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J.O. de Rio, quatre militaires d’origine kenyane en équipe américaine

Paul Chelimo qualifié sur 10 000 mètres
Paul Chelimo qualifié sur 10 000 mètres

Le groupe de l’ U.S. Army World Class Athlete Program compte aujourd’hui 6 coureurs d’origine kenyane qui ont tous étudié dans une université US. Quatre d’entre eux viennent de se qualifier pour les J.O. lors des sélections américaines. Une situation qui n’est pas sans rappeler le programme de recrutement de la Légion Etrangère.

 

L’ U.S. Army World Class Athlete Program (WCAP) a été créé par l’armée américaine en 1997 avec pour mission le recrutement et la préparation d’athlètes soldats en vue des grandes rencontres internationales.
Ce programme a réellement porté ses fruits dans le cadre des Jeux Olympiques en 2008 avec 3 qualifiés puis en 2012 avec 7 qualifiés principalement des lutteurs et des tireurs et une exception le marcheur John Nunn sélectionné sur le 50 km.

Lors des trials disputés à Eugene, l’US Army avec son WCAP, a fait une entrée très remarquée sur la piste Bowerman de l’université de l’Oregon. Six soldats étaient en compétition dont 4 Kenyans inscrits dans les épreuves de demi-fond ainsi que le hurdler Marcus Maxey sur 110 mètres haies et le marcheur John Nunn, déjà retenu sur 50 km, espérant réaliser le doublé en se qualifiant également sur 20 km.

« Ils vont donner 100 pour 100 là-bas et je suis confiant qu’ils représenteront bien l’armée» déclarait Dan Browne peu avant les trials sur le site de l’US Army, interrogé de Mammoth Lakes où sa troupe avait pris quartier dans cette station d’altitude à cinq heures de route de Los Angeles et à deux pas du Yosemite. Ce major est en charge de l’encadrement de ce peloton qui à s’en méprendre ressemble à deux galons près à notre Légion Etrangère. Son discours est cousu du même fil que l’on tisse les drapeaux «Ces soldats sont de grands ambassadeurs de l’armée des Etats-Unis et personnifient le sacrifice, la discipline et l’éthique. »

Ces quatre coureurs réalisent un parcours sans faute, tous les quatre se qualifient pour les J.O. de Rio

Les soldats – coureurs ont effectivement créé la sensation à Eugene, considérée aux Etats Unis comme la capitale de la course à pied. Marcus Maxey s’est fait étriller sur 110 mètres haies, dernier de sa série, John Nunn s’est imposé sur le 20 km en 1h 25’37’’ mais c’est surtout la présence de coureurs kenyans fraîchement naturalisés citoyens américains qui a été relayée par les « polémiqueurs » de service qui ne manquent pas dans cette tribu du running US qui souvent veut laver plus blanc que blanc.

Car ces quatre coureurs réalisent un parcours sans faute, tous les quatre se qualifient pour les J.O. de Rio. Ainsi Shadrack Kipchirchir termine second sur 10 000 m mais échoue sur 5000 m, seulement 7ème, Leonard Korir se qualifie lui aussi sur 10 000 m, troisième d’une course remportée par Galen Rupp. Hillary Bor gagne son billet sur 3000 mètres steeple et Paul Chelimo sur 5000 m. Celui-ci déclarant pour expliquer son parcours «Mon principal objectif était de venir aux États-Unis parce qu’aucun autre pays souhaitait payer pour ma bourse d’études pendant quatre ans. Je pensais donc que ce serait bien de redonner aux Etats-Unis en rejoignant l’armée. Maintenant, je peux continuer ma carrière et être aussi un soldat ».

Favoriser et accélérer le processus d’intégration de soldats d’origine kenyane dans l’armée américaine

L’US Army a un double objectif en conduisant ce programme : sur le front du sport, promotionner l’armée américaine, c’est la partie visible de l’iceberg. Mais la mise en avant de cette petite troupe de fantassins coureurs a un autre but, celui de favoriser et d’accélérer le processus d’intégration de soldats d’origine kenyane dans l’armée américaine. L’US Army recrute en effet, nationalité américaine offerte en accéléré, des soldats parlant le swahili dans le but de conduire des missions de prévention et d’action contre le terrorisme. Depuis l’attentat du 7 août 1998 attribué à une faction d’Al Quaïda, touchant durement l’ambassade américaine et le cœur de la capitale Nairobi avec 213 morts et des milliers de blessés, les Etats Unis sont directement impliqués dans la lutte contre le terrorisme au Kenya. Cette partie de l’Afrique de l’Est essuie régulièrement de violentes attaques, la dernière en date, le 2 avril 2015 dans une université occasionnant 147 victimes, sanglante prise d’otages attribuée aux milices islamistes somaliennes shebabs.

Mais au delà de ces stratégies militaires, les observateurs du demi-fond américain n’ont pas manqué de se poser la question qui a fait débat en France à propos des légionnaires. Quelles peuvent être à terme les incidences d’une telle politique sur le haut niveau américain ?

> Texte : Gilles Bertrand – photos US Army

 

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