelles différentes. D’où la conviction pour « Los Mossos » que le coach de Genzebe Dibaba cherchait visiblement à dissimuler des éléments douteux…

Quel sera maintenant l’avenir sportif de Jama Aden ? Le verra-t-on à nouveau sur un stade, comme certains observateurs le pensent ? Un premier élément de réponse pourrait être donné le jeudi 30 juin pour le meeting de Barcelone où Genzebe Dibaba demeure annoncée. Mais déjà, des mesures de rétorsion apparaissent. Le manager suédois du groupe Jama Aden, a annoncé officiellement aux managers et directeurs de meeting qu’il stoppait toute collaboration avec les protégés du coach. Selon le journaliste algérien Chafik Boukabes, le Qatar aurait décidé de limoger son coach vedette, et en  parallèle, la Fédération Ethiopienne a pris ses distances avec Jama Aden…

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.