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Cross de l’Acier « il faut arrêter de se plaindre »

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Raymond Obert, l’emblématique organisateur du cross de l’Acier a passé la main. A bientôt 74 ans, il a décidé de confier les clefs à la Ligue Hauts de France dirigée par Philippe Lamblin et Jean Pierre Watelle son directeur général. Un cross qui prend un nouveau virage pour consolider l’image et le dynamisme d’une Ligue ouverte sur toutes les pratiques. Reportage au cœur d’un cross d’autrefois tourné vers l’avenir.

Texte et photos Gilles Bertrand

Le ciel est devenu rêveur. Ciel du soir, ciel pochoir, ciel peigné, ciel strié, de gris, d’un rose édulcoré, la nuit toquait à la porte.

Raymond Obert a l’allure d’un homme qui en veut, qui mange la soupe à grande lampée, veston bien coupé, chemise bleue nuit ajustée, souliers bien vernis, casquette de cuir bien vissée, fine moustache bien taillée. Il est droit comme un piquet de tomate, il joue des bras, des mains, des doigts. Raymond Obert a l’allure d’un homme qui prend la vie sans gants, sans protège-dents, des brassées d’épineux à bras le corps, il ne craint pas. Raymond Obert, c’est lui. A 74 ans, l’homme est gaillard, il virevolte, tourne sur les talons, appelle, invective pour rassembler ses ouailles comme une fermière à courser le jars et le coq. Ca piaille, ça couine, cacophonie, chorégraphie de l’improvisation, Raymond Obert de lâcher «il faut taper à toutes les portes. Ah, je m’en rappelle de Fiona Britton, elle s’était cachée pour ne pas venir ».

Au pied du Campanile d’Armbouts Cappel, le bus attend les athlètes. Une réception est prévue à 18 heures à la mairie de Leffrinckoucke. Un cérémonial désuet mais obligé, une habitude, une vieille routine qui ennuie mais on s’y plie.

Leffrinckoucke, c’est à quinze minutes de bus. Le ciel s’est peigné de noir, nous traversons cette banlieue de Dunkerque, cisaillée d’autoroutes et de canaux, tous reliés au Grand Port Maritime. Par le quai des Maraîchers, nous franchissons un petit pont. Dans l’obscurité, rue Roger Salengro, la Mairie se devine à peine. Le bus se gare, nous grimpons les marches pour pénétrer dans la grande salle de mariage, de briques et de ciment. Les tables blanches ont été dressées, quatre dames, chemisier blanc, petit tablier blanc, chassent les miettes.

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Micro à la main, Raymond Obert a du métier. A sa façon, comme un sémillant élu de province qui aurait un demi-siècle de mandat sous le coude. Pas de papier, pas de lunettes, discours : «Dans cette belle salle de mariage, le Monsieur qui vous parle, c’est le président. 27 éditions, c’est quelque chose, c’est une affaire. Le cross de l’Acier, c’est le NUMBERWONE. Gebre, il est venu ici. On y a vu un combat sur la neige entre Merga et Ebuya. Au départ, Merga faisait Rah Rah Rah ». L’assemblée se détend, sourit, s’esclaffe en se tortillant aux bons mots, à la bonhommie du président. Il poursuit « Je remercie ce comité qui m’accompagne depuis 1990. Nicole, où tu es ? Nicole, tout le monde la connaît. Lève-toi, je te dis un grand merci. Je suis heureux de tout mais surtout que ça ne se termine pas en cul de sac. On dit comme cela chez nous « en cul de sac ». Bon je vais passer la parole à Monsieur Lemaire, bon, ce n’est pas le Maire, c’est le premier adjoint mais il s’appelle Lemaire ». La salle se marre, applaudissements appuyés, Raymond Obert, lui qui vient de céder les clefs de son cross à la Ligue après 26 ans de bons et loyaux services, l’a bien mérité.

Les dames de service ont sorti le mousseux et la bière, de la Leffe à la bouteille de 75 cl. Les Kenyans  emmitouflés se tiennent le dos au mur, murés dans le silence, ils attendent. Les Ethiopiens se sont assis en fond de salle et grignotent des biscuits secs, Philippe Dupont, le manager fédéral, serre des mains. Bien sûr que Mekhissi n’est pas très loin pour s’infiltrer dans les discussions. Le steepler français médaillé de Rio au culot, a rejoint le camp d’entraînement de Riverside aux Etats Unis aux côtés d’Abderrahmane Morceli coach des Tigers du Riverside City College Athletics. De cette rupture, Philippe Dupont est encore dans l’hypertension. Ses mots sont calculés, il faut lire dans les silences pour décrypter une profonde déchirure « Mahiedine a été marqué par son échec de Paris. Oui, ça prend aux tripes, il faudrait prendre du recul mais ce n’est pas facile. C’est de la relation humaine. Oui, y a de l’affectif, peut-être trop ? On aimerait qu’il y ait toujours plus d’échanges».

 

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La veille Philippe Dupont a chassé les idées noires par une partie de…chasse ! Jean Pierre Watelle, le Directeur Général de la Ligue du Nord et désormais organisateur du cross de l‘Acier, est chasseur à la hutte, à Clair Marais, non loin de St-Omer où il réside. Philippe Dupont l’avait prévenu « je viens avec toi, mais je ne tire pas ». Ils ont ainsi passé la nuit à se serrer dans ce modeste abri construit aux abords du marais, à attendre que canards et oies se posent sur les eaux claires. Philippe Dupont a tenté de décrypter « les mecs quand ils parlent, c’est du chinois ». Sarcelles, cols verts, longs cris, chanteuse, sauvagine, blettes, la nuit fut longue, les oiseaux migrateurs ne se sont pas faits prendre au piège des « appelants », Watelle et Dupont sont rentrés la gibecière à plat. Ce soir, Jean Watelle retournera à la chasse, les vents sont orientés à l’Est, on ne loupe jamais une telle opportunité, même si le lendemain, il y a levée d’armes au Fort des Dunes pour le cross dont il est désormais le patron.

La salle de mariage se vide, les serveuses versent les fonds de bouteilles dans un grand seau, Raymond Obert fait presser le pas à toute la troupe désordonnée, Jean Pierre Watelle dit « je vous invite ».

Retour donc au Campanile, la salle de restaurant est à craquer, les plats de nouilles s’échangent et passent en équilibre au-dessus des têtes. L’organisation a loué une salle à droite de la réception. Un QG où les bières sont déjà de sortie, cette fois c’est de l’Affligen en bouteille de 33. Raymond Obert est encore au centre du cercle, comme un demi de mêlée rassembleur, le verre à la main, à prendre chacun par l’épaule. Des anecdotes, il en pleut comme des vagues de souvenir. C’est marée haute. Il n’y a pas de jauges, le curseur est toujours dans le rouge de la passion. Il ralentit le débit, il appuie sur chaque syllabe pour dire «En 2001, on a fait un duel GE-BRE – BE-KE-LE. En 2010,   on a fait un duel entre deux champions MER-GA et E-BU-YA. Merga, je le vois, il chiait dans son froc au départ. Ebuya, il bougeait d’un pied sur l’autre. Dès le premier tour, Merga avait rendu les armes ».

Puis Raymond Obert apostrophe Jean Pierre Watelle qui s’est joint au groupe « j’étais sceptique, mais Jean Pierre a réussi à faire grossir le peloton »  Watelle de répondre « Je serai content quand nous aurons 300 coureurs au départ ».

 

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Lorsque Vincent Luis s’est approché de cette assemblée, un brin curieux, Raymond Obert lui a mis la main sur le bras « Vincent, je sais que tu nages bien ». Il le regarde dans les yeux pour lui lâcher « mais je ne sais pas si tu nages en eaux troubles. On peut parler vélo ? » Vincent est bonasse, comme avec ses fans, son public, son club, ses copains, les journalistes « J’aurai 74 ans en janvier. Je roule encore 70 kilomètres à 34 de moyenne. Je suis un flamand, alors je sais prendre les roues. De temps en temps, je vais devant car je ne suis pas un flemmard ». Qui en aurait douté ? Vincent Luis écoute avec cette politesse et cette courtoisie qui le caractérisent. La soirée s’annonce longue. Les prétendants à refaire le monde, le petit monde du cross et de l’athlé sont nombreux dans cette salle où Hassan Hirt assis, replié dans un fauteuil noir tue le temps, le téléphone à la main. Il ne s’invite dans aucun des petits groupes. Il est seul. Quant à Jean Pierre Watelle, il a renoncé à partir à la chasse, les oies cendrées sont en paix pour une nuit.

Dimanche, au petit matin, la salle de restaurant se remplit au compte goutte. Guy Jouvenelle de l’AS Pierrefitte a déjà le nez dans les nouvelles de la Voix du Nord. Vincent Luis est l’un des premiers au petit déjeuner. La soirée en Mairie, finalement, il n’était pas pour s’y rendre. Mais la corvée s’est transformée en plaisir, le plaisir d’écouter un homme parler avec franchise de son cross de coeur. Il dit : « Je préfère la salle de mariage à certaines conférences de presse comme à Abou Dabi où le prince s’essuie les mains après t’avoir salué.

A Rio, le petit prince du tri n’a pas joué l’hidalgo voulu face aux frangins Brownlee. Il s’en est remis. Il précise même « c’est curieux, mais finalement les gens étaient peut-être encore plus déçus que moi ». Sept semaines de coupures ont été nécessaires pour qu’il se relance, pour franchir le portillon du cross en vue d’une saison complète jusqu’au France de St Galmier. Vincent Luis, le sauveur du cross français ? Ca irrite certains mais avec ses 52 000 fans qui aiment sans modération, il décrotte, décrasse et instagrame le cross. Personne ne pourrait s’en plaindre. Le cross des « bouseux », il ne boude pas son plaisir. Il aime le cross comme il est, amateur, une discipline qui joue son budget sur la recette de la buvette et des merguez grillées, aux antipodes du nouveau circuit mondial de triathlon créé par un milliardaire russe.

 

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Les tables se forment, on ne se mélange pas entre coureurs, les clans sont serrés. Il n’y a que Farouk Madaci qui fait le lien entre ces deux mondes. En sourdine, BFM bassine sur les primaires de la droite. Damien Gras se fait chambrer. On l’interpelle « Mickael, Mickael ».  Il répond avec timidité : « Ils font croire que c’est Mickael mon frère qui est venu courir à ma place ». A la table, Farouk relance par « Tu connais la différence entre un Coréen et un Coréen ?». Aux côtés du futur médecin, Yohan Durand parle des vendanges dans la ferme familiale de son Monbazillac natal « des vendanges tardives car le grain était gorgé d’eau ».  Il s’illumine lorsqu’il ajoute « je me suis entraîné avec des seaux de raisin à la main ».

Cet intermède familier est de courte durée. Le programme du cross de l’Acier a été revu et corrigé, nouvelle direction oblige. Plus court, plus concis, des populaires admis avec les élites, un cross-relais et un gros cross pour tous fort de 650 unités. Pas vraiment une révolution, juste un virage pris en douceur. On ne casse pas les bijoux de famille. On ne brûle pas un tel héritage, Jean Pierre Watelle, se justifie ainsi «  Raymond, il m’a connu gamin ». Il y a donc une descendance à assurer.

Au Fort des Dunes, le cross bat déjà son plein, Jean Pierre Watelle semble plus calme, plus posé que la veille. Cette nuit, il n’est pas allé chasser le col vert pour rester aux côtés de sa compagne, Fanny Pruvost.

JP, c’est ainsi qu’on le surnomme est un pur produit de la Ligue. Après cinq années trouffion dans une caserne, il quitte le calot pour vendre des chaussures de course à pied. Il tiendra un jour pour finalement rentrer au comité par la petite porte. Un premier CDD, puis un emploi jeune, confirmé par un CDI, puis un poste de cadre technique fédéral pour finir enfin, directeur général de la Ligue. On ne sait pas s’il craint la foudre où s’il redoute le derviche tourneur, mais cet ancien coureur de 800 – 1500 semble vivre trois vies ou plus dans la même fraction de seconde. Dans l’athlé jusqu’au cou, il est même président de club à St Omer et entraîneur de sa compagne et de Grégory Beunier, 3’36’’46 sur 15 en 2012, à une goutte de sueur d’une sélection olympique. Il fut même un temps manager d’athlètes et a croisé la route des Aman, des Dibaba. Si vous avez le gratin au four, ne lui parlez surtout pas dopage, JP monte dans les aigus et sort le double coup pour dénoncer, pour crier sa colère qui va jusqu’à ricocher aux oreilles des égarés. Il est chasseur ne l’oublions pas.

Jean Pierre Watelle est en vacances lorsqu’il reçoit une alerte à propos d’un article de la Voix du Nord, Raymond veut passer la main. La Ligue déjà organisatrice de la Route du Louvre souhaitait créer un cross « pour son image » selon la théorie que « le cross c’est la base de tout ». Les deux hommes font l’affaire. Trois ans auront été nécessaires pour que Raymond laisse les clefs à Philippe Lamblin le président de la Ligue des Hauts de France et à son dauphin.

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Philippe Lamblin justement, en tenue de coureur, non loin du podium, à 60 ans, moulé dans son collant, il laisse deviner la taille fine de ses vingt ans. 410ème dans la course pour tous en 24 minutes pour 5 km. Pas mal Monsieur le Président, DRH du groupe Avril fort de 4000 salariés, cumulard revendiqué en de multiples instances pour faire avancer une idée « je veux donner de la fierté ». Il vous prend par l’épaule pour dire « regardez cette femme qui court, vous ne croyez pas qu’elle est heureuse ».

Philippe Lamblin parle comme s’il était au volant d’un bulldozer. Ca décape, ça dérange, le sillon est large, brut de tranchée. « Philippe Lamblin, c’est un emmerdeur ? ». Il répond « Mais oui, la vie c’est une passion qui rend intelligent ». C’est du Lamblin utopique mais pragmatique, parfois agaçant, rugissant comme lorsqu’il fut président de la Fédération « mon patron m’avait dit ça vous servira de formation. Et bien oui, ensuite, j’ai été meilleur dans mon CE ».

Lorsque l’on écoute Philippe Lamblin, on se dit « il est encore en campagne ». Dans une bousculade de pensées, d’affirmations, à flux tendus, le style Lamblin, il dit pêle mêle dans un même souffle, parfois décousu, parfois ficelé d’idées en macramé : « Le monde fédéral, il doit faire son coming out. Je veux faire faire tomber les tabous. Je ne suis pas schizophrène, nous on fait de la politique. Il faut lever la tête, arrêter de pleurer et arrêter de faire la quête. Soit on gère la misère, soit on gère les clubs. Il faut s’ouvrir à la société civile ». Il dit JE pour énumérer les multiples actions et organisations qui font de la Ligue des Hauts de France, un exemple, un bastion redouté des Parisiens, une structure qui a basculé dans le « privé -associatif » qui est fier de son modèle économique. Il cite la Route du Louvre, les Chti Délires, des espaces forme comme à Arras, comme dans un CHU, comme à l’usine Lesieur. Demain, c’est un circuit de trails urbains qui sera lancé. La vie de Philippe Lamblin est une folle cavalcade, sa femme le reprend souvent «Tu es fou. Mais quand vas-tu arrêter ? ».

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On l’appelle sur le podium. Il s’évade « je vais aller faire le clown deux minutes ». Dans un anglais correct, il félicite les trois premiers perchés, intimidés. Micro en main, il a du bagou, il a du métier « si on est là, ce n’est pas pour rester la bouche ouverte. Le cross, ça donne de l’ambition, ça crée de la confiance ».

Redescendu, il n’a nullement besoin qu’on lui rappelle le sens de la dernière question, il insiste encore « il faut aider les ligues à être autonomes, il faut aider les jeunes. Prenez le jeune Jimmy Gressier, vous savez celui qui a toujours une casquette. C’est notre Benoit Z d’aujourd’hui. J’ai été voir les élus pour demander « qu’est ce que l’on fait de lui ? On le laisse à un voyou qui va l’essorer ? Ce gamin, il écrit un mot sur Facebook et ce sont 500 gamins qui répondent ».

Quant à l’élection du futur président, l’ancien élu n’est pas insensible à cette échéance qui opposera le 18 décembre prochain, André Giraud à Marcel Ferrari pour succéder à Bernard Amsalem. Il s’est invité à sa façon dans le débat « j’essaie toujours d’inventer de nouvelles pistes. C’est pourquoi nous organisons le 5 décembre un débat à Lille entre les deux candidats. Celui-ci sera retransmis en direct sur internet. Pour ma part, je n’ai aucune consigne à donner. Je veux simplement qu’on ne soit pas des intégristes ». Dix questions leur seront proposées, la première d’entre elles sera celle-ci : « la Fédération a perdu un million d’euros, qu’est-ce qui fait dire que vous n’allez pas recommencer ? ».

On appelle Philippe Lamblin à la tente VIP. Le froid s’y est invité mais l’apéro réchauffe hommes et femmes qui ont œuvré au succès de ce cross. Raymond Obert tourne de table en table, parfois il chuchote à l’oreille comme s’il avait à partager un secret, une idée, une de plus, lui qui en a tant brassé et fait germer. Il rêve d’un stade d’athlé écolo construit au bord du lac de Téteghem. Il rêve d’un grand club de la communauté urbaine de Dunkerque et du Calaisis. C’est en jardinant, c’est en pédalant, il a déjà 5000 kilomètres au compteur cette année, qu’il fait surgir puis macérer ces projets. Usé par un quart de siècle à organiser ? Il vous regarde bien droit dans les yeux. Un seul mot lui suffit pour répondre : « Jamais » pour évoquer l’époque glorieuse des Dalton, l’équipe à Raymond, des copains avec lesquels, tout a été fondé, Gérard Cournon, Charles, l’homme à tout faire «des gars qui savaient taper sur une masse. On se réunissait tous les lundis du mois, puis toutes les semaines. On se retrouvait dans un troquet avec une petite bière et on recadrait tout »

Raymond Obert a cette fierté légitime d’avoir réussi sa succession. Sans chagrin, sans ivresse, il a cœur à dire avec son parler vrai : « Je ne voulais pas être fossoyeur de mon cross. Vous savez, l’argent ça intéresse tout le monde. Le travail beaucoup moins et les responsabilités, pas du tout ».

 

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