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Gianni Di Madonna, inquiet de la situation au Kenya

Le manager italien Gianni Di Madonna ne dissimule pas son inquiétude face à la situation vécue au Kenya par Federico Rosa et Claudio Berardelli, accusés pour des faits de dopage. Gianni Di Madona et Federico Rosa sont pourtant deux grands rivaux sur le marché du management des athlètes du Kenya.

 

Claudio Berardelli, entraîneur du groupe Rosa au Kenya, sous les critiques après le contrôle positif de Rita Jeptoo

Claudio Berardelli, accusé de dopage à l’encontre de Rita Jeptoo par la justice du Kenya

Gianni Di Madonna n’en fait pas mystère. Il n’est vraiment pas ami avec Federico Rosa. Mais en cette fin de meeting dans le stade de Monaco, il ne mâche pas ses mots pour souligner : « Pour moi, Rosa, il est vraiment arrogant, il est tout ce que tu veux. Mais il n’est pas dans une affaire de doping là-bas au Kenya. Qu’est-ce que tu vas gagner ? C’est ta carrière de manager. Il y a trop de risques. Il a beaucoup d’athlètes. Il ne va pas doper tout le monde »

En ce 15 juillet, la situation de Federico Rosa au Kenya a connu un rebondissement inattendu, avec une nouvelle incarcération en prison, suite à l’accusation à son encontre par deux athlètes, Rita Jeptoo et Elijah  Boit.

Et Gianni Di Madonna de commenter : « Rita Jeptoo ? Ce n’est pas croyable. Il y a deux ans, elle a dit que Rosa ne lui a rien donné, et maintenant, elle dit le contraire. Mais il y a un enregistrement de ce qu’elle a déclaré. C’est fou ! Pourquoi Rita Jeptoo n’a pas parlé ? En 2014, elle a dit qu’elle a eu un accident de voiture, qu’on l’a emmenée à l’hôpital, et qu’on l’a dopée. L’autre athlète, Elijah Boit, est le frère de l’ex-mari de Rita Jeptoo. Lui, il dit que c’est en 2004. Mais entre 2004 et 2016, il est resté sans rien dire… C’est fou. En Italie, la garde à vue, c’est 48 heures. Après, il faut des preuves. En Italie, quand quelqu’un accuse, il doit prouver l’accusation. »

Gianni DeMadonna (casquette)  lors d'un National de cross en Ethiopie (photo Gilles Bertrand)

Gianni DeMadonna (casquette) lors d’un National de cross en Ethiopie (photo Gilles Bertrand)

Les liens de Gianni Di Madonna avec Claudio Berardelli, l’autre personne mise en cause par la justice kenyane, sont beaucoup plus étroits. Claudio est devenu depuis l’année dernière l’entraîneur du groupe des athlètes kenyans de Gianni Di Madonna. Il évoluait précédemment avec Federico Rosa, mais des dissensions seraient apparues entre eux, justement suite à l’affaire Jeptoo, suspendue deux ans pour dopage à l’EPO.

Gianni Di Madonna défend pieds et poings la réputation de Claudio Berardelli en expliquant : « Avant de travailler avec lui, j’ai pris des informations auprès de l’IAAF, auprès de Kyle Barber (le coordinateur de l’anti dopage). Il m’a dit qu’il a collaboré avec nous, qu’il n’y a rien. »

La justice kenyane n’a visiblement pas le même point de vue sur Claudio Berardelli. Interpellé puis relâché sous caution, le jeune entraîneur a été accusé, selon les informations de « Nation », ce lundi 18 juillet d’avoir administré des produits dopants à Rita Jeptoo, aux côtés de Stephen Kiplagat Tanui, un pharmacien, et de Daniel Cheribo Kiplangat. L’avocat de Claudio Berardelli a plaidé son innocence, mais le Tribunal a conservé son passeport, et l’a invité à une nouvelle comparution pour le 2 août prochain.

Pourquoi le Kenya se réveille seulement maintenant ?

Gianni Di Madonna trouve étrange le timing de cette interpellation de Claudio Berardelli : « Claudio était venu ici à l’IAAF pour expliquer  la situation avec Rita Jeptoo. L’IAAF l’avait appelé à témoigner contre Rita Jeptoo au TAS à Lausanne. Ils l’ont arrêté le jour où il devait partir pour le TAS. C’est bizarre ? » Et il souligne aussi un autre point qui le surprend : « Pourquoi le Kenya s’est réveillé seulement maintenant pour faire la nouvelle loi ?? Et maintenant, ils veulent faire voir qu’ils sont contre le doping. »

Gianni Di Madonna connaît bien le Kenya pour y travailler avec des athlètes depuis près de 30 ans, et un autre point l’interpelle, celui de la corruption, très présente dans le pays, avec le risque de dérapages motivés par l’argent. Alors, dans l’immédiat, il va continuer à travailler avec les athlètes du Kenya, mais le manager l’avoue, il ne veut plus se rendre au Kenya : « Si le premier qui se lève dit Gianni, il m’a donné quelque chose, il va me mettre dans la galère. »

Texte : Odile Baudrier

Photo : D.R.