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Dopage : le molidustat, testé sur les rats et déjà utilisé par un cycliste

Le contrôle du cycliste Matija Kvasina le sanctionne pour l’utilisation du « Molidustat », une nouvelle substance qui n’a pas encore été validée sur le plan clinique. La confirmation que des sportifs continuent à jouer avec le feu, au péril de leur santé… Mais cette fois, les laboratoires anti-dopage ont aussi une longueur d’avance.

 

MOLIDUSTAT

C’est un expert es-dopage qui lance l’alerte. Le journaliste allemand Hajo Seppelt lève le voile dans un article de « Sportchau.de » sur un nouveau produit dopant, le Molidustat, que certains sportifs ont déjà adopté alors même que les essais cliniques de cette molécule n’ont pas encore été effectués…

Le cycliste croate Matija Kvasina est le premier à être déclaré positif à cette substance, qui présente des effets similaires sur le corps à un entraînement en haute altitude, mais dans un contexte de basse altitude. Le Molidustat stimulerait la production d’EPO par le corps, boostant le transport d’oxygène dans le sang, tout en bloquant la formation de l’enzyme HIF-PF, qui régule la libération d’EPO.

Sur le plan scientifique, plusieurs études ont été réalisées sur ce produit, afin d’évaluer la possibilité qu’il agisse sur les problèmes d’anémie grave consécutive aux maladies chroniques du foie. Une équipe allemande a ainsi publié fin 2014 son analyse sur le BAY 85-3934, dénomination exacte du Molidustat, concluant à son efficacité dans ces cas, couplée à de moindres effets secondaires sur le plan cardiovasculaire. Ces travaux résultaient de mesures effectuées sur des rats et des singes.

Un essai clinique sur 3 ans, aux résultats encore inconnus

Côté essai clinique, on retrouve dans les bases une référence, celle d’une étude que les laboratoires « Bayer » ont bâtie au printemps 2014, sur 88 malades américains et japonais, soumis à dialyse, avec l’objectif de comparer sur 3 ans le traitement classique par EPO et celui au moyen de BAY 85-3934. Ce protocole s’est achevé très récemment, et les résultats de l’étude n’ont pas encore produits.

Autant dire que le Croate Matija Kvasina a eu recours à un produit aux effets exacts et effets secondaires inconnus, avec toutefois à noter, que l’équipe Bayer exigeait de ses sujets qu’ils n’envisagent pas d’avoir des enfants dans le futur, un élément révélant que certaines inquiétudes existaient autour de ses conséquences sur le long terme. Malgré tout, Matija Kvasina, membre de l’équipe autrichienne Felbermayr Simplon Wels, a été contrôlé positif deux fois avec ce produit, durant le Tour de Luxembourg de mai dernier…

Mais comme le souligne Hajo Seppelt, la bonne nouvelle est que, tout aussi novateur qu’il soit, le Molidustat est d’ores et déjà détecté par les laboratoires de l’anti-dopage, avec Cologne et Paris capables depuis 2016 de le trouver dans les échantillons. Et cet infatigable pourfendeur du dopage de se réjouir que cette fois, la longueur d’avance des tricheurs a été très réduite, pour arriver au résultat qu’un produit non encore testé sur des humains soit déjà détecté par l’anti-dopage…

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.