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Clémence Calvin, suspendue quatre ans pour faits de dopage

La commission des sanctions de l’AFLD a pris sa décision : Clémence Calvin sera suspendue quatre ans, de même que Samir Dahmani. La marathonienne avait refusé fin mars un contrôle anti-dopage à Marrakech, et épaulée par son compagnon, Samir Dahmani, elle avait fui face aux contrôleurs. Elle avait ensuite soutenu que le trio de préleveurs, incluant Damien Ressiot, s’était présentée comme policiers, et qu’elle avait été effrayée. Mais cette version rocambolesque n’a pas été retenue !

Par Odile Baudrier

Les explications de Clémence Calvin n’ont pas convaincu les membres de la commission des sanctions de l’AFLD. Voilà donc la marathonienne suspendue pour quatre ans, comme son compagnon, Samir Dahmani. Le couple a déjà annoncé qu’il fera appel de cette sanction, devant le Conseil d’Etat.

Ainsi tombe le rideau sur une affaire de dopage très inédite, en France, comme dans le Monde. Pourtant comme l’a toujours expliqué un membre de l’équipe de l’Athletics Integrity Unit, chargée de traquer les athlètes dopés à travers le monde entier : « Ce cas est en fait très simple ! » Une manière de rappeler que les fuites durant les contrôles ne sont pas si rares… Et que finalement, le « cas » Calvin n’a été rendu compliqué que par la stratégie déployée par la jeune femme, son compagnon, et leur avocat, Maître Péricard.

Jusqu’au 10 avril, l’affaire paraissait limpide, selon les éléments révélés au compte-gouttes par les préleveurs de l’Agence Française Anti-dopage mandatés pour contrôler Clémence Calvin le 27 mars à Marrakech, ville où elle s’était installée pour sa préparation pour le marathon de Paris, son objectif majeur de l’année 2019, avec dans le collimateur, le record de France du Marathon.

Elle prend la fuite par peur de policiers ???

Et au gré des confidences des uns et des autres, des témoignages recueillis, il en ressortait une étonnante histoire, celle d’un contrôle effectué dans la rue, et qui avait mal tourné, avec Clémence Calvin, qui prenait la fuite après avoir confié son fils à son compagnon, Samir Dahmani.

Clémence Calvin se voyait ainsi coupable d’évasion lors d’un contrôle, un fait sanctionnable de 4 ans de suspension. C’est d’ailleurs cette notification qui lui était remise à son retour de Marrakech, le mercredi 10 avril au matin, à son hôtel à Paris.

Quelques heures seulement avant que Clémence Calvin n’apparaisse dans une très étonnante conférence de presse, durant laquelle elle allait livrer sa très farfelue version des faits. Le visage fermé, la marathonienne se livrait à un véritable « one woman show », soutenant que les trois préleveurs, Damien Ressiot, Olivier Grondin et Anne Laure Fey, l’avaient apostrophée dans la rue, en se faisant passer pour des policiers, et en demandant à voir Samir Dahmani. Elle affirmait même que Damien Ressiot avait eu un geste agressif sur elle et avait fait tomber son fils qu’elle portait dans ses bras.

Dans la foulée, Clémence Calvin se livrait à une démonstration dans de très nombreux médias télévisés, pour répéter à l’envie son sentiment d’avoir été agressée, avec selon elle, de très nombreux témoins de la scène.

Une défense bâtie en secret avec des personnalités du monde de l’athlétisme

Une défense étonnante bâtie, selon nos informations, en secret, en accord avec des personnalités du monde de l’athlétisme, et étayée ensuite par un duo d’avocats de renom, maître Péricard, maire de St Germain en Laye, et Rodolphe Bosselut , avocat du Rassemblement National.

Dans un premier temps, cette bataille médiatique se voyait remportée par la marathonienne, même si l’AFLD livrait dans une conférence de presse des éléments forts à charge contre elle : ses changements répétés de localisation, avec 13 lieux différents en 15 jours, une fin de stage à Ourzazate, en plein désert…

D’autres points étaient conservés secrets. En particulier le fait que le contrôle était en réalité programmé pour le lendemain, dans l’appartement de Boukrer Janah, leur hébergeur, et que c’est lors d’une reconnaissance des lieux que Clémence Calvin était apparue dans la rue, avec son enfant dans la poussette. Damien Ressiot, le Directeur des contrôles, prenait alors la décision d’intervenir immédiatement. La notification faite par Olivier Grondin provoquait un choc total à Clémence Calvin, qui retrouvait tout de même très vite ses esprits pour se propulser dans une salle de sports proche, où Samir Dahmani récupérait leur enfant, permettant à Clémence de fuir dans la rue, pendant qu’il retenait Olivier Grondin.

Le record de France du marathon ne sera pas validé

Sur le plan du grand public, la décision du Conseil d’Etat d’autoriser Clémence Calvin à disputer le marathon de Paris apparaissait très perturbante. Certes, il ne s’agissait pas d’une décision sur le fond, mais simplement d’une demande de respect d’un délai minimal pour l’informer de sa suspension provisoire pour lui permettre de présenter des éléments de défense. Toutefois, cette décision très noble sur le plan des libertés individuelles permettait à Clémence Calvin de participer au Marathon de Paris, où, à la surprise générale, elle allait terminer la course avec un nouveau record de France du marathon, en 2h23’41’’.

Un chrono demeuré depuis en attente de validation, et ce sera donc une invalidation définitive de cette performance. Clémence Calvin voit ainsi son avenir sportif se boucher fortement, elle aura 33 ans à la fin de sa suspension. Idem pour son compagnon, Samir Dahmani, totalement absent, lui, de la scène médiatique, mais très actif en back ground pour défendre leurs intérêts communs, avec un gros engagement de sa part pour obtenir des témoignages de Marocains en leur faveur, mais sans grand succès.

Les rumeurs les plus farfelues ont couru autour de cette affaire. Mais finalement les membres de la commission des sanctions de l’AFLD ont repris à leur compte cette idée d’un cas « très simple » résumé par cette équation : une fuite égale une sanction de 4 ans…

Texte : Odile BAUDRIER – photos : Gilles BERTRAND et DR