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Dopage : des athlètes russes autorisés à Londres

L’IAAF a décidé de maintenir la suspension officielle de la Russie. Malgré tout, 19 athlètes russes ont été autorisés à disputer le Championnat du Monde de Londres, sous la bannière « neutre », car l’instance a estimé que ces athlètes présentaient des garanties sur le plan anti-dopage. Le paradoxe est qu’ils sont officiellement payés par la Russie.

 

Sergey Shubenkov

Sergey Shubenkov

Pas de tenue officielle. Pas de rouge, blanc, bleu, même sur les ongles. Pas d’hymne, en cas de victoire. L’IAAF a annoncé des règles très strictes applicables à la poignée d’athlètes russes autorisés à disputer le Championnat du Monde de Londres.

Ils sont 19 à avoir reçu ce ticket d’entrée très spécial après que la Commission d’Examen du Dopage de l’IAAF ait estimé qu’ils apportaient des garanties sur le plan du respect des règles anti-dopage.

Au total cette année, 156 demandes ont été formulées auprès de l’IAAF pour des athlètes russes souhaitant retrouver des compétitions internationales malgré l’interdiction de leur pays. L’accord a été donné à 47 athlètes, incluant 9 athlètes pour le Mondial cadet, 2 pour les Championnats d’Europe juniors, et pour le Mondial de Londres, à 19 personnes.

Ce sont donc 109 athlètes qui se sont vu refuser cette qualification très spéciale, et parmi eux, quelques références. Selon les médias russes relayés par ESPN, Ivan Ukhov, champion olympique à la hauteur à Londres, et Lyukman Adams, champion du monde en salle en 2014 du triple saut, feraient partie des « refoulés ».

La « mini-équipe » constituée par l’IAAF bénéficiera d’un statut particulier, et toute référence à la Russie sera interdite. Du moins dans le stade de Londres. Car ces athlètes demeurent étroitement liés avec leur pays, qui a financé leur salaire pendant leur préparation et leur versera des bonus en cas de podiums, comme l’a confirmé le Ministre Russe des Sports, Pael Kolobkov, auprès de Reuters, et c’est bien leur Fédération qui s’est occupée de leurs formalités d’inscription.

Les athlètes retenus retrouveront ainsi une compétition officielle après une saison 2016 blanche, où pour les JO de Rio, cette autorisation n’avait été donnée qu’à deux athlètes, la lanceuse d’alerte Yulia Stepanova, spécialiste du 800 mètres, et la sauteuse en longueur Darya Klishina.

Le Hurdler Sergey Shubenkov, qui n’avait pu obtenir ce privilège pour les JO, et qui pourra cette fois défendre son titre de champion du monde conquis en 2015, ne dissimule pas combien ces règles fixées par l’IAAF lui apparaissent « difficiles et un peu ridicules », comme il l’a confié à ESPN.

Sergey Shukenkov devrait pourtant apprécier l’exception ainsi accordée. L’avenir n’apparaît pas si rose pour la Russie, avec une nouvelle décision de l’IAAF de maintenir son exclusion officielle en tant que pays, et la demande formulée par l’Agence Anti-Mondiale que la Russie respecte un protocole très précis pour être réadmise au niveau international.

Avec en particulier l’obligation pour la Russie d’admettre publiquement les conclusions du rapport produit par la commission d’investigation Mc Laren, révélant un dopage étatique systématique et des manipulations sur les tests positifs effectuées par le gouvernement russe, à l’occasion des JO 2012 et 2014.

Mais à peine cette condition dévoilée dans les médias européens que la réponse tombait depuis Moscou qu’il n’était nullement envisageable pour les officiels russes de reconnaître de tels faits.

L’hymne de la Russie pourrait ne pas retentir de si tôt dans une arène sportive…

 

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : Getty pour IAAF