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Echantillon B positif pour Ophélie Claude-Boxberger

L’analyse de l’échantillon B confirme la présence d’EPO dans le prélèvement du 18 septembre d’Ophélie Claude-Boxberger. L’athlète va déposer plainte pour empoisonnement, elle affirme que l’EPO a été injectée à son insu par son beau-père, Alain Flaccus, qui aurait avoué cet acte innommable. Ce même jour, le docteur Serra révélait avoir été licencié par la FFA de son poste de médecin fédéral. L’affaire n’a pas encore livré tous ses secrets…

Echantillon B positif, avec présence d’EPO. Le résultat n’est nullement une surprise, tant la fiabilité des tests EPO a été augmentée dans la dernière décade. Avec une règle de base : il est préférable de ne pas déclarer un prélèvement positif en le considérant comme « faux-positif », que de détecter de l’EPO en première analyse pour se contredire dans la deuxième. La lutte anti-dopage ne ressort pas grandi de tels errements.

Voilà désormais Ophélie Claude-Boxberger suspendue provisoirement par l’AFLD qui lui a fait la proposition d’une suspension de quatre ans, qu’elle a refusée. Ce sera donc à la Commission des Sanctions de l’agence française anti-dopage de trancher après avoir examiné les éléments de défense présentés par l’athlète. Une procédure à l’identique de celle de Clémence Calvin, qui s’est conclue par sa sanction plus de huit mois après les faits.

Pour sa défense, Ophélie Claude-Boxberger apparaît disposer d’un sérieux joker : les aveux effectués par Alain Flaccus, son beau-père, qui s’est accusé auprès des gendarmes de l’OCLAESP de lui avoir injecté de l’EPO à son insu, à l’issue d’un massage. Avec comme mobile, la jalousie, et sa volonté de faire accuser Jean-Michel Serra pour faire exploser le néo-couple. Et en toile de fond de cette histoire ahurissante, les attouchements sexuels, voire viols, qu’il aurait fait subir à Ophélie à l’adolescence, et pour lesquels elle aurait renoncé à porter plainte à l’époque.

Ce triste épisode a certainement fragilisé à l’extrême la jeune femme, d’autant qu’il s’y ajoute son passé compliqué par la double vie de son père, Jacky Boxberger, lié à deux femmes au même moment, vivant dans deux villages très proches, et devenu père de Jérémy, et d’Ophélie à quelques mois d’écart.

Une situation d’une grande violence subie par celle qui a été, et demeure, la victime des choix de ses parents. Pour autant, comment expliquer sa décision de s’installer pour un mois de stage aux côtés d’Alain Flaccus, qu’elle désigne comme son ex-agresseur, chargé en particulier de la masser ??

Le stage à Font Romeu, imposé par la DTN, oui ou non ??

Un choix très étonnant, qui a choqué tant les femmes abusées sexuellement s’efforcent de se tenir à distance de leurs anciens tortionnaires, et se refusent à tout contact physique avec eux. Dans sa longue interview à Thierry Vildary, pour Stade 2, Ophélie Claude-Boxberger s’est justifiée en arguant que la FFA n’avait pas mis en place de structure pour son stage à Font Romeu, et qu’elle avait ainsi été « obligée » de recourir aux services de son nouvel « assistant athlétique », comme elle a désigné Alain Flaccus.

Ainsi fait-elle porter une certaine responsabilité sur la DTN de la FFA, et son patron, Patrice Gerges. Or celui-ci a été vitupéré par son néo-compagnon, le docteur Jean Michel Serra, dans sa lettre ouverte au Comité Directeur de la FFA, fin novembre, accusé par le médecin fédéral d’incompétence.

Alors, pourquoi ce stage a-t-il été imposé à Ophélie Claude-Boxberger à quelques semaines du Championnat du Monde de Doha ? Les réponses de Patrice Gerges apportent une toute autre vision sur le contexte. Face à ma batterie de questions, le DTN demeure très prudent, mais livre tout de même une information très importante : « Beaucoup de vos questions sont d’ordre médical et seul le médecin avait ces informations. Pour ce qui est du reste, ce sera un plaisir de vous répondre, mais pas avant l’OCLAESP qui mène son enquête. Mais philosophiquement, pensez-vous que la Fédération ait déjà imposé de telles contraintes à un athlète ? De plus, avons-nous déjà imposé un entraîneur à un athlète ? »

Deux phrases avec un gros point d’interrogation qui dévoilent une vérité différente que celle assénée par Ophélie Claude-Boxberger tant auprès de Thierry Vildary, que de l’Est Républicain ou de RMC, et qui confirment certains doutes des observateurs les plus avertis dans l’athlétisme. Car quel athlète a déjà été contraint par la FFA à partir en stage individuel, à ses frais, qui plus est en altitude ?? Sans oublier que même les stages collectifs n’ont pas de caractère obligatoire.

Pourquoi ne pas consulter un kiné avec sa carte vitale ?

Et il n’est pas très difficile non plus de démonter les arguments développés par Ophélie pour justifier d’autoriser son beau-père, présenté comme son ancien agresseur, à la masser alors qu’elle est quasiment inconsciente, sous l’emprise de somnifères. Là encore, elle se contredit dans son interview à Thierry Vildary, soutenant avoir été contrainte à utiliser à Font Romeu des anxyolithiques et somnifères pour supporter la cohabitation avec son beau-père, alors même qu’elle a livré à plusieurs reprises ces derniers mois des détails sur sa vie intime qui dévoilent le recours permanent à ces produits, et le suivi par un psychologue et psychiatre depuis des années, compte tenu des graves problèmes personnels et familiaux traversés.

Plusieurs athlètes de haut niveau et entraîneurs n’ont pas hésité à poser une question toute simple : « Pourquoi ne pas avoir consulté un kiné à Font Romeu en lui présentant une ordonnance et une carte vitale ?? » Cela aurait été la garantie de soins de qualité, adaptés à des pathologies très sérieuses, puisqu’Ophélie explique souffrir de tendinites, douleurs aux ischios, aux lombaires. Autant de problèmes graves pour une athlète de haut niveau, qu’il apparaît étrange de demander à un Alain Flaccus, nullement qualifié sur le plan médical, de soigner en utilisant une « machine » à masser. Et encore plus surprenant à considérer que le médecin de l’équipe de France d’athlétisme, également son compagnon, était présent pour la voir à plusieurs reprises durant ce stage, et donc apte à réagir pour prescrire de véritables soins.

Un harcèlement par un cadre technique, et le Docteur Serra ne s’insurge pas ?

Or ce même jour, le Docteur Serra a dévoilé la lettre de licenciement qui lui a été adressée par la FFA, en date du 3 décembre, et qui l’informe la procédure lancée pour faute grave. A la fois pour sa désinvolture constatée durant le Championnat du Monde de Doha, mais aussi pour sa mise en accusation du DTN. Justement, Jean Michel Serra se voit interpellé sur ses accusations de « harcèlement moral, physique et autres par un cadre technique à l’égard d’une athlète de l’équipe de France, qui a été maltraitée… »

Et cet élément joue fortement en sa défaveur, car comme l’indique Souad Rochdi, la Directrice Générale de la FFA, signataire de la lettre : « Nous sommes abasourdis par les faits de harcèlement et maltraitance que vous relatez pour la première fois ». Et d’ajouter aussi, avec un vrai réalisme : « En votre qualité de médecin fédéral, vous n’avez jamais informé la Direction générale de ces faits particulièrement graves… ».

Par ses déclarations, c’est Jean-François Pontier que Jean-Michel Serra visait directement. Mais finalement, les méfaits les plus graves à l’encontre d’Ophélie Claude-Boxberger auraient été commis par Alain Flaccus.

En l’espace de quelques semaines, ce sont ainsi deux hommes proches de la jeune femme qui se voient mis à l’index. Avec un questionnement de fond : pourquoi le docteur Serra n’est-il pas intervenu, pour les placer à distance, tant en qualité de médecin fédéral, que de compagnon de vie ???

Les questionnements autour de ce stage pullulent, tant il apparaît comme un élément décisif dans cette affaire de contrôle positif. Par la possibilité ainsi offerte de bâtir un scénario diabolique propre à fournir un alibi effarant.

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.

QUESTIONS SUR LE STAGE D’OPHELIE CLAUDE-BOXBERGER

Voilà les questions posées à Patrice Gerges (et Jean-François Pontier) pour préciser le cadre de ce stage. Patrice Gerges a répondu dans le texte. Jean-François Pontier a seulement répondu que le DTN avait donné ses réponses.

  • Ophélie Claude-Boxberger a-t-elle eu l’obligation d’effectuer un stage avant son départ pour Doha ? Pour quelles raisons ? Ce stage devait-il obligatoirement être effectué en altitude ? Qui avait pris cette décision ?
  • Quel était le rôle de Jean François Pontier durant ce stage ? Pourquoi avait-il été choisi ? Quelles consignes avait-il reçues ? Quel retour a-t-il fait sur ce stage ?
  • La présence de Jean Michel Serra durant le stage à Font Romeu a-t-elle été signalée à La DTN ? Celle d’Alain Flaccus ? Son passé concernant les attouchements sexuels sur Ophélie était-il connu de la DTN ?
  • Elle affirme avoir souffert de tendinites, ischios, lombaires. Cette situation médicale était-elle connue du DTN ? Si oui, quel diagnostic médical avait été posé ? Par qui ? par le Docteur Serra ?
  • Sur le plan psychologique, elle affirme avoir fait deux tentatives de suicide l’année dernière. Y a-t-il eu un suivi psychologique imposé ? ou des informations sur son état de santé psychologique ?
  • Y a-t-il eu à Doha des signaux montrant ses problèmes physiques ? Un kiné a-t-il effectué des soins ? Des signaux sur ses problèmes psychologiques ?