Aller au contenu

Dopage : Raphaël Piolanti renvoyé en correctionnelle suite aux accusations de Quentin Bigot

Suite à son contrôle positif de juin 2014, Quentin Bigot avait accusé son entraîneur, Raphäel Piolanti, de lui avoir fourni les produits dopants utilisés. L’enquête menée a débouché sur une mise en cause de Raphaël Piolanti qui est renvoyé devant le Tribunal Correctionnel de Metz.

 

PIOLANTI ET BIGOT

L’affaire Quentin Bigot rebondit à nouveau avec la décision de la juge d’instruction de Metz de renvoyer Raphaël Piolanti devant le tribunal Correctionnel de Metz. L’information est révélée dans les colonnes des quotidiens locaux, l’Est Républicain et le Républicain Lorrain, dans des textes qui prennent clairement position contre cette décision, et qui affichent un soutien fort à Raphaël Piolanti, présenté comme la victime de cette enquête.

Les faits d’origine remontent maintenant à l’été 2014. L’échantillon prélevé par Quentin Bigot lors de la Coupe d’Europe révèle la présence de stéroïdes anabolisants. Le jeune lanceur ne conteste pas, et au contraire, dès le 24 juillet, durant son audition devant la commission disciplinaire de la FFA, il reconnaît avoir utilisé des produits dopants à plusieurs reprises, et il accuse Raphaël Piolanti, son ancien entraîneur, de lui avoir fourni ces produits et de l’avoir incité à les utiliser.

Comme le souligne la décision prise par l’organe disciplinaire de la FFA, ses aveux de pratiques répétées auraient dû amener Bigot à une suspension alourdie de 4 ans, mais les informations qu’il a fournies lui permettent de bénéficier d’un sursis de 2 ans. C’est ainsi que Quentin Bigot peut retrouver le chemin de la compétition en juin 2016, et qu’il est redevenu cette saison le leader français de la discipline et 4ème aux Championnats du Monde de Londres 2017.

Raphaël Piolanti, lui, a été sanctionné dès l’été 2014, il a été suspendu de son poste de manager des équipes de France des lancers, et interdit de stade, le temps que l’enquête menée d’abord par l’OCLAESP, puis par la SR de Metz aboutisse. Et c’est en ce début décembre 2017 que la juge d’instruction de Metz a torpillé les derniers espoirs de l’ancien entraîneur, en annonçant son renvoi devant le tribunal correctionnel. Avec l’accusation que Raphaël Piolanti a incité Quentin Bigot à basculer du côté du dopage, entre 2012 et 2014.

Piolanti réfute les accusations de Bigot

Des affirmations que Piolanti réfutent, et le Républicain Lorrain s’en était largement fait l’écho en début d’année 2017, avec un titre sans équivoque : « Le dossier de dopage sonne creux », donnant la parole à l’ancien entraîneur, soutenant qu’aucune preuve matérielle n’avait été mise en évidence, et qu’il ne demeurait ainsi que les accusations de Quentin Bigot et d’un autre athlète du groupe d’entraînement, Bruno Boccalatte.

Et Raphaël Piolanti affichait alors une grande confiance, clamant qu’il n’imaginait pas être poursuivi en correctionnelle, et réitérant qu’il n’avait rien à voir avec les pratiques dopants des deux jeunes lanceurs. Une source policière proche de l’enquête avait alors vu dans cet article un moyen de faire pression sur la juge d’instruction en créant un climat médiatique local favorable à l’entraîneur.

Mais au final, l’analyse de la juge d’instruction s’avère très différente, au grand dam de l’entraîneur et de son avocate, qui argumente sur le fait que Bigot, comme Boccalatte, avaient intérêt à dénoncer leur coach, et d’invoquer pour le duo, le « bénéfice à dénoncer ».

Déjà, il y a plus de 25 ans, Raphaël Piolanti avait comparu devant un Tribunal Correctionnel, celui de Mâcon, suite aux accusations de violence sexuelle proférées par Catherine Moyon, à l’encontre de celui qui était alors le champion de France de la spécialité, et de trois autres lanceurs, qui l’avaient sexuellement harcelée durant un stage en 1991. L’affaire s’était conclue sur une condamnation pour voies de faits, une peine de 8 mois de prison avec sursis et une amende de 3000 francs. Un verdict très clément compte tenu des éléments révélés par Catherine Moyon, qui auraient dû en réalité relever de la Cour d’Assises. En parallèle, Raphaël Piolanti avait pu poursuivre sa carrière de lanceur, marquée par 28 sélections en Equipe de France, deux places de finalistes aux JO 92 et 96, avant d’obtenir la fonction de manager national du marteau après l’arrêt de sa carrière en 2001.

 

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.