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Justin Gatlin, l’homme des polémiques

Justin Gatlin suscite la controverse. Il a provoqué une énorme sensation avec son chrono de 9’’74 du meeting de Doha, une performance exceptionnelle pour un mois de mai, d’autant que l’Américain affiche 33 ans. Sur la lancée, sa non-participation au meeting de Pékin s’est transformée en véritable fiasco.

 

De nouvelles sanctions pour éviter un cas comme celui de Justin gatlin

Justin Gatlin se dope-t-il ? Et Justin Gatlin ment-il ? En quelques jours, la controverse à l’égard de l’Américain est montée d’un cran. D’abord avec son énorme chrono de 9’’74 du meeting de Doha. Et ensuite avec son départ précipité de Pékin, sans disputer le meeting organisé dans le fameux Nid d’Oiseau.

L’image de l’Américain s’est encore plus brouillée entre le vendredi 15 mai et le mardi 19 mai. A Doha, la performance apparaît énorme, un tel chrono au mois de mai est tout à fait atypique de la montée en charge de la forme des athlètes. Les statisticiens ont eu vite fait de retrouver seulement deux temps du même acabit, réalisés par Usain Bolt, en mai 2008, il courait en 9’’72, et ce printemps, où il a pointé en 9’’76.

Pour Justin Gatlin, un seul antécédent recensé, un 9’’77, couru en mai 2006, mais le chrono avait été obtenu de manière illicite, grâce à son usage de testostérone, et il a ensuite disparu des tablettes lors de sa deuxième suspension pour dopage.

Le repère d’un chrono très précoce n’est évidemment pas le point qui heurte le plus dans le cas de Justin Gatlin. C’est plutôt du côté de son âge, de 33 ans, et évidemment de ses antécédents pour dopage qu’il faut regarder pour comprendre les réactions ulcérées.

Sept sprinters sous les 9’’80

Le principe de base du sprint est que l’athlète atteint son maximum avant 30 ans. On recense sept sprinters pointés sous les 9’’80, Usain Bolt et Yohan Blake avaient 22 ans lors de leurs records, Asafa Powell et Nesta Caster, 25 ans, Tyson Gay, 27 ans, Steve Mullings 28 ans. Avec ses 33 ans, Justin Gatlin apparaît complètement « hors cadre ».

Mais les principes sont faits pour être brisés, et quelques voix ont commencé à s’élever pour justifier que l’âge ne serait pas un critère aussi essentiel et qu’une telle progression chez un plus que trentenaire n’aurait rien d’anormal. Un bon moyen pour tenter de stopper la question récurrente : « Justin Gatlin se dope-t-il ? » Avec un autre argument massue, il serait évidemment très très surveillé par la Fédération US.

Pourtant à peine le temps que ces polémiques partent dans tous les sens, qu’une nouvelle controverse naissait autour de Justin Gatlin, suite au meeting de Pékin qu’il devait disputer mais qu’il quittait avant la course en prétextant avoir été interdit de course par les organisateurs.

Oui ou non, a-t-il été interdit de courir ?

Justin Gatlin et Renaldo Nehemiah, son manager, orchestraient une campagne de communication très hostile à l’organisation du Meeting, qui aurait évincé Justin Gatlin , le déclarant indésirable sur leur 100 mètres, et lui aurait refusé la prise en charge de ses frais d’avion et d’hôtel, soit le chiffre de 12.000 dollars avancés par le manager.

Mais la version livrée par Liu Jie, le boss du meeting, à l’agence Xinhua s’est révélée d’une toute autre teneur, celui-ci affirmant avoir découvert en conférence de presse d’avant meeting que Justin Gatlin avait déjà pris le chemin du retour vers les Etats-Unis, sans en avoir été informé au préalable.

Cette fois, la question devient « Justin Gatlin ment-il ? » Et sur ce point, l’Américain a visiblement réalisé un peu tard s’être mis dans un drôle de pétrin avec les futurs organisateurs du Mondial de Pékin. C’est évidemment Twitter qu’il a appelé au secours pour effectuer une mise au point en bonne et due forme : « Une journée riche en émotions. Tout est Ok entre l’Organisation de Beijing et moi. Nous avons une très bonne relation, et je rêve déjà d’être en Août pour le Championnat du Monde et à l’année prochaine pour le meeting. »

C’est ce qu’on pourrait appeler un raté de communication. Pourtant l’imbroglio s’est avéré tellement énorme qu’il est plus que tentant d’imaginer pleins de scénarios étranges pour justifier ce départ brutal de Beijing et ce volte face….

 Texte : Odile Baudrier
 Photo : Gilles Bertrand