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David Rudisha veut retrouver son trône

David Rudisha en route vers son record du monde à Londres en 2012

David Rudisha en route vers son record du monde à Londres en 2012

La préparation hivernale de David Rudisha semble se poursuivre au mieux en vu de sa rentrée prévue le 21 mars sur 800 mètres à Melbourne. Avec en ligne de fond, reconquérir sa place de leader mondial à Pékin.

 
Huit coureurs, deux tours…A l’arrivée, cinq coureurs sur un fil d’or, un écart guère plus épais que la tranche d’une enveloppe, tous sous les 1’43»…C’est ce que l’on appelle un 800 mètres d’anthologie, comme fut celui des J.O. de Londres. Deux petites minutes de pur bonheur, dans ce stade Louis II le 18 juillet 2014 lors du Meeting Herculis remporté par le Botswanien Nigel Amos suivi de Pierre Ambroise Bosse qui ce jour là établissait un nouveau record de France. Sur la tableau noir, cinq chiffres étincelants, 1’42»53.

Sur l’échiquier du 800, blanc ou noir, ils furent cinq chevaliers, émancipés des tours de gué, des fous et des cavaliers essoufflés. Un quintet composé dans l’ordre de Nigel Amos, du français PAB, de Mohammed Aman, de Ferguson Rotich et de David Rudisha. Cinq pour un seul siège, un seul trône, rutilant, étincelant, sans roquer. En une seule prise en passant.

Mais le trône est resté vacant. Même si Nigel Amos signait le meilleur temps de l’année en 1’42»45 et trois victoires en diamant (Monaco, Zurich et Eugene), même si PAB éclatait le PAF pour ensuite prendre une baffe à Zurich, même si David Rudisha le roi claudiquant, signait enfin son retour après une année 2013 à se soigner.  2014 fut une année de transition, une parenthèse entre deux Mondiaux. Il en va parfois ainsi. Une saison sans que personne ne prenne franchement le pouvoir, pas de push, aucun assaut, les cinq meilleurs mondiaux de l’année, tous coincés dans un dé à coudre,  se distribuant les cartes, pour à tour de rôle tirer la bonne pioche. « Une saison tactique «  comme l’explique David Rudisha dans la presse kenyane

Un trône n’est jamais laissé vacant

2015, avec un Mondial par delà la Muraille de Chine, les donnes devraient changer et les déclarations d’intention ont déjà fusé pour affirmer des prétentions. Les regards se tournent bien sûr par delà les collines du Rift au Kenya où se niche la petite commune d’Iten où David Rudisha a ses quartiers d’hiver aux côtés de Brother Colms, le pater de toujours qui ordonne les séances.

2012 l’année  de l’insolence, un titre olympique, un record du monde dans la démence d’un stade en transe, 1’40»91 pour une fraction d’éternité. 2013, l’année de la souffrance, 1’43 »87 à la barbe de tous sur la piste de Doha et pfuittt… !!! Le vide, la blessure au genou, une longue absence, un noir obscur, la reprise, elle aussi longue et douloureuse, le doute, les complaintes comme il le révèle à la presse kenyane et enfin les pointes rechaussées pour une année 2014, celle de l’espérance. Pour se battre, comme avant, aux avants du pack de cette merveilleuse foulée, puissante et véloce. Deux victoires et une médaille d’argent à Glasgow lors des Jeux des Commonwealth.

2015, c’est donc maintenant, et dans sa base arrière d’Iten, David Rudisha, a repris les gammes. Des bosses, de l’endurance, à la kenyane, puis de la vitesse avant d’aborder sa petite campagne australienne en mars, cette fois sur 800 mètres, à Melbourne le 21 mars. Une vieille routine que de s’exiler ainsi sous un ciel austral pour quelques tours de pistes et peaufiner une préparation en vue des premières confrontations en mode SPE 8.

Pour reintégrer un quintet où chacun astique les cuivres pour souffler la plus belles des symphonies. De qui se méfie-t-il le plus ? Dernièrement, il citait le nom de Ferguson Rotich, 1’42»84 en 2014, toujours placé mais qui pourrait enfin jouer gagnant.  Un trône n’est jamais laissé vacant.

> Texte et photo Gilles Bertrand