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La grande lessive de l’athlé mondial

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L’IAAF a décidé de contre-attaquer. La Fédération Internationale a commencé à lâcher des noms afin de prouver l’efficacité de sa politique anti-dopage. La première à tomber pourrait être la russe Tatyana Tomashova, double championne du monde du 1500 mètres en 2003 et 2005.

 

Comment l’athlétisme va-t-elle traverser cette grosse tempête ?
Après une première secousse sismique lors de la diffusion du premier reportage réalisé par le reporter allemand Hajo Seppelt, puis une seconde avec l’affaire Salazar et enfin ce tsunami créé par le second documentaire du journaliste de la chaîne ARD/WDR, l’athlé se retrouve, à deux semaines du Mondial de Pékin, au cœur d’une polémique sans précédant dépassant largement l’affaire Balco qui en 2003 éliminait des pistes Marion Jones et Tim Montgomery.

Mise à rude épreuve lors du récent reportage, l’IAAF semble vouloir contre-attaquer afin de prouver qu’elle lutte efficacement contre dopage.
Selon la presse anglaise, le Mail et le Sunday Times qui sont montés au front de la critique, la Fédération Internationale serait sur le point de lâcher plusieurs noms dont les échantillons prélevés en 2005 auraient fait l’objet de nouvelles analyses selon les nouvelles techniques actuelles plus sophistiquées. Les prélèvements stockés depuis 10 ans, contre 8 auparavant, peuvent en effet, faire l’objet d’un nouvel examen.

Selon les tabloïds anglais, la double championne du monde du 1500 mètres, la russe Tatyana Tomashova pourrait être la première tête à tomber. Médaillée d’or à Paris en 2003, l’année suivante, elle glanait l’argent aux J.O. d’Athènes pour reconquérir son titre à Helsinki en 2005 et remporter les Europe en 2006. Puis sa carrière avait tourné court lorsque l’on découvrait en 2008, qu’elle et six autres athlètes russes, dont Olga Egorova, Yelena Soboleva et Yuliya Fomenko, avaient été convaincues d’avoir fourni des urines ne leur appartenant pas lors de contrôles anti-dopage. Cette fraude pitoyable avait été sanctionnée par deux ans et 9 mois de suspension et l’annulation des performances réalisées lors des 15 mois précédents les J.O. de Pékin.

Le dos collé au mur, la stratégie de l’IAAF est donc simple, lâcher des noms et apporter la preuve que la lutte anti-dopage est bien au centre des préoccupations de la Fédération Internationale qui depuis deux semaines vit les heures les plus noires de son existence.
Le reportage diffusé sur la chaîne ARD ainsi que par le Sunday Times en Angleterre affirmait en effet que plus de 800 athlètes depuis 2001, soit 15% de l’élite internationale, auraient fait l’objet de prélèvements sanguins présentant des irrégularités. Ces 800 athlètes totaliseraient 146 médailles, dont 55 en or lors des Mondiaux et des J.O.

L’IAAF n’a pas formellement contesté ces informations, reconnaissant que le dopage sanguin avait atteint un niveau digne de celui observé dans le cyclisme. Elle précisait dans un communiqué de presse que 60 athlètes comptant 140 médailles internationales, trois records du monde, six victoires dans les World Marathon Majors ainsi que 13 autres victoires majeures en marathon ont été sanctionnés sur la base de tests sanguins anormaux, tous récoltés depuis 2009.

Alors que l’on peut s’attendre à un grand déballage et du lavage de linge sale, certains athlètes anglais ont pris les devants en acceptant que leurs bilans sanguins soient publiés pour éviter d’être pris dans les amalgames. En tête desquels, on trouve Mo Farah aux côtés de Jo Pavey, Andrew Baddeley, Freya Murray, Hatti Archer, Emma Jackson, Lisa Dobriskey et Jennifer Meadows.

Car il sera difficile de tenir au secret la liste des 800 noms qui tôt au tard sera livrée en pâture pour une vindicte populaire dont l’athlétisme aura du mal à se sortir.

Quant à la France, pour l’heure, elle semble à l’abri de cette tourmente. Mais pour éviter toutes les suspicions, on attend bien entendu que les athlètes de demi fond tricolores suivent la démarche des Anglais en acceptant que soient rendues publics leurs tests sanguins.

> Texte et photo Gilles Bertrand

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