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Dopage : l’Heptaminol, attention danger

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Le contrôle positif de Christel Dewalle à l’Heptaminol a attiré l’attention sur cette substance figurant dans le cadre des règles de la lutte anti-dopage sur la liste des interdictions 2017. L’Heptaminol est présent dans des médicaments utilisés dans le cas d’hypotension orthostatique et plus généralement en cas d’insuffisance du retour veineux. La méconnaissance des règles peut déboucher sur une situation de ce type, qui consterne Pierre Sallet, spécialiste de l’anti-dopage.

 

Christel Dewalle

Christel Dewalle

L’Heptaminol, un effet stimulant

L’Heptaminol est utilisé en cas d’insuffisance du retour veineux qui peut se matérialiser parfois par la présence de varices ou d’hémorroïdes.

Au niveau de la liste des interdictions, cette substance figure dans la dans la catégorie S6b, celle des stimulants spécifiés. Pourquoi ? Pour être placée sur la liste des interdictions, une substance ou méthode doit remplir de manière résumée trois critères :

  • Améliorer la performance sportive
  • Présenter un risque pour la santé
  • Etre contraire à l’esprit sportif.

L’Heptaminol est une substance qui remplit au moins deux critères sur les trois définis :

  • Elle améliore la performance par son effet stimulant
  • Elle présente un risque pour la santé comme d’ailleurs tous les médicaments en raison de leurs effets secondaires; c’est la fameuse balance bénéfice/risque.

Cette substance est donc très logiquement mentionnée dans la liste des interdictions 2017.

L’Heptaminol, quelle efficacité ?

De manière vulgarisée, l’Heptaminol apporte un effet «boost» sur une performance; c’est-à-dire un effet rapide mais sur une plage réduite dans le temps. Ce n’est comme l’EPO, où deux heures après une injection, il ne se passe pas grand-chose; les effets sont perceptibles plusieurs jours après. Là l’effet stimulant est rapide mais s’estompe très vite avec la demi-vie de la substance; à peine quelques heures le temps d’un match de football ou de tennis.

Pourquoi est-elle efficace dans le sport ? Le retour veineux est un mécanisme simple: le sang est envoyé par une pompe, le cœur mais sa remontée vers les poumons est passive. Plus vite le sang circule, plus vite le sang est oxygéné au niveau des poumons, et meilleure sera la capacité dans les sports d’endurance.

Toutefois, certes c’est une substance qui possède un effet réel, mais dans la catégorie des stimulants, l’Heptaminol est loin d’être la plus efficace. Dans la palette des stimulants existants, il y a potentiellement beaucoup d’autres molécules plus efficaces qui pourraient être utilisées à des fins de dopage, plutôt que l’Heptaminol.

heptaMINOL

L’Heptaminol, absorbée par erreur

Sur le plan du dopage, il y a des substances pour lesquelles il n’est pas possible de parler d’erreur. Par exemple l’EPO ou la cocaïne ne peuvent pas être prises par inadvertance c’est toujours un acte foncièrement intentionnel donc de la triche.

Par contre, l’Heptaminol est lui une substance dite «spécifiée» dont l’usage peut ne pas être «intentionnel». Présent dans plusieurs médicaments, (comme le Ginkor Fort), voire dans des compléments alimentaires, et lorsque le sportif n’a pas le comportement adapté, une histoire comme celle de Cristel Dewalle peut survenir.

Les règles du haut niveau

Le dopage est toujours une histoire qui place le sportif seul avec lui-même. Il n’y a que le sportif qui possède toutes les réponses aux questions que tout le monde se pose; ensuite parfois ils sont sincères dans leur défense parfois ils ne le sont pas… Dans ce cas précis, et à la vue des différents éléments, tout laisse à penser qu’il s’agit d’une d’erreur; même si cette erreur est impardonnable pour un athlète de haut-niveau. Comme mentionné dans le code mondial antidopage, il incombe à chaque sportif de s’assurer qu’aucune substance interdite ne pénètre dans son organisme. Malheureusement, comme je le rappelle dans toutes les conférences auxquelles je participe, la bonne source d’information ne provient pas de la notice du médicament ou du conseil du médecin ou du pharmacien. Il suffit d’une notice qui n’est pas à jour, d’un pharmacien ou d’un médecin qui ne connaît pas le règlement anti-dopage, et le problème survient si le sportif n’a pas adopté le bon comportement…

L’alternative QUARTZ

En cas d’adhésion au programme « QUARTZ », les athlètes doivent déclarer tous les médicaments et compléments alimentaires utilisés. Cela ne leur permet plus de se réfugier derrière une erreur. Les équipes de « QUARTZ» en partenariat avec Sport Protect sont à leur disposition, pour confirmer si le médicament est autorisé ou pas. Ces questions nous sont très régulièrement posées. A partir de là, l’erreur n’est plus possible. Il est également facile pour un athlète de manière autonome de se renseigner sur la plate forme « Sport Protect », la seule fiable à 100%, pour obtenir les bonnes informations sur un médicament ou utiliser, si nécessaire…, une gamme de compléments alimentaires labellisée.

Cette déclaration de tous les médicaments et compléments alimentaires dans QUARTZ apparaît souvent contraignante aux sportifs. Mais en cas de contrôle anti-dopage, il leur faudra de toute façon fournir cette liste complète. Cette déclaration au préalable facilite donc les choses, pour éviter d’oublier un médicament ou un complément alimentaire sur le procès-verbal du contrôle anti-dopage. Et cette déclaration avec une date précise dans notre plateforme peut venir en aide au sportif. Ainsi en cas de contrôle positif, QUARTZ peut être une source d’éléments à introduire dans le dossier juridique de défense du sportif et ou à l’inverse montrer que l’erreur ne peut être invoquée si le sportif n’a pas jouer franc jeu en ne déclarant rien…

Une situation affligeante, mais logique pour l’anti-dopage

Dans ce cas précis, sur l’idée d’aller chercher de la performance, l’Heptaminol est un mauvais choix. Selon le dossier, c’est une contamination par inadvertance, suite à l’utilisation de Ginkor Fort. C’est une erreur. Mais cela ne doit pas se produire quand on est athlète de haut niveau.

GINKOR

Je suis triste pour elle, car c’est toujours délicat de revenir d’une affaire comme ça même si encore une fois tous les éléments tendent vers l’erreur. Toutefois par expérience au niveau l’anti-dopage, il faut se méfier car il y a toujours des gens qui connaissent parfaitement les rouages, et qui en utilisant certaines substances, ont déjà l’argumentaire adapté en cas de contrôle ou d’erreurs dans leur gestion du dopage. Du coup, en-dehors de l’athlète, plus personne ne peut faire la distinction entre l’expert, qui a des argumentations toutes trouvées pour justifier l’usage d’un produit, et l’erreur. C’est dramatique car les athlètes doivent prendre conscience qu’ils n’ont pas droit à l’erreur. Au final, c’est très triste…

Interview réalisée par Odile Baudrier